En visionnant le reportage de la Sagouine présenté sur RDI le 8 juillet dans le cadre de la série « Tout le monde en parlait », j’ai été littéralement ébloui par le rayonnement qui émanait des visages d’Antonine Maillet et de Viola Leger lorsqu’elles parlaient avec fierté de l’Acadie et de ses habitants.
Connaissant, pour en avoir entendu parler souvent, les talents littéraires de l’auteure, j’ai voulu en connaître davantage sur le personnage de la Sagouine. Viola Léger voit le jour à Fitchburg au Massachusetts, en 1929. Après leur périple américain, les parents de Viola, des acadiens d'origine, retournent habiter en Acadie et c'est là, dans cette région francophone du Nouveau-Brunswick, que Viola grandit et étudie pour devenir enseignante. Elle fait ses études en français, puis enseigne diverses matières, dont les langues secondes et l'histoire. Lors de ses études, elle fait la rencontre d'Antonine Maillet qu'elle a comme professeure, et dès lors une solide amitié se crée entre les deux femmes. En 1967, alors âgée de 38 ans, elle part étudier à l'Université de Boston pour y apprendre à enseigner le théâtre, puis elle s'installe à Paris un an plus tard, pour étudier cette fois à la célèbre École Jacques-Lecoq afin de devenir actrice.
Alors qu'elle est encore à Paris, Viola Léger reçoit un appel d'Antonine Maillet qui lui propose de tenir le rôle principal de sa nouvelle pièce de théâtre,
« La Sagouine ». Elle accepte l'offre. Elle revient au pays, et les deux artistes travaillent ensemble à faire naître ce merveilleux personnage de femme de ménage, ancienne prostituée qui raconte sa vie avec un brin d'humour et une superbe philosophie. C'est ainsi que le 26 novembre 1971, le personnage de La Sagouine prend vie sur la scène d'un théâtre en Acadie, et presqu'un an plus tard, le 9 octobre 1972, au Théâtre du Rideau Vert à Montréal.
Dès lors, les Acadiens, à travers le personnage de la Sagouine, reprennent vie. Le génie littéraire d’Antonine Maillet allié au talent théâtral remarquable de Viola Léger vont contribuer à remettre sur la carte la fierté d’un peuple dont l’identité avait été enfouie dans les pages sombres de l’histoire de sa déportation décrétée en anglais le 3 septembre 1755 par le lieutenant-colonel John Winslow dans l’église Saint-Charles-des-Mines de Grand-Pré.
En 2012, Le Pays de la Sagouine célèbre ses 20 ans d'existence. Un véritable village théâtral vivant, unique de par sa vivacité et son originalité, qui s'éveille chaque fois que les visiteurs mettent pied sur l'Île-aux-Puces. C'est tout d'abord un lieu de rencontre où l'imaginaire d'Antonine Maillet donne vie à de nombreux personnages, tous plus attachants les uns que les autres. Une visite au Pays de la Sagouine nous plonge dans un tourbillon de musique et de théâtre, une joie de vivre typiquement acadienne.
Étant l'un des plus importants employeurs acadiens des arts de la scène, Le Pays de la Sagouine est un ambassadeur de l'Acadie et une porte d'entrée pour le monde entier. Organisme à but non lucratif, Le Pays de la Sagouine est un lieu d'exposition et un joyau du patrimoine qui rassemble histoires, traditions, légendes et joie de vivre du peuple acadien.
Le Pays de la Sagouine est aussi la plus grande plateforme pour présenter et développer le talent acadien. Depuis son ouverture en 1992, le Pays de la Sagouine a accueilli plus de 1,4 million de visiteurs et se veut l'un des moteurs économiques touristiques de la grande région de Kent au Nouveau-Brunswick.
À mon sens, les Acadiens incarnent l’image d’un peuple dont le déracinement a stigmatisé à jamais son courage et sa fierté qui ont marqué ce coin de pays qui a su retourner le sens de l’histoire en s’imposant comme un peuple debout et tourné résolument vers son identité profonde et ses valeurs ancestrales…un modèle duquel les Québécois auraient avantage à s’inspirer dans la conquête de leur indépendance!
Henri Marineau
Québec
Les Acadiens à travers la Sagouine...
La fierté d'un peuple
Un modèle duquel les Québécois auraient avantage à s'inspirer!
