LETTRE

La guerre de Harper

Diviser pour régner, y compris au prix d'une guerre meurtrière

Ce n’est pas la raison raisonnable qui pousse le gouvernement conservateur à faire du Canada un pays en guerre. Cette décision relève autant de l’instinct guerrier que du calcul politique, car il y a autant de raisons de se joindre que de ne pas se joindre directement aux nouveaux efforts de frappe en Irak. Cela dit, avec les conservateurs, on ne peut pas s’attendre à un débat raisonnable sur cette question, pas plus que sur n’importe quelle autre. Non seulement cette décision ajoute un nouvel épisode à des décennies de politiques désastreuses dans la région, mais elle ternit pour très longtemps la réputation enviable du Canada comme pays négociateur et comme interlocuteur de choix sur des questions délicates. Même s’il est vrai que le dossier canadien n’était pas sans taches, le Canada rejoint maintenant le cortège des pays qui ont le plus de sang sur les mains. À qui cela peut-il bénéficier ?

Le calcul politique est simple. Dans le pire des cas, cette décision risque de créer une division de plus dans l’opinion publique, mais également chez les adversaires libéraux et néodémocrates. Tout cela peut toujours être utile à l’approche d’une élection. Et, dans le meilleur cas, le chef conservateur apparaîtrait comme l’homme de la situation à la tête du pays en guerre. Rappelons que le Canada que cherche à créer Stephen Harper est un pays « naturellement » conservateur, de plus en plus aligné culturellement et idéologiquement sur les États-Unis. La participation active à des bombardements aériens fait partie d’une suite logique de décisions et n’a rien à voir avec une vision éclairée de la politique étrangère ni avec un sursaut d’humanisme devant l’horreur. Il serait temps que les Canadiens le réalisent.


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