La Grèce et l’Euro : Une situation de dette excessive et improductive et d’implosion financière

Chronique de Rodrigue Tremblay


« Si vous ne pouvez pas l’expliquer simplement, c’est que vous ne le comprenez pas assez bien. »
- Albert Einstein (1879-1955), professeur et physicien théoriste né en Allemagne. Prix Nobel 1921

« Chaque génération doit payer ses propres dettes. Si ce principe était appliqué il y aurait moitié moins de guerres dans le monde. »
- Thomas Jefferson (1743-1826), 3ème Président des USA (1801-09)

« Ayant vu les peuples de tous les autres pays écrasés par les guerres et les prodigalités de leurs dirigeants, j’ai voulu favoriser au contraire la paix, l’épargne et le règlement de la dette publique car j’étais convaincu que c’était le meilleur chemin vers le bonheur et la prospérité publique et privée. »
- Thomas Jefferson (1743-1826), 3ème Président des USA (1801-09)

L’organisme de prêt Standard & Poor’s a récemment dit la vérité en ce qui concerne la Grèce, à savoir que ce pays est en faillite financière. Aucun tour de main, aucune occultation, aucune réorganisation de la dette et aucune aide "innovante" ne pourra dissimuler le fait que les règles défectueuses qui régissent la zone Euro aient donné l’occasion à certains de ses 17 membres de succomber à la tentation d’un endettement excessif et improductif suivi d’un défaut de paiement de la dette accompagné d’une écrasante hausse des coûts d’emprunt.
La Grèce (11 millions d’habitants) a, en fait, abusé de la crédibilité que lui donnait son adhésion à la zone Euro. En 2004, par exemple, le gouvernement grec s’est embarqué dans des dépenses somptuaires pour accueillir les jeux olympiques de l’été 2004 d’un montant de 7 milliards d’Euros (12,5 milliards de dollars). Puis de 2005 à 2008, le même gouvernement a décidé de faire d’autres folles dépenses, cette fois pour acheter toutes sortes d’armes dont il n’avait pas besoin à des fournisseurs étrangers. Accumuler une énorme dette étrangère de 533 milliards (2010) était la solution de facilité. Mais tôt ou tard, il faut payer le joueur de pipeau et on ne peut plus cacher le montant de la dette.
La situation financière actuelle de la Grèce (et celle d’autres pays européens comme l’Espagne, le Portugal, l’Irlande et même l’Italie) sont comparables à celle de l’Argentine il y a 10 ans environ. Dans chaque cas, un membre problématique d’une union monétaire donnée a conduit à un endettement étranger disproportionné qui a engendré une fuite des capitaux et une ruineuse déflation* par la dette.
Dans le cas de l’Argentine, le pays avait décidé d’adopter le dollar étasunien comme monnaie alors même que le niveau de productivité de l’Argentine était inférieur d’un tiers à celui des USA. Un taux de change artificiel de un peso=un dollar étasunien a tenu pendant presque dix ans avant l’effondrement inévitable.
Il est vrai que l’adhésion à une union monétaire d’un groupe de pays qui adopte une monnaie commune peut être un moyen puissant de stimuler l’économie et la productivité en bridant l’inflation quand ces unions monétaires sont bien construites mais elles peuvent se transformer en cauchemar économique quand elle ne le sont pas.
Malheureusement pour de nombreux membres pauvres de l’Europe, les règles d’une union monétaires viable n’ont pas été suivies et les conséquences catastrophiques de cette erreur ne devraient pas surprendre ceux qui ont une certaine connaissance de la finance internationale.
Quelles sont les règles à suivre pour qu’une union monétaire qui a une monnaie commune soit viable et stable ?
