Je regarde les événements des derniers mois au Parti québécois et comme bien des militants et des citoyens, je suis déçu et en colère.
Je me suis permis de relire la fameuse proposition du comté de Crémazie et honnêtement, je ne comprends toujours pas pourquoi la machine de la chef a mis tout son poids dans la balance pour éviter qu'elle soit adoptée part le Congrès national d'avril dernier. Franchement, il n'y a pas de quoi fouetter un chat.
La proposition «Préparer la souveraineté du Québec» se lisait comme suit :
«Dès l'adoption de la proposition principale par le congrès, le Parti québécois établit une Commission de préparation à la réalisation de la souveraineté, de façon à ce qu'au moment où se tiendra le référendum, les Québécoises et les Québécois sachent ce qu'implique la souveraineté. La commission, dont les membres seront nommés, pour la moitié, parmi les membres de l'aile parlementaire, et, pour l'autre moitié, par les membres du Conseil national, fera périodiquement rapport de ses travaux aux instances du parti, notamment à chaque réunion régulière du Conseil national et de la Conférence nationale des présidentes et présidents (CNPP). La commission pourra s'adjoindre les experts qui lui paraissent utiles pour réaliser son mandat. En arrivant au pouvoir, le gouvernement du Parti Québécois prendra les moyens techniques et juridiques nécessaires pour parachever les études, préciser les projets et en assurer la diffusion dans le public. »
Ayant plusieurs années d'expérience comme militant politique et syndical, je me suis rendu compte qu'on critique constamment l'entourage du chef pour toutes sortes de raisons. Que ce soit MM. Lévesque, Parizeau, Bouchard ou Landry, quand le chef veut faire ou défaire une proposition, il peut compter sur une armée de « poteaux » pour influencer l'issue du vote.
La sagesse du chef fait qu'on choisit ses combats. On ne peut toujours faire ses quatre volontés. Il faut mettre de l'eau dans son vin, si on veut favoriser la cohésion et l'unité, surtout dans un parti de coalition comme le Parti québécois.
Or, dans le processus qui a mené au Congrès national, Pauline Marois, comme tous les chefs avant elle, a choisi de faire ou défaire certaines propositions provenant de sa base. Y avait-il de quoi dans la proposition de Crémazie qui allait à l'encontre de sa « gouvernance souverainiste » ? Je lis et relis et ne vois rien du tout.
Depuis la fondation du PQ, on sait qu'il y a un bloc de 25% des membres qui sont plus pressés que d'autres. On les appelle les « purs et durs ». À sa relecture, cette proposition était probablement l'une des plus douces à être amenée par ce groupe dans l'histoire du parti. René Lévesque en aurait même rêvé, lui qui a dû subir l'humiliation de voir quelqu'un se présenter à la présidence du parti contre lui et obtenir 25% du vote ou à peu près!
Avec le recul, le contenu de cette proposition aurait permis au parti et à sa chef de poursuivre avec «sa gouvernance souverainiste» tout en préparant le parti et la population à un «référendum au moment jugé opportun». La composition de la commission permettait à la chef d'influencer fortement le résultat des travaux puisque tout le monde le sait, la machine de la chef pouvait faire élire autant des membres de l'aile parlementaire que du Conseil national proches de sa vision.
En plus, un bon professeur sait que quand un élève est turbulent, il est judicieux de le tenir occupé et de lui faire confiance en lui confiant des responsabilités pour aller chercher le meilleur de lui-même et garder le contrôle sur sa classe. En permettant à quelques « purs et durs » de siéger sur cette commission, elle aurait pu acquérir de la crédibilité, renforcer son leadership et démontrer qu'elle est une femme de compromis et déterminée à mener le Québec vers son indépendance nationale en faisant l'unité autour d'elle.
Au lieu de cela, elle et son entourage ont fait une lutte à finir pour empêcher cette proposition de passer et pour s'assurer d'un vote de confiance élevé. Depuis, le triomphalisme et l'insolence de certains en ont blessé plus d'un et pas les moindres, surtout dans le débat entourant le projet de loi 204 sur l'amphithéâtre de Québec, qui a été la goutte qui a fait déborder le vase.
Maintenant, son plus grand défi est de refaire l'unité des forces souverainistes avec un parti affaibli, des militants et sympathisants dans le désarroi et une population qui ne sait plus où donner de la tête devant ce spectacle désolant de déchirements interminables.
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Robert Dean
L'auteur est un ancien député péquiste de Prévost et ministre du gouvernement Lévesque.
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