Tribune libre
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Né dans le quartier Limoilou de Québec en 1947, Henri Marineau fait ses études classiques à l’Externat Classique Saint-Jean-Eudes entre 1959 et 1968. Il s’inscrit par la suite en linguistique à l’Université Laval où il obtient son baccalauréat et son diplô...
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Né dans le quartier Limoilou de Québec en 1947, Henri Marineau fait ses études classiques à l’Externat Classique Saint-Jean-Eudes entre 1959 et 1968. Il s’inscrit par la suite en linguistique à l’Université Laval où il obtient son baccalauréat et son diplôme de l’École Normale Supérieure en 1972. Cette année-là, il entre au Collège des Jésuites de Québec à titre de professeur de français et participe activement à la mise sur pied du Collège Saint-Charles-Garnier en 1984. Depuis lors, en plus de ses charges d’enseignement, M. Marineau occupe divers postes de responsabilités au sein de l’équipe du Collège Saint-Charles-Garnier entre autres, ceux de responsables des élèves, de directeur des services pédagogiques et de directeur général. Après une carrière de trente-et-un ans dans le monde de l’éducation, M. Marineau prend sa retraite en juin 2003. À partir de ce moment-là, il arpente la route des écritures qui le conduira sur des chemins aussi variés que la biographie, le roman, la satire, le théâtre, le conte, la poésie et la chronique. Pour en connaître davantage sur ses écrits, vous pouvez consulter son site personnel au www.henrimarineau.com
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3 commentaires
Serge Jean Répondre
10 juillet 2012Cayouche qui chante le peuple et que j'aime beaucoup,ainsi que son excellent violoniste et aussi le bassiste, donc Cayouche ou monsieur Gagnon a dit un jour lors d'un spectacle que je ne manque jamais d'aller voir lorsqu'il se produit dans les parages, eh donc il a dit: « Vous z'autres au moins,vous avez une province, nous z'autres on a même pas ça.»
Il ne faisait pas ce commentaire dans le sens que nous les québécois, devrions fermer notre gueule et endurer, non; il voulait dire que ce n'est pas facile de partir de pas grand chose quand on vous a tout volé et quasiment exterminé. En tout cas moi c'est ce que j'ai ressentis dans ce qu'il avait dit.
Bref pour moi les Acadiens sont comme nous avec les mêmes ancêtres venus de France, mais avec une histoire différente géographiquement. Ce sont nos frères et soeurs.
Jean
Archives de Vigile Répondre
10 juillet 2012Un peuple cependant qui n'a pas de volonté d'indépendance et cela c'est vraiment dommage et triste.
Nous au moins au Québec, on a un territoire et des institutions comme l'Assemblée Nationale.
Eux, ils ont une portion de territoire, ils sont en minorité et n'ont pas d'Assemblée nationale acadienne.
Quel est le destin de ce peuple sans indépendance possible?
Je ne sais pas.
Pierre Cloutier
Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre
10 juillet 2012..." peuple debout et tourné résolument vers son identité profonde et ses valeurs ancestrales…un modèle duquel les Québécois auraient avantage à s’inspirer dans la conquête de leur indépendance !" (H.M.)
On ne peut jamais parler à la légère des Acadiens mais il est permis de faire quelques observations.
À l'origine, de mémoire, quelques années seulement séparent l'arrivée des Acadiens de celle de Champlain... et quelques centaines de kilomètres du territoire (voir l'île Ste-Croix).
Pourtant, ils refusent de se considérer du même peuple que nous. Ils nous affrontent même, systématiquement, dans chacun de nos essais de libération. Mme Maillet répète avec entêtement que si elle est là, parlant français, c'est que les Acadiens ne sont toujours pas morts... Elle fait fi des taux d'assimilation enregistrés dans le Canada français et en Acadie.
Le Grand Dérangement, génocide que leur a assené l'Empire britannique, les a réduits au niveau de réserve. Comme les Amérindiens, fiers et incorruptibles, ils sont utilisés, consentants, par le gouvernement fédéral comme objets de parade qu'on exhibe aux fêtes pour mimer un pays multinational.
Ceci n'est pas méprisant puisque les Québécois sont utilisés de la même manière aux Jeux Olympiques et sports professionnels... tant pis pour les commotions cérébrales.