1- D’abord et surtout, les pays membres doivent avoir des structures économiques et des niveaux de productivité du travail comparables afin que la monnaie commune ne paraisse pas constamment surévaluée ou constamment sous-évaluée par rapport à l’économie de tel ou tel membre. L’alternative est d’avoir un haut niveau de mobilité de la main d’oeuvre entre les économies régionales de sorte que les niveaux de chômage ne restent pas trop hauts dans les régions les moins compétitives.
2- Deuxièmement, si aucune de ces deux premières conditions ne sont remplies (ce qui est généralement le cas parce que les unions monétaires réelles sont rarement des "zones monétaires optimales"**), l’union monétaire dont être dirigée par une entité politique puissante, comme par exemple un système de gouvernement fédéral, qui soit capable de transférer rapidement des fonds provenant des impôts des économies excédentaires vers celles qui sont déficitaires à travers un système centralisé d’égalisation des paiements.
Cela pour éviter l’insécurité et les tensions politiques qui surgissent quand le niveau de vie augmente dans les régions en excédent et baisse dans les régions en déficit. Mais quand les taux d’échange régionaux ne peuvent pas être réajustés à la hausse et ou à la baisse pour rééquilibrer la balance des paiements de chaque membre et quand la loi du prix unique s’applique à toute la zone monétaire, il ne reste pour seul levier d’ajustement aux déséquilibres extérieurs que les fluctuations des niveaux de revenu et d’emploi. Cela peut se révéler une solution très douloureuse.
Un tel système d’ajustement par la variation du revenu ou de l’emploi plutôt que par la variation des prix nous rappelle un peu la manière dont fonctionnait la règle d’or du 19ième siècle, malgré sa tendance déflationniste, sauf qu’au 19ième siècle il y avait une inflation des prix et des revenus dans les pays excédentaires et une baisse des prix et des revenus dans les pays déficitaires qui résultait de l’augmentation des réserves monétaires dans les économies excédentaires et de la diminution des réserves monétaires dans les pays déficitaires. Dans une union monétaire plus ou moins formelle la banque centrale contrôle le niveau général des prix pendant que les revenus augmentent et baissent.
3- La troisième condition pour qu’une union monétaire fonctionne bien, est la liberté de mouvement des capitaux bancaires et financiers dans la zone. Cela a pour but de maintenir des taux d’intérêts cohérents dans la zone monétaire qui prennent en compte le facteur de risque et aussi de favoriser le financement des projets productifs où qu’ils se trouvent.
Aux USA par exemple, le marché des fonds fédéraux éminemment liquide***, permet a des banques qui sont temporairement déficitaires d’emprunter des fonds à court terme à des banques qui sont temporairement en excédent. Au Canada, de grandes banques nationales ont des succursales dans toutes les provinces et peuvent facilement transférer des fonds des succursales qui ont des surplus aux succursales déficitaires sans affecter leurs opérations de prêts et de crédit.
4- La quatrième condition est d’avoir une banque centrale commune qui peut prendre en compte non seulement les niveaux d’inflation mais aussi la croissance économique réelle et les taux de chômage dans ses décisions de politique monétaire.
Malheureusement pour elle, la zone Euro a généralement échoué à remplir les conditions de base du bon fonctionnement d’une union monétaire.
Voyons une par une les raisons de cet échec.
a) D’abord, les niveaux de productivité du travail (la production par heure de travail) sont très différents d’un pays membre à l’autre. par exemple, en 2009, l’index de la productivité de l’Allemagne était de 100, il était seulement de 64,4 en Grèce, presque un tiers de moins. Au Portugal et en Estonie, par exemple, il était encore plus bas, à 58 et 47 respectivement. Cela signifie que l’Euro, comme monnaie commune, apparaît comme sous-évalué pour l’Allemagne et surévalué pour beaucoup d’autres membres de la zone Euro, ce qui stimule les exportations de l’Allemagne mais handicape fortement la compétitivité des autres membres de l’union.
