École secondaire publique Évangéline à Montréal

La jupe y est interdite, mais pas le hidjab

Le ministre de l'Éducation, Bernard Drainville, doit intervenir

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Tribune libre

     J’invite le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, à aller faire un tour à l’école secondaire publique Évangéline [1], sise dans le nord de Montréal. Il constaterait que tous les élèves portent un uniforme, mais que les filles portent obligatoirement un pantalon ou un bermuda, les jupes y étant interdites [2] (tenue avec laquelle, craint-on vraisemblablement, elles pourraient émoustiller des garçons rivés à leur cellulaire [3]).


     Elles payent pour quelques ados qui n’ont pas de savoir-vivre et de retenue. Par contre, les enseignantes et les employées, elles, peuvent porter la jupe et la robe. C’est permis pour les adultes (parce qu’elles sont en mesure de remettre les jeunes à leur place ?), mais pas pour les adolescentes (parce qu’elles sont trop jeunes pour se défendre ?).


     Sans le vouloir, les autorités de l’école renforcent l’idée chez certains que les filles vêtues d’une jupe sont des agace-pissette [4], voire des prostituées. Je les invite à voir le film « La journée de la jupe », avec Isabelle Adjani, qui a déclaré, lors de la réception d’un prix : « Une jupe, ce n'est qu'un bout de tissu, mais qu'elle soit courte ou qu'elle soit longue, ce symbole peut nous aider à gagner une bataille contre l'obscurantisme, et même contre ce qu'il convient d'appeler la haine des femmes. » [5]


     Pour avoir visité ladite école, j’ai remarqué durant la pause en avant-midi la présence dans les corridors de nombreuses filles portant un hidjab. Ce qui est étonnant, considérant que le code vestimentaire spécifie ceci : « Absence de tout couvre-chef (bandeau, tuque, casquette, foulard…) dès l’arrivée à l’école […] » [6]. La direction fait manifestement une exception pour le hidjab. La conclusion que j’en tire, c’est que la culture musulmane a la cote dans cette école.


     Voici la définition du mot « hidjab » dans le petit Larousse : « n. m. (mot arabe, de hajaba, cacher). Vêtement, en particulier foulard, que porte la femme musulmane pour respecter l’obligation de pudeur. » [7] En changeant quelques mots, cette définition pourrait convenir au pantalon que portent les adolescentes dans cette école secondaire. Parce qu’il saute aux yeux que le pantalon et le hidjab y jouent le même rôle rétrograde [8].


     Monsieur le ministre Drainville, je m’attends à ce qu’en septembre prochain, à l’instar de tous les autres couvre-chefs, le hidjab soit interdit dans cette école. Je m’attends aussi à ce que les élèves de sexe féminin puissent porter librement la jupe (en Écosse, même les garçons la porte), si elles le désirent. Nous sommes au Québec, qui est un État laïc, moderne, mais pas tout à fait libre encore.


Sylvio Le Blanc






[1] https://evangeline.cssdm.gouv.qc.ca/


11845, boul. de l’Acadie, Montréal (Québec), H3M 2T4. Arrondissement Ahuntsic-Cartierville ; quartier Nouveau-Bordeaux. https://fr.wikipedia.org/wiki/Nouveau-Bordeaux









[7] Le Petit Larousse illustré 2018, p. 581.






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1 commentaire

  • François Champoux Répondre

    16 mai 2024

    Bonjour M. Leblanc,


    Vous êtes superficiel, M. Leblanc, avec vos affirmations-interrogations et vos affirmations gratuites. 




    Le vrai débat est celui de juger une personne sur son apparence, que sur son apparence. Voilà le vrai débat que des instituteurs matures devraient faire en classe secondaire afin que les adolescentes et adolescents mûrissent de façon supérieure à leurs aînées trop biaisés que nous sommes. 




    Avoir peur de l’autre et son accoutrement font les guerres stupides dont nous sommes témoins et pas seulement ailleurs : ici même au Québec se fait actuellement une guerre souterraine immature inutile et excessivement dangereuse pour la sauvegarde toujours fragile de la paix. Nous la tenons trop pour acquise cette paix…


     

    Ne soyez plus superficiel, M. Leblanc ni vindicatif ni peureux; soyez constructif comme vous en êtes capable.




    François Champoux, Trois-Rivières