Le reportage du Téléjournal de Radio-Canada sur la censure à l’université a probablement choqué ceux qui s’imaginent encore qu’elle valorise la liberté intellectuelle. Mais ceux qui sont familiers avec elle ne pouvaient pas feindre la surprise.
D’un côté, on trouvait une jeune fille plutôt à droite subissant la censure d’une association étudiante.
De l’autre, on trouvait la porte-parole de cette association, pratiquant fièrement la censure.
Censure
Ce qui est dramatique, c’est que cette dernière est assez représentative de la nouvelle génération militante à gauche qui prétend redéfinir le débat public en en excluant ceux qui ne se réclament pas de ses dogmes.
Quelques exemples. On trouve ainsi des militants antiracistes qui veulent décider qui aura droit ou non à la parole publique. Leur objectif : en priver les racistes. Certains diront : pourquoi pas ?
Sauf qu’on constate que nos antiracistes ont une définition très large du racisme. Vous critiquez le multiculturalisme ou l’immigration massive ? Vous vous demandez dans quelle mesure l’islam parvient à s’intégrer aux sociétés occidentales ? On pourra à tout moment vous traiter de raciste.
Pire encore : si vous contestez l’idée que le racisme systémique structure notre société, on pourra aussi vous accuser de racisme. Il faut voir le monde comme ces militants endoctrinés ou se condamner à l’ostracisme médiatico-politique.
Je parle de l’antiracisme qui devient fou, mais je pourrais aussi évoquer le féminisme radical qui voit du sexisme partout. Ou encore, la mouvance trans, en croisade contre une supposée transphobie généralisée, et qui balance des injures à ceux qui voient le monde autrement.
Partout, en toutes circonstances, les indignés professionnels surveillent la parole publique, à la recherche de propos à dénoncer. C’est la dictature des minorités haineuses.
Ces censeurs fiers de l’être dénaturent l’université, souvent avec la complicité des autorités universitaires, trop lâches pour défendre leur institution, et la collaboration de professeurs-militants qui confondent savoir et idéologie.
Ces censeurs sont tellement ivres de vertu et tellement convaincus d’avoir le monopole de la vérité que la simple expression d’un point de vue différent du leur semble être un scandale.
Ils nous disent : la liberté d’expression ne doit pas servir à exprimer des idées qui pourraient être offensantes pour telle ou telle minorité. En gros, ils veulent nous imposer leur définition du blasphème identitaire.
Certains, pour jouer les grands équilibristes, nous disent qu’on doit trouver un équilibre entre la liberté d’expression et l’encadrement des propos controversés.
C’est une fausse sagesse.
Politiquement correct
Car qui distinguera entre les propos controversés et ceux qui ne le sont pas ? Les minorités idéologiques hystériques pour qui le désaccord est une offense ? Une autorité surplombante composée d’experts biaisés ?
Et les propos controversés des uns sont souvent les propos lumineux des autres.
Il faut en revenir au simple bon sens : les universités doivent prendre les moyens nécessaires pour restaurer un climat intellectuel propice à la liberté intellectuelle et faire comprendre aux sectes idéologiques que leur règne est terminé.
Mais cela exigera du courage. Car c’est toute la société qui est soumise au politiquement correct.