b) Deuxièmement, et c’est peut-être encore plus important, la zone Euro n’est pas soutenue par une union fiscale et politique forte et stable. En conséquence les transferts fiscaux entre les membres sont laissés à des décisions politiques au coup par coup ce qui crée de l’insécurité. En fait il n’y a pas de mécanisme d’égalisation des balances commerciales entre les économies fortes et les économies faibles de la zone Euro. C’est pour cela qu’on peut dire qu’il n’y a pas de solidarité économique durable dans la zone Euro.
c) Troisièmement, ceux qui ont crée la zone Euro ont choisi de limiter le rôle de la Banque Centrale Européenne à un rôle monétaire réduit ; son obligation principale est de maintenir la stabilité des prix et elle n’est pas autorisée à jouer un rôle direct sur la stabilité macroéconomique de la zone ni à prêter directement de l’argent aux gouvernements en créant de la monnaie si besoin est. C’est pour cela qu’on peut dire qu’il n’y a pas
de solidarité financière statutaire dans la zone Euro.
4) Et enfin, même si la mobilité du capital et du travail dans la zone Euro est assez élevée, historiquement parlant, elle est loin d’être aussi ancrée que par exemple dans l’union monétaire étasunienne.
Rétrospectivement, il semble que la création de la zone Euro en 1999 ait été davantage un pari politique qu’un projet monétaire et économique bien pensé. C’est tout à fait regrettable parce qu’une fois que les membres de la zone les plus éloignés du noyau auront fait faillite et seront probablement retournés à leur monnaie nationale, le choc financier aura de vraies conséquences économiques, pas seulement en Europe mais dans le monde entier.
De nombreux économistes pensent que la meilleure solution pour la Grèce et le reste de l’Union Européenne serait de mettre en oeuvre "une cessation de paiement organisée" de la dette publique grecque qui permettrait à Athènes de sortir de l’Euro et de reprendre sa monnaie nationale, le drachme, à un taux inférieur. Cela éviterait à la Grèce une longue dépression économique.
Refuser d’accepter l’évidence c’est à dire, une cessation de paiement organisée, ferait plaisir aux banquier créanciers de la Grèce mais nuirait grandement à son économie, ses travailleurs et ses citoyens. C’est à cela que servent les lois sur la faillite, à libérer les débiteurs de dettes impossibles à rembourser. …
Rodrigue Tremblay
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Rodrigue Tremblay est professeur émérite d’économie à l’Université de Montréal. Il a écrit "Le Code pour une éthique globale" et "Le Nouvel Empire américain”.
Pour consulter l’original : en français
http://www.thenewamericanempire.com/francais27.htm
En anglais,
http://www.thenewamericanempire.com/tremblay=1138.htm
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Note :
*Déflation : Diminution importante et durable des prix. Politique de déflation : politique de lutte contre l’inflation se traduisant par des mesures visant à la baisse de la demande globale (diminution de la masse monétaire, des dépenses publiques, augmentation de la pression fiscale). Le Petit Robert :
Déflation par la dette : http://contreinfo.info/article.php3?id_article=2354
**Zone monétaire optimale : http://www.erudit.org/revue/ae/2000/v76/n4/602337ar.pdf
*** La liquidité d’un marché financier représente la capacité à acheter ou à vendre rapidement les actifs qui y sont cotés sans que cela ait d’effet majeur sur les prix. Plus un marché est liquide, plus il est aisé, rapide et peu coûteux d’y réaliser des transactions. Cette caractéristique figure parmi les qualités essentielles que doivent garantir les bourses de valeurs. (Wikipedia).


