La disparition du fédéral

L'idée fédérale



Il y a cinq mois, l'Assemblée nationale adoptait une motion unanime réclamant que le gouvernement fédéral cède à la province tous les terrains dont il est propriétaire sur la colline parlementaire à Québec. «Je ne crois pas qu'une nation doive laisser à une autre la protection de son patrimoine», a lancé Pauline Marois.
Au fil des décennies, le gouvernement du Québec a à plusieurs reprises voulu devenir propriétaire du lot se situant juste devant l'Hôtel du Parlement. Cet été, le gouvernement Harper a acquiescé à cette demande. Dossier réglé? Non.

À la suite de la motion adoptée à l'Assemblée, le gouvernement Charest est devenu plus gourmand. Il demande maintenant que le fédéral se départe aussi de trois lots situés à l'est, entre la Fontaine de Tourny et les fortifications. Pour Ottawa, il n'en est pas question. Ces lots font partie du Lieu historique national des Fortifications-de-Québec, un site préservé par le gouvernement du Canada au même titre que des dizaines d'autres d'un bout à l'autre du pays.
On voit ici poindre une attitude typique du gouvernement du Québec dans ses relations avec Ottawa: peu importe les concessions faites par ce dernier, il en faut toujours plus.
Le ministre des Affaires intergouvernementales canadiennes, Claude Béchard, estime que le gouvernement conservateur devrait céder les terrains parce que les fortifications «appartiennent d'abord aux 400 ans d'histoire de la Ville de Québec». Encore une fois, une attitude typique: tout ce qui concerne la province doit être géré par le gouvernement du Québec. Et si les fortifications concernent l'histoire du Canada tout entier? Si le Québec n'en subit aucun préjudice? Si, comme c'est le cas pour les fortifications, les fonctionnaires fédéraux font de l'excellent travail? Ça ne compte pas.
L'argument du ministre Béchard est également révélateur parce qu'il laisse entendre que le gouvernement du Canada n'est pas le gouvernement des Québécois. Un tel point de vue va à l'encontre des principes mêmes du fédéralisme. Les libéraux abdiquent ici, comme ils le font souvent, devant la thèse indépendantiste selon laquelle le gouvernement fédéral est celui d'«une autre nation».
On retrouve exactement la même approche dans le dossier de la culture. Libéraux autant que péquistes réclament le rapatriement à Québec des institutions fédérales qui s'occupent de culture, tels l'Office national du film et le Conseil des arts du Canada. Ces institutions ont-elles mal servi le Québec? Au contraire. Peu importe, «le Québec aux Québécois!»
Les partis provinciaux dénoncent la centralisation fédérale, mais c'est la tendance contraire qui prévaut. Les motions unanimes se succèdent, les concessions fédérales aussi, et les Québécois ont de moins en moins de contacts avec le gouvernement du Canada. Les indépendantistes, en particulier, cherchent à faire disparaître toute trace du fédéral en territoire québécois; après les terrains devant le parlement, on réclamera les plaines d'Abraham. La présence du Bloc à Ottawa découle de la même stratégie: si les Québécois sont moins nombreux au sein du cabinet fédéral, celui-ci nous paraîtra de plus en plus étranger.
L'objectif ultime est patent, mais les politiciens fédéralistes sont trop couards ou trop malhabiles pour s'interposer efficacement: moins le Canada sera présent dans nos vies, plus il sera facile de s'en séparer.

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André Pratte878 articles

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[une chronique intitulée « Tout est pourri » (critique de Anne-Marie Gingras) ->http://books.google.fr/books?id=EZWguAMXAtsC&pg=PA27-IA27&lpg=PA27-IA27&dq=pratte+Tout+est+pourri&source=bl&ots=MUti9NTQuH&sig=h2zgJlLgOg844j5ejxnUl4zH2_s&hl=fr&sa=X&ei=73RrT8aQEqnh0QHuh4GyBg&ved=0CEEQ6AEwBQ#v=onepage&q=pratte%20Tout%20est%20pourri&f=false]

[Semaine après semaine, ce petit monsieur nous convie à la petitesse->http://www.pierrefalardeau.com/index.php?option=com_content&task=view&id=30&Itemid=2]. Notre statut de minoritaires braillards, il le célèbre, en fait la promotion, le porte comme un étendard avec des trémolos orwelliens : « La dépendance, c’est l’indépendance ». « La soumission, c’est la liberté ». « La provincialisation, c’est la vraie souveraineté ». « La petitesse, c’est la grandeur ». Pour lui, un demi-strapontin à l’Unesco est une immense victoire pour notre peuple. C’est la seule politique étrangère qu’il arrive à imaginer pour le peuple québécois. Mais cet intellectuel colonisé type n’est pas seul. Power Corp. et Radio-Cadenas en engagent à la poche.





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