La grève et l’alpinisme de la violence

La violence, c'est la vie

Crise sociale - printemps 2012 - comprendre la crise

La grève et l’alpinisme de la violence
Vous voulez de la tautologie, du pléonasme ?
La violence, c’est la vie !
Quelle que soit la pauvreté de notre savoir sur ce sujet, n’en serions-nous pas moins baisés si jamais la violence se faisait la malle ?
La violence. Cette chose qui répugne. Conservatrice et créatrice, comme disaient Derrida et Benjamin en canon.
La binarité, c’est ennuyant ; je sais. Accordez-moi le droit de n’en faire usage que pour les besoins de la cause… simplicité et douceur. Mes propos ici ne sont qu’un simple commentaire ; sans plus.
Ce n’est pas une tentative de remettre la guerre des isme sur la table, sous l’empire d’une nouvelle poésie… non.
Dernière mise en garde : ici, la violence ne signifie pas seulement casser des vitrines et agresser physiquement des gens… vu? Cracher dans la soupe peut être tout aussi violent que d’enfoncer un pieu dans le crâne d’un innocent. Et conservatisme ici, ne renvoie pas à un parti politique, mais à la manière dont la violence s'exprime en certaines circonstances.
Violence conservatrice
Elle rend la pérennité pérenne. Elle est implosion ; un nulle part ; une bastille.
En dépit de tout cela, si elle filait dans les limbes, comment nous serait-il possible de maintenir institutions, normes et morale?
N’est-ce pas sous la promesse, d’une vie misérable, faite à ceux qui n’ont point la génétique idéale pour répondre aux exigences de notre société – dodo, boulot, goulot – que notre système trouve le moyen de se maintenir?
C’est une question de droit, disait Derrida. Oui. Et peut-être que les choses ne sont pas si simples, mais nous pouvons clairement voir présentement, à travers les injonctions et le nouveau projet de loi de notre pauvre gouvernement que le droit et le conservatisme se côtoient sans gêne. Une intimité si forte les unit, qu’on aurait peine à ne pas être porté à y voir un certain mimétisme. Et un peu d’inceste.
Je ne peux m’empêcher d’y voir une ontologie qui divague, mal définie, qui traque les vivants, et qui exige que tous mouvements n’en débordent pas… même si les pourtours sont incongrus et méconnus d’elle-même.
Son principe premier : à mort la différence !
Le droit
Le droit, le plus beau refuge de la supercherie ; arme fétiche des poètes qui se consacrent à la destruction massive de la candeur… de la possibilité de voir autrement.
Le droit devient vilain lorsqu’il tombe entre les mains de ceux qui s’improvisent comme les architectes du vrai : déterminant en quels endroits nous devons être pour nous tenir dans le vrai… écartant ainsi l’errance de la pensée qui, parfois, parviens à dire le vrai.
Jean Charest ; un sacré architecte du vrai… et le plus formidable des alpinistes de la bêtise politique. Le poète qui a donné sa vie à la destruction systématique de la différence… de la candeur… de l’égalité… de la politique.
Personnage abject. Personne agréable peut-être. Personnage répugnant.
Mais voilà, le droit aussi a sa fonction : la justice. Et pour cette raison, on ne peut se permettre de le jeter par la fenêtre… seulement lui offrir une nouvelle tutelle, une nouvelle charpente, afin qu’il puisse faire respecter le Juste sans pots-de-vin.
Notre système ne nous répète-t-il pas les mêmes niaiseries depuis longtemps ?
- Toi, qui n’a peut-être pas la nature bien ordonnée pour pénétrer sans résistance dans le tourbillon de la productivité ; ne compte pas sur moi pour m’adapter à ton rythme, et sache que les membres de ma communauté auront suffisamment d’esprit pour reconnaître ce que tu es, si jamais tu faillis aux obligations de ce que j’ai arbitrairement déterminé comme étant dans le champ du Bien. Voilà ce qu’ils scanderont à ton égard petite vermine : pourri, paresseux, BS de marde, sale étudiant, hippie, pourriture d’intellectuel, tapette, fucké, malade mental, sale immigrant, communiste, fou, pauvre féministe frustré (e)…
N’est-ce pas là une forme d’intimidation? De violence ?
La violence permet, évidemment, la stabilité et l’ordre… ce qui en soi n’est pas totalement repoussant. Seulement, il faut comprendre ces deux caractéristiques comme des faits de structures ; des conditions préalables à l’établissement d’une société… voilà tout. Ils n’en sont pas les fruits ultimes…
La société devrait plutôt s’exercer à permettre aux différentes unités de puissance d’accéder à leur réalisation, plutôt qu’être à genoux, en adoration devant la stabilité. Lui promettant quelques générations en sacrifice.
Il faut maintenant retirer la pelure ; mettre le fruit à nu. Le consommer, avant qu’il ne pourrisse.
La pelure est sans doute plus belle que le fruit n’est bon… mais les pelures ne peuvent être satisfaisantes que pour les esprits sans vie. Ces esprits ayant versé leur volonté dans une sorte de pyrrhonisme infertile qui, tentant d’éviter toutes responsabilités, acquiescent aux horreurs conservatrices.
Les Madame Thatcher sont-elles nécessaires ?
Sombres et sans vergogne… elles renferment en elles la possibilité d’un anti-chaos : où les choses ont la possibilité de perdurer ; où le temps s’arrête, mais coule toujours – seulement, sans vagues – et fixe la signification et les points de repère.
Il semble que si nous voulions un peu d’ordre et de cohérence, les dames de fer soient les bienvenues. Mais devront-elles accepter de fondre lorsque viendra le temps de foutre le feu à la morale des anciens, si jamais elle nous démange…
Puisque nous n’avons que les références de l’arbitraire pour fixer nos vies… la main de fer qui jette un peu de structure à travers notre lassitude pour l’humanité et ses problèmes, n’est pas une sale affaire. Naturellement, qu’elle s’abstienne de nous briser les os par jalousie ; puisque les plaisirs de la chair ne lui sont pas accordés.
La main de fer est destinée à l’érosion… et c’est tant mieux comme ça.

