En août 1968, ma curiosité de jeune journaliste m’incita à contourner le verrou américain pour visiter Cuba, l’île révolutionnaire qui tenait pour moi du mythe.
Au Mexique avant l’embarquement, un gaillard de la CIA photographie mon passeport... J’ai alors été «fiché».
À Cuba, les militaires sont méfiants, mais polis. Sur la place de la Révolution, je me mêle à une immense foule et je vois Castro discourir contre le «tourisme corrupteur».
J’ai compris ce qu’il voulait dire en visitant l’Amazonie. Des tribus aux cultures encore passablement pures s’entichaient de Coca Cola, de casquettes des Yankees et de musique américaine.
Rêve réalisé
En 1970, je participe à la première délégation québécoise à visiter la plage de Varadero avec des infrastructures touristiques «tiermondesques».
En 1993, Jean-Guy Allard, du Journal de Québec, réalise mon rêve. M. Allard s’était amouraché d’une jeune Cubaine dont le père dirigeait le Granma, le journal du régime castriste. En audience (de groupe) avec Castro et une traductrice, je lui demande si l’arrivée d’un pied-à-terre de la chaîne CNN à La Havane et l’élection de Bill Clinton augurent un rapprochement avec les États-Unis. Castro se moque de moi et me répond, pendant au moins 30 minutes, que je suis bien naïf si je pense qu’un président démocrate osera contrarier le puissant lobby cubano-américain de Miami.
Nationaliste
À l’instar d’un De Gaulle, Castro ne s’est pas enrichi personnellement (quoi qu’en disent ses ennemis). C’est un nationaliste sincère. C’est pour résister à la mafia de son pays acoquinée au pouvoir yankee qu’il a épousé le communisme. Pas le choix. S’ouvrir, c’était se faire envahir et dominer.
Au lieu d’un régime totalitaire, Castro a opté pour la dictature éclairée avec un excellent système de santé, des médecins à foison et l’éducation gratuite de la pouponnière à l’université. Voilà un homme que le pouvoir absolu n’a pas corrompu absolument... et c’est tout à son honneur.
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
Aucun commentaire trouvé