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7 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    1 août 2015

    Superbe texte et explication technique M. Tremblay
    Toutefois, il y a un point que vous avez omis d’inclure dans votre analyse. Je l’appellerai « la vrai cause des causes » que vous occultez dans un exposé pour une structure financière et économique de tout pays ou tout regroupement de pays.
    Je suis d’accord avec vous que La Grèce aurait dû faire une faillite technique mais le FMI-Goldman&Saschs-CIA et le complexe militaro-industriel-pétrolier et médiatique n’ont pas voulu.
    C’est là le hic de votre exposé qui rend la solution inutilisable
    D’ailleurs un fait étrange et inexpliqué demeure dans cette saga. Le retournement du Président de la Grèce après le référendum…inexpliqué et inexplicable encore à ce jour
    Y a du mystère en dessous de ca…

    Mais pour l’heure je vous expose mon point de vue.
    Vous dites et je vs cites :
    «En 2004, par exemple, le gouvernement grec s’est embarqué dans des dépenses somptuaires pour accueillir les jeux olympiques de l’été 2004 d’un montant de 7 milliards d’Euros (12,5 milliards de dollars). Puis de 2005 à 2008, le même gouvernement a décidé de faire d’autres folles dépenses, cette fois pour acheter toutes sortes d’armes dont il n’avait pas besoin à des fournisseurs étrangers. Accumuler une énorme dette étrangère de 533 milliards (2010) était la solution de facilité.»
    Vous dites plus bas dans votre texte :
    «Rétrospectivement, il semble que la création de la zone Euro en 1999 ait été davantage un pari politique qu’un projet monétaire et économique bien pensé.»
    Voilà, à mon avis les 2 éléments essentiels à prendre en considération pour ma VRAI cause des causes de la situation de la Grèce.
    1- La constitution de la dette : Ce n’est pas les Olympiques qui fut le réel problème, ce fut l’achat d’armes à L’Allemagne, La France et par ricochet au complexe militaro-industriel mondial dont les américains contrôlent en très grande partie.
    2- Vous dites que la Grèce n’en avait pas besoin. Très vrai…Mais ont-ils eu le choix. Qui les a « forcé » à acheter ces équipements et pourquoi? Les guerres des USA contre le terrorisme fabriqué, la corruption à grande échelle et à haut niveau et des choix politiques manipulés ont plongé la Grèce dans cette situation inextricable.
    Votre exposé sur ce que la Grèce et la zone Euro aurait dû faire est à mes yeux théoriquement parfaite mais politiquement improbable si rien ne change.
    Ca ne fait pas ne fera jamais l’affaire du complexe militaro-Industriel pétrolier et Médiatique mondial.
    Est-ce eux qui ont fait retourner le président de la Grèce après le référendum. Mystère et boule de gomme.
    Tout ca pour dire que oui la faillite aurait été la solution comme les USA aurait dû en théorie faire et laisser tomber les banques américaines en 2008.
    Mais impossible à faire, parce que tout ce tient…Les Américains (le complexe militaro-industriel-pétrolier et médiatique) ont « joué » pour et avec la création de la zone Euro pour mieux manipuler les pays européens.
    Ils contrôlent le système bancaire de l’Occident et en laissant tomber les banques…tout leur système pourrait tomber. Donc votre structure est parfaite mais jamais les américains laisseront faire ca.
    Conclusion : Il est grand temps qu’il y ait un changement drastique de paradigme mondial dans l’organisation de la démocratie conjugué au capitalisme. À l’heure actuelle, le complexe militaro industriel qui sème la corruption partout où il passe, amène l’occident tout droit vers une déchéance à moyen terme.
    IL est urgent que les peuples de chaque pays reprennent le pouvoir…et décide, sinon ces mêmes peuples payeront à jamais pour les décisions qu’ils n’ont jamais prises.

  • Archives de Vigile Répondre

    13 juillet 2015


    @ Jean Lespérance
    Vous savez peut-être qu’il y a une cause récente devant la Cour Suprême du Canada, lancée par un collectif appelé le Comité pour la Réforme Économique et Monétaire (COMER), et dirigé par l’avocat constitutionaliste Rocco Galati, dans le but d’obliger le gouvernement du Canada à reprendre le contrôle de la Banque du Canada, en partie cédé aux banques privées en 1974.
    Pour ma part, je crois que les banques centrales doivent être indépendantes des banques privées, même si elles doivent collaborer avec elles pour mettre en œuvre la politique monétaire.