La main de fer : violence conservatrice.
Dans l’ombre des Totems…
L’histoire est simple. Lorsque nous tombons dans une ère, marinant en une nappe conservatrice ; les algues poussent, les esprits s’enlisent et l’eau stagne ; les poissons et la candeur, trépassent ; les rêves se noient, et les joues de notre imagination creusent…
Un coup d’épée dans l’eau suffit parfois… même si certains n’y voient qu’un acte de faiblesse. Le sang, le sang. Il n’y a pas que le sang et les vitrines en miettes.
Le simple bouleversement du reflet, que nous avons de nous-mêmes depuis trop longtemps, peut générer autre-chose ; et même si l’image est trouble et absurde, elle est en elle-même un autre-chose. Son symbole. Une porte qui s’ouvre sur l’immensité des possibilités, résidant en notre pouvoir d’imaginer.
Lorsque la léthargie s’empare de la raison, il faut brouiller, pour un instant, ce qui paraît naturellement fixé. Car en vérité ; le reflet est factice. Nous en sommes les infâmes concepteurs.
Brouiller, c’est parfois offrir un peu de lumière. Chose disait que la vérité n’était rien d’autre que ces entreprises dont nous avons oubliées, qu’en réalité, nous en fûmes les créateurs. Ces mêmes entreprises qui ont acquis à tort, au fil du temps, un caractère naturel.
Nous faisons de piètres scientifiques !
Un être sadique - le premier de tous -, a déjà dit : « Je te pardonnerai d’être moraliste quand tu seras meilleur physicien » !!!
Quoi de moins naturel que l’homme et les murs qu’il bâtit…? Quoi de moins naturel que la morale des hommes ?
Pourquoi alors, certains refusent les remises en question comme si l’autel, sur laquelle nous avons posé la morale des anciens, était sacré et immuable ?
Le gouvernement est de glace. Il n’est plus question d’une simple nappe stagnante. Il ne nous est absurde d’attendre que la marée remonte. Même si cela vous répugne, c’est à coup de pic à glace qu’il faudra déranger le miroitement que son intransigeance nous renvoie… pour enfin apercevoir la lumière de l’autre-chose.
Notre société et notre politique. De mauvais miroirs. Des glaces mal charpentées. Des totems de feuilles mortes.
Violence créatrice
Elle rend le possible, possible. Elle est hana-bi ; liberté.
Et si elle se retirait, là où nous ne pourrions plus la récupérer, comment nous serait-il possible d’accéder à autre chose – à la possibilité de jeter dans le réel un peu de notre folie créatrice – ?
Le changement, dont les cris sont systématiquement étouffés par l’engrenage étatique et le grincement de ses rouages mal taillés, est promesse de vitalité. Le changement contracte, à chaque fois qu’il se réalise, une dette. Il a une dette envers la violence et sa folie. Celle qui imagine, qui retourne la terre après un trop long moment en jachère : la violence créatrice et ses comparses.
C’est la pratique de l’éthique. C’est la question qui demande : « Avons-nous emprunté la bonne voie ? », « Sommes-nous réellement dans le vrai - car le consensus sonne faux - ? »
Rien ni personne ne peut bénéficier des privilèges du conservatisme, si ce n’est qu’ils ont eu la chance d’acquérir leur droit à l’existence, en premier lieu, auprès de la violence créatrice. C’est elle qui discerne le droit à l’existence. Et sans l’existence ; pas de pérennité !
La violence créatrice est une puissante déesse sans morale ; car elle est pure expression de l’imagination et des pulsions du moment. Et surtout, puissante, car elle est condition de possibilité de son aigre moitié.
