Dans Le Soleil du 26 février 2007, le professeur Jean-Pierre Proulx s'en prend au cardinal Ouellet , lequel demande qu'on respecte la volonté de milliers de parents qui revendiquent le droit , pour leurs enfants qui fréquentent des établissements scolaires publics, à un enseignement religieux conforme à leurs convictions. Ce droit était formellement reconnu par l'article 41 de la Charte québécoise des droits et libertés jusqu'à ce que le législateur, à l'instigation d'intégristes laïques, en décrète la suppression en juin 2005.
Le professeur invoque les chartes, omettant de nous parler de cet article 41 dont il a encouragé la suppression et aussi du processus d'invalidation de l'article 29 de la Charte canadienne des droits, lequel protégeait les droits historiques des catholiques et des protestants. Bref, on tripote les chartes et ensuite on les invoque.
D'accord avec le professeur Proulx pour dire que l'État a le droit de décider ce qui devrait être enseigné dans les écoles "sur la religion catholique". Mais il n'a pas le droit moral de supprimer tout enseignement religieux. Le gouvernement qui pose un tel geste peut être formellement démocratique, la décision revêt une connotation totalitaire. Dans beaucoup d'autres pays on ne craint pas d'accorder un espace décent pour un enseignement religieux libre, ouvert à diverses confessions, par exemple en Belgique, en Suisse, en Hollande et ailleurs.
"Nul ne peut invoquer sa propre turpitude", dit sentencieusement le professeur Proulx. Notons l'ambiguïté du propos, comme si le cardinal, dans cette affaire, s'était fort mal conduit. On laisse entendre que l'Église du Québec a eu tort de s'en remettre à l'école publique pour remplir sa mission. Or c'est faux, puisque depuis plusieurs années, les paroisses ont repris en main l'éducation proprement religieuse des jeunes. Ce qui est en jeu, c'est le droit de présenter en toute liberté à tous les jeunes qui en font la demande les composantes d'une culture chrétienne dispensée par des croyants compétents. Tout comme la possibilité, pour des musulmans ou d'autres groupes, de faire la même chose, là où le nombre le justifie et où s'exprime une demande. On appelle cela de la liberté religieuse. Ce que l'intégrisme laïque semble incapable de comprendre.
Louis O'Neill, Professeur émérite, faculté de théologie
Université Laval, Québec
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