Le parti Les Républicains est « rassemblé et déterminé » derrière son candidat à la présidentielle François Fillon, ont assuré lundi soir les ténors du mouvement à l’issue d’une réunion de crise à Paris.
« Le comité politique a renouvelé à l’unaminité son soutien à François Fillon », a déclaré le président du Sénat Gérard Larcher, en ajoutant que « les Républicains sont donc rassemblés et déterminés » autour de leur candidat, empêtré dans un scandale d’emplois fictifs présumés qui lui a valu de nombreuses défections.
La droite française cherchait désespérément lundi une sortie de crise alors que François Fillon s’obstine à maintenir sa candidature.
Pressé par une partie de son camp de lui suppléer, Alain Juppé, finaliste malheureux de la primaire de la droite, a renoncé à servir de recours, étrillant au passage l’« obstination » de son ancien rival.
« Je confirme une bonne fois pour toutes que je ne serai pas candidat à la présidence de la République », a déclaré lundi à la presse l’ancien premier ministre, 71 ans, en expliquant d’un air grave qu’il n’incarnait pas le « renouvellement ».
« Quel gâchis. François Fillon avait un boulevard devant lui », a-t-il lâché. Mais « le déclenchement des investigations de la justice à son encontre et son système de défense fondé sur la dénonciation d’un prétendu complot [...] l’ont conduit dans une impasse », a-t-il déploré à sept semaines du scrutin.
François Fillon était donné favori pour succéder en mai au socialiste François Hollande à l’Élysée jusqu’à la révélation en début d’année de salaires d’assistants parlementaires payés sur les derniers publics à son épouse, Penelope, et à deux de ses enfants. Ses déboires ont profité à la chef de file de l’extrême droite, Marine Le Pen, et au centriste Emmanuel Macron qui le devance dans les sondages.
Se choisir un successeur
Après le renoncement d’Alain Juppé, des proches de l’ancien président de droite Nicolas Sarkozy (2007-2012) sont à leur tour montés au créneau lundi pour demander à François Fillon de jeter l’éponge afin de sauver son camp de la déroute.
« La ligne politique de Fillon est la bonne, mais ce dernier ne pouvant plus assurer l’unité de la famille politique de la droite et du centre, nous lui demandons de prendre ses responsabilités et de se choisir lui-même un successeur », ont-ils expliqué à l’AFP après s’être réunis avec M. Sarkozy.
L’ex-président a proposé une réunion avec François Fillon, son ancien premier ministre, et Alain Juppé, qui pourrait avoir lieu mardi après-midi, au lendemain d’une réunion de crise du comité politique du parti de droite prévue lundi à 17 h GMT. « Face à la gravité de la situation, [...] chacun a le devoir de tout faire pour préserver l’unité », a-t-il dit dans un communiqué en appelant à « trouver une voie digne et crédible à une situation qui ne peut plus durer ».
Plus de 300 élus de la droite ont d’ores et déjà abandonné François Fillon, dont son directeur de cabinet et son porte-parole.
Jean-Christophe Lagarde, président du parti centriste UDI, qui a lui aussi claqué la porte, estime que la droite doit « changer de candidat pour avoir une chance de gagner», car François Fillon ne « rassemble plus personne ».
François Fillon, 63 ans, a malgré tout poursuivi lundi sa campagne en s’exprimant devant des chefs de petites et moyennes entreprises, sans un mot sur les remous qui agitent son parti.
Dimanche, il avait de nouveau exclu de se désister en affirmant que « personne ne peut aujourd’hui l’empêcher d’être candidat ».
La «menace» Le Pen
Convoqué par les juges le 15 mars pour une probable inculpation, le candidat conservateur a réuni dimanche des dizaines de milliers de partisans à Paris — 200 000 selon son entourage, 50 000 selon la police.
La droite redoute d’être « privée de l’alternance », cinq ans après l’échec de Nicolas Sarkozy face à François Hollande. Les enquêtes d’opinion donnent désormais le candidat conservateur éliminé dès le premier tour programmé le 23 avril.
« Jamais sous la Ve République, une élection présidentielle ne s’était présentée de façon aussi confuse », avec une gauche « déboussolée », une extrême droite qui « en rajoute dans le fanatisme anti-européen » et la popularité croissante d’Emmanuel Macron, malgré son « immaturité politique » et la « faiblesse » de son projet, a analysé lundi M. Juppé.
> Lire la suite de l'article sur Le Devoir
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
Aucun commentaire trouvé