Le seul souci – et il est de taille tout de même – avec cette princesse du vagabondage, est que celle-ci ne rencontre pas le fameux principe de réalité ; et c’est là que la discipline de la main de fer (la violence conservatrice) nous est profitable.
C’est bien beau de rêver et de vouloir, par exemple, que le terme éphémère soit maintenant le nom d’un mille-pattes rose aux oreilles de lapin… si on écrit un roman de fiction, c’est parfait. Pas de problème. Mais en société, l’imagination nécessite des limites ; les Madame Thatcher rencontrent leur fonction en ces fameux moments où l’imagination a percé le rideau du réel, détruit la structure et tente d'aménager la société en un fabuleux chaos.
C’est la violence créatrice qui engendre la vie. La vie sur laquelle la pérennité et compagnie – les avatars de la violence conservatrice –, pourront s’y cramponner comme des parasites, pourront y trouver un foyer ; un peu à la manière d’un cancer...
Alors que la violence conservatrice s’obstine à garder de vieux squelettes en vie… plutôt que de leur donner le luxe de la potence, de l’euthanasie, pour laisser place aux nouveaux nés ; la violence créatrice, pendant ce temps, pratique l’orgie sociale et donne naissance.
La besogne de la violence conservatrice est d’instaurer l’empire du même, du fade, du régulier, de la routine… de la mortification des pulsions qui nourrissent l’imagination. Elle est obsédée par la peur de la mort… et comme un artiste médiocre, elle s’exhibe toujours sans originalités ; ses obsessions ayant toujours les mêmes résonances grotesques.
Notre scène politique ; un sombre spectacle qui procure la mort à son audience … mais sans tuer. Nous avons un mot pour ça, je crois… aliénation.
La violence : victime et le prédateur.
La violence : à la fois proie et prédateur. Mais toujours dupe. Auto-immune... se rongeant elle-même.
La violence : un ouroboros frappé par la folie. Un serpent venimeux se mordillant la queue. Une contradiction aveugle devant elle-même.
La violence créatrice ; expression libre qui perce la monotonie du même.
La violence conservatrice ; répression de l’ensemble des expressions qui mettent le même en péril. Pour emprunter le néologisme de ce post-moderne qui parle aux enfants ; Une faction Méta-prescriptive.
La méchante violence n’est qu’un fait de conscience… « Regarde, là, il y a de la violence… » « Ah non! Ici, de l’intimidation »… au final, il n’y a que des gens qui construisent et détruisent. Rien de moins, rien de plus. Entre temps, les choses se conservent et la morale se vautre dans ses propres excréments. Mépriser la violence relève d’un choix… qui plus souvent qu’autrement répond d’un manque de courage.
Confiner certains actes en les qualifiant de violents, sur un ton répugné, est tout aussi violent, si ce n’est pas l’acte de violence par excellence… le jugement ; l’arme préférée des faibles.
Nous oublions qu’il y a un spectre beaucoup plus complexe qui détermine le bien et le mal…
Ce n’est pas l’exercice de la violence que l’on doit à tout prix condamner… mais bien plutôt certaines formes dans lesquelles elle se déverse.
Juger ; c’est de l’ultra-violence
Le jugement est la gloire de la violence… car il bénéficie, plus souvent qu’autrement, d’une immunité impénétrable face aux menaces de la culpabilité ; nous jugeons au nom de quelque chose… que nous croyons appartenir à autre chose qu’à nous-mêmes. Nous avons le droit !
