Lors du débat des chefs, c’était au tour de Philippe Couillard de composer avec les propos d’un candidat malcommode. Mohammed Barhone, candidat dans Taillon, avait notamment affirmé que sous un gouvernement de la CAQ, les femmes voilées ne recevraient plus de services publics.
Le chef libéral s’est borné à dire que le président de la Commission des communautés culturelles de son parti, qui est introuvable depuis lors, s’était excusé. Il a refusé de prendre lui-même ses distances de ses propos, prétendant même qu’ils se justifiaient par le fait que François Legault faisait peur aux Québécois issus de l’immigration.
Chasse gardée
Quand on discute de ces questions qui sont explosives, comme on le sait, c’est fou comment les libéraux arrivent toujours à s’en sortir, tandis que tout est retenu contre leurs adversaires. Philippe Couillard accuse ses opposants de souffler sur les braises de l’intolérance, alors qu’il aime bien faire des expériences avec du C4.
Il faut dire que le fait que le Parti libéral se place du côté du multiculturalisme à la canadienne lui permet de tout se faire pardonner par ceux qui sont habituellement prompts à dénoncer que l’on attise les tensions intercommunautaires. Le droit de diviser les Québécois est une chasse gardée des fédéralistes.
Caméras fermées
Pourtant, on se demandera si cela contribue à bâtir un Québec plus serein, que ce discours visant à convaincre les Québécois issus de l’immigration qu’ils doivent se méfier des bas instincts électoraux de la majorité. Ça n’incite pas vraiment au rapprochement mutuel, disons.
On voit ce qu’un candidat libéral se permet de dire en public pour s’excuser ensuite. On ne peut faire autrement que de se demander ce qu’on s’autorise à dire en privé, lorsque les caméras sont fermées.
Il est temps d’abolir ce droit exclusif à la guerre ethnique que s’arroge le Parti libéral.