Le ministre des Finances, Jim Flaherty, nous a confirmé jeudi la décision d'Ottawa de revoir le processus d'évaluation environnementale, avec l'intention tout particulièrement de mettre fin à la double évaluation par les provinces et le gouvernement fédéral. Il est vrai qu'il y a là des dédoublements coûteux qui entraînent des délais excessifs. En soi, ce n'est pas une mauvaise chose, mais reste à voir ce qu'il en sera vraiment lorsque le projet de loi annoncé sera déposé.
Les groupes écologiques ont accueilli avec une méfiance extrême cette intention qui, il faut en convenir, doit se lire comme la suite du discours anti-environnemental que tient ce gouvernement depuis qu'il a obtenu une majorité en Chambre. Sa pensée est bien connue. Tout ce qui vient freiner le développement des ressources naturelles, tout spécialement celles des sables bitumineux de l'Alberta, est jugé contraire à la santé économique du Canada. D'où le retrait du Canada de l'accord de Kyoto. D'où les accusations d'illégitimité à l'endroit des groupes écologiques ou groupes de citoyens qui contestent l'un ou l'autre des projets de pipeline pour transporter le pétrole albertain. D'où l'abolition de la Table ronde nationale sur l'environnement.
Le président de l'Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique, André Bélisle, évoquait jeudi, en commentant le budget, la «grande noirceur environnementale» dans laquelle les conservateurs veulent plonger le Canada. Son propos peut paraître exagéré dans la mesure où on ne peut être certain que le pire se produira. Avec n'importe quel autre gouvernement, on pourrait croire que le débat public et le jeu des pouvoirs et contre-pouvoirs finiraient par produire des consensus tout à fait acceptables. Avec les conservateurs, ce n'est pas le cas.
Comme le veut l'expression anglaise «what you see is what you get», on peut croire qu'ils feront ce qu'ils disent qu'ils feront. Depuis leur arrivée au pouvoir, ils ont dit de toutes les manières que l'accord de Kyoto était nuisible à l'économie du Canada. Certes, ils nous disaient qu'ils se donneraient des objectifs réalistes pour réduire les gaz à effet de serre, mais en fin de compte, on n'a eu ni l'un ni l'autre. Le Canada s'est retiré de cet accord et le gouvernement Harper soutient de toutes les façons l'exploitation des sables bitumineux, la plus grande contributrice à l'augmentation de ces gaz.
La décision de revoir le processus d'évaluation environnementale nous avait été télégraphiée au moment où fut entreprise l'évaluation du projet d'oléoduc Northern Gateway qui transportera le pétrole albertain vers la côte du Pacifique. Pour le gouvernement, ce pipeline est essentiel à sa stratégie de développement économique. Il doit se réaliser coûte que coûte. Dans ce contexte, on doit s'inquiéter de ce que pourront devenir les évaluations environnementales à la mode conservatrice. En attendant d'être rassurés, mieux vaut se méfier. André Bélisle pourrait avoir raison.
Budget Flaherty
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