  • Jean Lespérance Répondre

    13 juillet 2015

    Dans une foule de détails véridiques, la vérité de base est noyée. Les Accords de Bâle sont immoraux et frauduleux. Tout ce qui en découle n'est que du vent. On se permet sans l'accord d'aucun gouvernement de prêter avec rien en caisse. Quand j'ai lu ces accords et que j'ai compris ce qu'était un fonds dur et un fonds propre, j'ai réalisé que ça faisait dur et qu'il n'y avait que des fonds malpropres. Tout est organisé, conçu de manière à créer des bulles immobilières. Les gouvernements donnent le droit aux banques d'être des faux-monnayeurs. Il a fallu qu'Adrian Salbuchi, économiste argentin au centre de la crise de son pays en 2001, s'exprime sur ce sujet pour que je m'autorise à dénoncer ces Accords de Bâle frauduleux. Pas de prêts, pas de dettes, un nouveau système monétaire s'impose. On doit en finir avec l'hégémonie bancaire, tout le mode de fonctionnement des banques doit être approuvé, voté à l'ONU. Toute crise peut se produire de nouveau avec le même système monétaire, bancaire. Une question pour vous, M. Tremblay, le Canada est-il une FED déguisée?

  • Chrystian Lauzon Répondre

    6 juillet 2015

    M. Tremblay,
    Votre analyse est impeccable: du point de vue « austère », comme dans « austérité forcée », du Temple Économie-Dieu et de ses disciples profiteurs exclusifs, le peuple est ignoré, absentéisé. Et vous parlez bien de leur hauteur «technical » fonctionnariste de ces prédateurs, le mot « peuple » est inexistant dans tout votre texte, le référendum d'hier, c’est pourtant bien à lui, au peuple innommable et sans lieu désormais, qu’il revenait d’y voter en première instance, non? Et l’invitation à l’exercice démocratique revient bien au politicien Tsipras, non provenant ou souhaité des Merkel, de la BCE et compagnies d’en Haut.
    N’est-ce pas (encore) évident que rien ne va plus dans l’humain, spécialement celui d’en Haut qui baigne mur à mur dans son 1% de matières grasses d’enrichissement infini. Les politiciens, vous le sous-entendez sans le dire de votre chaire universitaire objective d’économie sans vraiment vous mouiller (comme on dit idéologico-politiquement) : ils ne sont plus que des jouets au mains de 2 instances : les prédateurs détenant force de levier économique d'une part, et les exécutants, gouvernement des juges-refuge-à-tout-pouvoir-faire et politiciens-mollassons-serviles du paraître démocratique d'autre part.
    Comprenez-moi bien, M. Tremblay: loin de moi l’idée ici de vous offenser d'une quelconque façon, je vous comprends d’où vous êtes professoralement et professionnellement, cette froideur d’analyse typique du milieu économique, rappelant celle des médias lorsqu’ils parlent de la francisation chez Pratt et Whitney comme d’un crime contre les Anglais du Roc en entier; d’autant que vous écrivez sur Vigile, c’est déjà signe d’une orientation plus proche de la misère des rues que des nuages angéliques des riches.
    À 61% « NON », le résultat officiel du vote d'hier, aux mesures favorisant les prédateurs-créanciers exclusivement, le peuple grec a-t-il fait de « l’économie » d’expression ou crié « démocratie ou pas? Partage ou nauffrage! ». Le fond de tous les fonds internationalisants est là : une écologisation de l’humain, en toute urgence, sur tous les plans est-elle encore possible (sans dramatisation violence extrême recherchée par ces imposants heidelbergiens du Nouvel Ordre mondial), en asservissant l’argent au bien commun, républicainement pour ainsi dire? ou les marchés financiers sont-ils définitivement les détenteurs d’une Vérité d'aliénation totalitariste irrépressible (comme dans Total, vous savez qui?) envers les peuples. Une Vérité d'aliénation nécessaire nécessairement asservissante et béni-oui-oui face à l’argent et au simple mot "Économie", mécanistement relevant d’une foi absolue et absolutisante : Économie-Dieu.
    Alors qu'en fait, cette "économie" devient de plus en plus chaque jour une "perte" éloquente dont le maquillage fond en disgrâce sur le visage d'une humanité qui ne cherche plus que les solutions voilées et obscurantisantes, religieusement trompeuses. Qu'a-t-elle donc cette prétentieuse humanité à se fuir ainsi par le sang et l'argent? Ne peut-elle briller autrement face à l'univers qui lui fait pourtant signe en étoiles infinies d'agir en grandeur pacifiante?
    Comme je le lisais aujourd’hui, sur un site de placement financiers à hauteur plus humaine et "vertuel" des 61% que de la Hautainité du 1% à sens unique du (dé)penser virtuel : « Le fait à ne pas oublier : la Grèce ne pourra pas rembourser sa dette. Nous pouvons ergoter, se jeter à la tête fautes et culpabilité respectives, restent les faits : la dette grecque n'est pas soutenable et la solution la moins stupide serait de l'effacer (soit par une nouvelle restructuration, soit par un défaut). » Cécile Chevrier, Agora - http://la-chronique-agora.com/

