«Soutenir l'enseignement des diverses religions en fonction des convictions religieuses, cela nous conduirait à un capharnaüm total.» C'est le chef du Parti québécois qui a émis ce propos sentencieux (Le Soleil, le 17 février 2007). Regardons de plus près s'il y a lieu de s'alarmer ainsi.
Permettre à diverses confessions religieuses de dispenser un enseignement à l'école suppose deux conditions: une demande suffisante et le respect de valeurs sociales communes.
Il n'y aurait donc aucune nécessité d'offrir un enseignement religieux bouddhiste ou hindouiste à Saint-Jean-Port-Joli, Saint-Jean-de-Matha, Baie-Saint-Paul, Saint-Hilarion, Baie-Comeau, Gaspé, Hérouxville ou à de nombreux autres endroits où il est facile de prévoir qu'on ne pourra satisfaire au critère du nombre suffisant.
Quant aux valeurs communes, citons quelques exemples: le caractère sacré de la vie, l'égalité des sexes, le respect de l'intégrité physique, les droits humains, la liberté de conscience. On les retrouve dans la Déclaration universelle des droits de la personne de 1948.
Dans les faits, pour tout au moins 80 % du territoire québécois, il faudrait prévoir une demande substantielle pour un enseignement religieux catholique, une demande significative pour un enseignement religieux protestant, rarement une requête en faveur d'un enseignement religieux juif ou musulman. Nous voilà à 100 coudées du capharnaüm que nous prédit le chef du PQ.
Au fait, il serait intéressant qu'au cours de la campagne électorale qui débute, les chefs des partis en présence nous disent ce qu'ils pensent de la place de la liberté religieuse à l'école et s'ils sont prêts à respecter le paragraphe 3 de l'article 26 de la Déclaration universelle des droits de la personne de 1948, qui proclame que «les parents ont, par priorité, le droit de choisir le genre d'éducation à donner à leurs enfants». Ils pourraient aussi nous faire savoir s'ils sont disposés à réhabiliter l'article 41 de la Charte québécoise des droits et libertés que le gouvernement libéral a supprimé en 2005 et qui énonçait que «les parents ou les personnes qui en tiennent lieu ont le droit d'exiger que, dans les établissements d'enseignement public, leurs enfants reçoivent un enseignement religieux ou moral conforme à leurs convictions, dans le cadre des programmes prévus par la loi».
C'est là le genre de question qui pourrait donner de la substance et de la couleur à une campagne électorale qui s'annonce plutôt terne.
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