Il en est souvent du cheminement des êtres humains comme de celui d’une nation. Ainsi en est-il de la propension viscérale de l’être humain à rechercher le bonheur au loin alors que, bien souvent, il se trouve dans sa propre cour. De même, le peuple québécois a-t-il été souvent porté, au cours de son histoire, à poursuivre la quête de son identité dans des voies souvent opposées alors qu’il se trouvait à sa portée. Pour illustrer ce phénomène autant humain que sociologique, je vous propose cette fable que j’ai écrite un jour…
La grenouille et le crapaud
Dame grenouille trouvait la vie bien routinière
_ Les yeux en l’air et les pattes sur un nénuphar
_ Au glas funèbre des ouaouarons de cimetière
_ Épiée par quelques quenouilles en guise de phares
_ «Ah! se dit-elle, j’aimerais bien vivre sur la terre
_ Et sauter gaiement aux champs comme les crapauds
_ Eux qui semblent profiter pleinement du grand air
_ Et moi qui suis prisonnière de ce bassin d’eau!»
_ Or à l’aurore où ses compères dormaient encore
_ Elle plongea et atteignit enfin la terre ferme
_ Ouvrit grand les yeux et admira le décor
_ Grisée par la chaleur sur son épiderme
_ «Enfin! pensa-t-elle, à moi la grande liberté!»
_ Puis elle entreprit son périple vers les champs
_ Sautillant le nez au vent et le corps léger
_ Propulsée par l’euphorie du souffle du vent
_ Près d’un espace sablonneux elle vit un crapaud
_ «Bonjour madame la grenouille! Que faites-vous ici
_ Aussi loin de la tranquillité de vos eaux?
_ -Je m’ennuyais captive de cette triste vie!
_ -Et vous pensez trouver mieux sur ce sol aride?
_ Comparez votre peau si douce à ma cuirasse
_ N’attendez pas que votre corps soit plein de rides
_ Et retournez à votre sereine surface!»
_ La grenouille fit fi des bons conseils du crapaud
_ Si bien qu’après quelques jours de tours et de sauts
_ De cabrioles à travers les champs et boisés
_ Son eau jadis si terne en vint à lui manquer
_ Le chaud soleil dessécha peu à peu sa peau
_ Alors elle se souvint des conseils du crapaud
_ Et madame la grenouille s’en retourna bredouille
_ Auprès de ses nénuphars et de ses quenouilles
_ Vous qui comme la grenouille recherchez le bonheur
_ Sachez apprécier la présence d’une fleur!
Si le Québec revient bredouille de son dernier périple orange, peut-être en arrivera-t-il enfin à apprécier la présence du « fleurdelisé » et à « se souvenir » de ses erreurs du passé!
Henri Marineau
Québec
La grenouille et le crapaud
Tribune libre
Henri Marineau2094 articles
Né dans le quartier Limoilou de Québec en 1947, Henri Marineau fait ses études classiques à l’Externat Classique Saint-Jean-Eudes entre 1959 et 1968. Il s’inscrit par la suite en linguistique à l’Université Laval où il obtient son baccalauréat et son diplô...
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Né dans le quartier Limoilou de Québec en 1947, Henri Marineau fait ses études classiques à l’Externat Classique Saint-Jean-Eudes entre 1959 et 1968. Il s’inscrit par la suite en linguistique à l’Université Laval où il obtient son baccalauréat et son diplôme de l’École Normale Supérieure en 1972. Cette année-là, il entre au Collège des Jésuites de Québec à titre de professeur de français et participe activement à la mise sur pied du Collège Saint-Charles-Garnier en 1984. Depuis lors, en plus de ses charges d’enseignement, M. Marineau occupe divers postes de responsabilités au sein de l’équipe du Collège Saint-Charles-Garnier entre autres, ceux de responsables des élèves, de directeur des services pédagogiques et de directeur général. Après une carrière de trente-et-un ans dans le monde de l’éducation, M. Marineau prend sa retraite en juin 2003. À partir de ce moment-là, il arpente la route des écritures qui le conduira sur des chemins aussi variés que la biographie, le roman, la satire, le théâtre, le conte, la poésie et la chronique. Pour en connaître davantage sur ses écrits, vous pouvez consulter son site personnel au www.henrimarineau.com
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1 commentaire
Archives de Vigile Répondre
6 mai 2011"Si le Québec revient bredouille de son dernier périple orange, peut-être en arrivera-t-il enfin à apprécier la présence du « fleurdelisé » et à « se souvenir » de ses erreurs du passé !"...
... à moins qu'un Épervier brun à feuille d'érable ne s'en repaisse d'une seule goulée, puisqu'il n'a rien retenu de ses précédentes cicatrices de "beaux risques."