  • Archives de Vigile Répondre

    5 juillet 2015

    Réponse @M. Thibaud
    Dans mon addendum d’hier à mon article de fond de 2011 sur les unions monétaires, je dis clairement qu’une des causes principales de la crise des ‘subprimes’ vendus à découvert aux Etats-Unis a été « les fameux produits dérivés adossés à des hypothèques », assortis des « contrats d’assurance (les fameux Credit Default Swaps ou CDS) contre le défaut de paiement ».
    Si vous consultez mon blogue international (http://www.thenewamericanempire.com/blog.htm), vous verrez que j’ai écrit de nombreux articles sur le rôle des produits dérivés et sur celui des banques d’affaires américaines dans la crise financière de 2008-09, et cela dans une douzaine de langues.
    Quant à la banque d’affaires internationale Goldman Sachs, il faut rappeler que Henry Paulson, ancien président de cette banque, avait été nommé le 30 mai 2006 par le président des États-Unis George W. Bush au poste de secrétaire du Trésor des États-Unis. C’est à ce titre qu’il présida au sauvetage des méga banques et des méga sociétés d’assurance étatsuniennes avec son plan de rachat à hauteur de plus de 700 milliards US, en octobre 2008, des produits toxiques que ces institutions avaient imprudemment accumulés et qui étaient devenus invendables. (Le 15 septembre 2008, Paulson avait cependant refusé de porter assistance à la banque Lehman Brothers, une concurrente de Goldman Sachs.)
    Il faut aussi rappeler que ce sont des banques d’affaires internationales, notamment Goldman Sachs, qui ont permis à la Grèce de camoufler l’importance de sa dette afin d’entrer dans la zone euro en 2001, à l’aide de trucs comptables et de produits dérivés. En effet, pour rejoindre la zone euro, les pays doivent montrer que le déficit public est inférieur à 3 % du PIB (production intérieure) et que la dette publique ne dépasse pas 60 % du PIB.
    C’est sur ces deux derniers critères que Goldman Sachs aurait aidé le gouvernement grec à montrer patte blanche pour entrer dans la zone euro. Pourquoi les autorités bancaires européennes se sont laissées leurrées est une autre affaire.

  • Archives de Vigile Répondre

    4 juillet 2015

    Vous êtes bien un des seul commentateur que je connaissent qui me semble exposer la situation avec une certaine rationalité.
    Cependant, dans cet article, vous n'avez pas parlé des dérivatifs, dont le rôle me semble fondemental ? Non ? Goldman Sachs qui joue un rôle dans chacune des crises de dettes publiques est un vendeur de junk-bond. Un accélerant majeur de la destruction des états non ?

