On dit qu'en démocratie le peuple est souverain. Ce sont donc les citoyens qui doivent décider des grandes orientations de l'État. L'élection est l'outil le plus fréquemment utilisé pour connaître la volonté populaire. Les citoyens choisissent alors des représentants qui en cours de mandat devront prendre les décisions à leur place: on parle de démocratie indirecte ou représentative.
Lorsqu'il est question d'identifier ce que désire l'ensemble des citoyens sur une proposition précise, on aura plutôt recours au référendum. On parle alors de démocratie directe: les citoyens eux-mêmes tranchent la question, sans passer par l'intermédiaire d'un représentant. Le référendum est donc l'outil démocratique par excellence. La Suisse, par exemple, l'utilise fréquemment.
Ainsi, rejeter l'idée de tenir un référendum parce que cela divise les citoyens est un non-sens. C'est justement parce que les citoyens sont divisés sur une proposition précise qu'on doit tenir un référendum. Il ne viendrait à personne l'idée de tenir un référendum sur une question qui fait l'unanimité.
Les «vraies affaires»
Peut-on sérieusement, comme le font certains politiciens, opposer l'idée de parler «d'un référendum sur l'avenir du Québec» à celle de parler des «vraies affaires»? Est-il utile de rappeler que les Québécois paient des impôts non seulement à Québec, mais aussi à Ottawa? Que ces sommes sont investies dans des projets décidés par des députés qui sont majoritairement élus par des citoyens dont les intérêts ne sont pas nécessairement les nôtres et parfois même diamétralement opposés aux nôtres.
Quelques exemples?
Quand Ottawa décide de mettre fin au registre canadien des armes à feu alors que le Québec souhaiterait son maintien. Et qu'Ottawa refuse même de lui remettre les données relatives à son territoire, données dont la collecte a pourtant été payée par nos impôts.
Quand la valeur du dollar canadien se rapproche de celle du dollar américain parce que l'ouest du pays exporte beaucoup de pétrole, les exportations des manufacturiers québécois sont à la baisse.
Quand Ottawa négocie des ententes avec les États-Unis, l'aide à l'industrie automobile ontarienne a priorité sur l'industrie forestière québécoise... relisez les termes de l'entente qui a mis fin au dernier conflit du bois d'oeuvre...
Quand vient le temps de négocier avec l'Europe, l'intérêt des fromagers québécois est sacrifié pour favoriser l'exportation du bœuf de l'ouest.
Quand Ottawa accepte de financer la construction d'infrastructures pour permettre à Terre-Neuve de nous concurrencer comme exportateur d'électricité vers les États-Unis...
Certes, ces quelques faits ne suffisent pas à prouver que nous devrions quitter le Canada, mais ils démontrent hors de tout doute la pertinence d'étudier cette question plus à fond. Que ceux qui prétendent que cette démarche n'a rien à voir avec les «vraies affaires» nous expliquent alors le sens qu'ils donnent à l'expression les «vraies affaires»!
La vraie question
Peut-on encore parler de démocratie dans un État où les leaders politiques considèrent un référendum comme étant une menace?
Les termes de cette entente de libre-échange que le Canada vient de signer avec l'Europe ne devraient-ils pas être soumis à l'approbation des citoyens par référendum?
Les résultats d'une éventuelle négociation menant à la signature de la constitution canadienne par le Québec ne devraient-ils pas faire l'objet d'un référendum auprès des citoyens québécois?
La véritable question à se poser est la suivante: voulons-nous vraiment vivre en démocratie?
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1 commentaire
Marcel Haché Répondre
27 mars 2014Si le quatrième pouvoir devient le premier, comme présentement dans la campagne électorale, la démocratie est une vue de l'esprit, un voeu. Le voeu n'a aucune noblesse. Seul la résistance et le combat en ont. Le peuple ? C'est un souverain ligoté.