Les Filles du Roy sont les mères de la ville. Sans elles, il n’y aurait pas eu de Montréal... parce qu’il n’y aurait pas eu de Montréalais! Avant leur arrivée, le déséquilibre entre les sexes était spectaculaire: 19 hommes pour une femme. Les femmes étaient si rares que leur importance en était, pour ainsi dire, accrue.
Les quelques femmes des commencements de Ville-Marie, comme Jeanne Mance et Marguerite Bourgeoys, dont on a parlé plus tôt, ont laissé leur empreinte sur la ville. Les hommes qui arrivaient en Nouvelle-France y venaient par esprit d’aventure et pour courir la chance de s’enrichir. Mais il n’était pas très tentant de s’installer à Montréal pour y fonder une famille. Comme on l’a vu, lorsque Marguerite Bourgeoys est arrivée à Ville-Marie, elle dut renoncer à fonder une école parce que... tous les enfants étaient morts. Pour donner des épouses aux hommes qui étaient tentés de rester pour coloniser la Nouvelle-France, le roi Louis XIV demanda aux prêtres de recruter des orphelines qui préféraient troquer une misère quasi certaine en France contre la possibilité d’une nouvelle chance en Amérique, avec une dot de 50 livres fournie par le roi.
Le détestable mythe des prostituées
Pas question de lancer ces jeunes femmes sitôt débarquées dans les bras de colons trop pressés de les accueillir... C’est à la ferme Saint-Gabriel, à la pointe Saint-Charles, que Marguerite Bourgeoys les reçoit. Elle veille à ce que chacune maîtrise un minimum des techniques ménagères ou agricoles dont elle aura besoin. Rapidement, elles devaient trouver un mari, ce qui ne leur était guère difficile, étant donné le ratio hommes-femmes. Bien sûr, elles préféraient les hommes installés qui avaient des biens et une ferme.
Pendant longtemps, les conquérants anglais ont injustement traité les Filles du Roy de «prostituées importées de France» afin de dénigrer les Canadiens français. Cette fausseté est encore aujourd’hui colportée par des gens que met mal à l’aise l’aspect brutalement marital de ces existences. Il n’y a eu aucun film à leur sujet, ce qui est incroyable! S’il y en avait un, ce serait probablement un brûlot féministe. Nous sommes incapables de regarder cette époque en face ni nos aïeux pour ce qu’ils étaient: des êtres humains.
En tout cas, l’arrivée de ces mères de la nation a donné à Montréal sa première vraie population française. Bientôt, on ne parlera plus de «Montréalistes», ainsi qu’on appelait les pionniers de Ville-Marie, mais de «Montréalais».
Remerciements aux Archives municipales de Montréal
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