  • Archives de Vigile Répondre

    4 juillet 2015

    Les politiciens européens ont fait les mêmes erreurs que les politiciens américains avant la crise financière et bancaire de 2008-09, c’est-à-dire encourager un endettement exagéré avec des garanties de prêts.
    Ce qui a vraiment créé les conditions nécessaires pour une crise financière et bancaire majeure aux Etats-Unis, à compter de 1999 quand la loi dite Glass-Steagall de 1933 fut abolie par le gouvernement de Bill Clinton, fut l’innovation de garanties accordées à des emprunts risqués.
    Aux Etats-Unis, les organismes réglementaires que sont le Trésor américain (contrôlé par les méga banques) et la banque centrale dite de la FED (contrôlée par les méga banques) ont fermé les yeux quand des produits bancaires risqués sont apparus, notamment les fameux produits dérivés adossés à des hypothèques dont on avait artificiellement réduits les risques avec des contrats d’assurance (les fameux Credit Default Swaps ou CDS) contre le défaut de paiement auprès d’institutions telles la grande compagnie d’assurance AIG (American International Group). Ce faisant, on avait encouragé des prêts de plus en plus risqués, notamment un endettement hypothécaire exagéré, lequel conduisit à la création d’une bulle immobilière spéculative qui éclata à partir de 2005 et qui se transforma en crise financière mondiale générale en 2008-09.
    Or, les politiciens européens ont fait la même erreur que les politiciens américains. Dans leur cas, ils ont encouragé l’endettement public des pays les moins riches de la zone euro en fournissant des garanties aux grandes banques si elles leur prêtaient en dépit de risques grandissants. C’est ce qui permit à un gouvernement comme celui de la Grèce, par exemple, de continuer d’emprunter et de s’endetter auprès des grandes banques et d’autres institutions, même quand les prêteurs d’eux-mêmes auraient cessé de prêter si on ne leur avait pas offert des garanties solides en cas de défaut de paiement. Aujourd’hui, la dette grecque en euros représente 177 pourcent de la production annuelle du pays. Quand la dette d’un pays dépasse 100 pourcent du produit intérieur brut (PIB) du pays, les créanciers deviennent nerveux. Ils haussent les taux d’intérêt sur les emprunts et réduisent leurs prêts.
    Mais en Europe, les politiciens ont voulu garder le plus bas possible les taux d’intérêt sur les emprunts des pays les plus économiquement faibles de la zone euro. C’est ainsi qu’ils ont créé en 2010 le Fond européen de stabilité financière (FESF), avec la garantie des États membres, au prorata de leur participation à la Banque centrale européenne. Le FESF a garanti 131 milliards d’euros de la dette grecque. C’est ainsi que les contribuables allemands, par exemple, garantissent pour 41,3 milliards d'euros de dette grecque et que les contribuables français par leur gouvernement assurent pour 31 milliards de cette même dette, et ainsi de suit pour les autres pays membres de la zone euro. On a donc fait d’un problème économique d’endettement un problème politique majeur.
    En effet, les politiciens européens qui ont garanti les emprunts de la Grèce craignent maintenant les répercussions politiques s’ils devaient refiler la facture du défaut de paiement du gouvernement grec à leurs contribuables. D’autres part, les grandes banques, fortes des garanties qu’elles ont obtenues, n’ont aucun intérêt à ‘restructurer’ à la baisse la dette du gouvernement grec. Autrement dit, tout est gelé. Dans une situation normale, les prêteurs devraient assumer seuls les risques encourus en prêtant à un gouvernement déjà surendetté et accepter des pertes.
    Il s’agit d’une situation qui ressemble étrangement à la situation américaine d’avant la crise de 2008-09 quand les prêteurs sur hypothèques ne voulaient pas accepter de réduire les dettes des emprunteurs parce que leurs créances étaient garanties par des contrats d’assurance. On sait comment tout cela s’est réglé. Ce furent les contribuables américains qui furent appelés à sauver les méga banques et les méga sociétés d’assurance, soit directement par le truchement du Trésor américain, soit indirectement par la banque centrale (FED), cette dernière rachetant à prix fort les créances de pacotille des grandes banques. Le même scénario risque de se produire dans la zone euro, que la Grèce reste ou non dans l’union monétaire. Et ce n’est pas le référendum grec de dimanche le 5 juillet qui changera quoi que ce soit à cette situation.