Balivernes! Fresques d’idioties!
J’aimerais vous y voir vous, au korova milk bar… là où le droit n’existe pas pour vous protéger ; là où la morale baisse la tête, honteuse. Là où vous êtes garants, en tout temps, de votre propre légitimité.
Il y aura moi, c’est-à-dire Martin, et mes deux droogies…
Le conflit actuel… Sade, contre l’ascétisme plat d’un système névrosé
La lecture, bien qu’elle ne représente pas les fines nuances de la réalité, n’est pas difficile à effectuer ;
- Le mouvement étudiant (en son ensemble) : violence créatrice, baroque.
- L’entêtement du gouvernement et le droit : fourbe, violence conservatrice.
N’en déplaise à quiconque, il y a un peu de tout dans les deux camps présentement… des étudiants têtus qui ne veulent pas renouveler leurs pensées sous le poids d’une vanité mal placée – dont les fondements respirent la barbarie intellectuelle –, et un gouvernement tout simplement dépourvu de bonne foi et de capacités à bien mener les affaires de la société.
Ne m’entendez pas mal ; la masse étudiante fait bien de résister à l’entêtement venimeux du gouvernement…
Je ne vise que les étudiants qui, même s’ils sont apôtres des théories – soient disant – les plus révolutionnaires, sont par eux-mêmes les plus grands conservateurs que la terre n’ait jamais connus. Vous êtes de mauvais prêcheurs, qui n’arrivez pas à pratiquer la morale que vous vendez sans nuances.
Et nos pitoyables médias. Du moins, ceux qui chignent et croient encore qu’ils ont droit à l’impunité partout où ils fourrent leur nez de Cyrano ; de pauvres bêtes. Ils se demandent pourquoi ils se salissent alors qu’ils font mousser le chocolat sans tablier ! Et ce nez, je ne leur ai pas donné parce que leur verbe est lumineux… Petite bande de vierges offenséesfausses victimes… Usurper, Corrompre et Déformer ; c’est ça votre mandat ? Dans le jeu de la violence, vous êtes les maîtres !
Le gouvernement n’est pas sans vergogne. Regardez bien la honte qui le ronge ; celle d’admettre son fétichisme pour la dictature et le sadisme…
Le pire dans tout ça, c’est la non-action politique de plusieurs d’entre nous qui sont absolument concernés par les questions que soulève la situation actuelle…
Et les faux consensus, résultants d’une apathie sociale et politique généralisée…

Et la culpabilité ; vieille branche! À quand tes funérailles ?
Je me répète ;
Cette grève devient, petit à petit, une guerre contre la belligérance de la bouffonnerie.
Dans une situation semblable, il n’y a pas de contre-indications pour défendre le bon sens et l’égalité… seulement si on désire attirer la sympathie de la majorité.

En attendant les résultats, je danse avec la solitude. Sur un air dionysiaque. J’espère.

Pendant que vous vous exercez à la sottise…
À vous regarder agir comme de tel(le)s débiles, Méphisto doit avoir de quoi se branler vigoureusement…
Avant que se répandre son blanc venin, avec une admirable contingence, ses lèvres s’éloigneront-elles l’une de l’autre pour y laisser passer quelques petits sons désagréables d’enchantement ; qui feront naître en nous le même sentiment que l’on éprouve lorsqu’on perd notre temps à écouter les âneries des marionnettes au pouvoir.
Et, avant de soupirer avec allégresse, le regard vide, la verge irritée, murmura-t-il en ricanant :
La violence ; c’est la vie…


Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé