La guerre au père Noël est déclarée en Terre sainte

Le Grand Rabbinat dénonce les décorations de fête des commerces israéliens.

Vives tensions entre "société d'autorité" et "démocratie d'influence"

Un de ces chapeaux rouges que le Grand Rabbinat voudrait voir disparaître. Crédits photo : ASSOCIATED PRESS
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Marc Henry - Jérusalem - Le père Noël n'est pas en odeur de sainteté auprès du Grand Rabbinat en Israël. Comme chaque année, les propriétaires d'hôtels, de restaurants et autres lieux publics ont été prévenus que mieux valait pour eux éviter d'utiliser des sapins, des chapeaux rouges et autres poupées en forme de père Noël dans leur décoration à l'approche des fêtes de fin d'année. Cet avertissement a été assorti d'une menace à peine voilée. «Nous envisageons de rendre publique une liste des établissements qui passeront outre et d'appeler ensuite à les boycotter», a affirmé à la presse Ofer Cohen, directeur du «lobby pour les valeurs juives» du Rabbinat.
Autrement dit, les restaurants contrevenants pourraient se voir retirer leur certificat de «cacheroute» délivré par le Grand Rabbinat, qui vérifie périodiquement que la cuisine servie répond aux strictes exigences des lois alimentaires du judaïsme. Se voir retirer ce précieux document pourrait contraindre des établissements, notamment à Jérusalem, à fermer leurs portes, faute de pouvoir accueillir les juifs observants. À noter que l'offensive du Grand Rabbinat concerne également le réveillon de la Saint-Sylvestre, beaucoup plus fêté que Noël.
Des sapins très diplomatiques
Sur le front diplomatique, les anathèmes lancés par le Grand Rabbinat ont provoqué cette année quelques remous. L'ambassade d'Israël au Vatican a reçu des appels d'ecclésiastiques, de médias chrétiens qui ont demandé quelques explications. Plus inquiétant : des membres du Congrès américain se sont adressés aux diplomates israéliens en poste à Washington pour exprimer leurs réserves, selon le quotidien Yédiot Aharonot. Le dossier est ensuite monté en «haut lieu» au ministère des Affaires étrangères qui s'est adressé au Grand Rabbinat. Soucieux d'éviter une crise, son directeur général Oded Weiner a tenté d'arrondir les angles. Il a précisé que des fêtes de fin d'année pourraient avoir lieu dans des hôtels sans que leur certificat de «cacheroute» soit sur la sellette à condition que ces réveillons soient organisés dans des pièces fermées.
Détail curieux : le ministère israélien des Affaires étrangères n'a pas vraiment donné l'exemple dans cette bataille. Il s'est assuré comme chaque année que les milliers de diplomates en poste en Israël reçoivent un sapin avant l'arrivée du père Noël…


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