IMMIGRATION

La crise du logement, l’immigration et les intérêts mercantiles du Conseil du patronat

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Chronique de Charles Gaudreault

Le 18 juillet dernier, le Journal de Montréal publiait une lettre dans laquelle j’expliquais que si la construction de nouveaux logements ne suit pas la croissance de la demande, on pourrait s’attendre à ce que la crise du logement s’amplifie. Je démontrais que comme la demande en logements est liée à la croissance de la population et que la croissance de la population est majoritairement* alimentée par l’immigration, l’augmentation ou la diminution des seuils migratoires aurait certainement un effet important sur la crise du logement dans le cas où la construction de logements ne suivrait pas la demande.




*À titre de référence, en 2036, 80% de la croissance de la population canadienne sera attribuable à l’immigration selon Statistique Canada. 




Le 22 juillet suivant, Karl Blackburn, président et chef de la direction du conseil du patronat du Québec, répondait à cette lettre en proposant de régler le problème de la crise du logement en acceptant plus d’immigrants. Résumons : l’immigration fait croitre la population, la croissance de la population fait augmenter la demande en logements et pour régler le problème le Conseil du patronat suggère de prendre encore plus d’immigrants. Ça ne tient pas la route. Mes projections démontrent que de faire passer le nombre d’immigrants de 60 000 par an à 90 000 par an nécessite que l’on construise deux fois plus d’habitations entre 2014 et 2052 pour subvenir à la demande.




Étrangement, l’opinion du conseil du patronat ne semble pas partagée chez les économistes. Plus tôt cette année, Jean-François Perrault, économiste en chef de la Banque Scotia, affirmait que « depuis 2015, nous avons vu une augmentation énorme de l’immigration qui a amplifié la pression sur le marché immobilier ».

La lettre de Karl Blackburn est un exercice de communication visant à défendre les intérêts du patronat car après tout, l’augmentation des seuils migratoires est profitable pour les entreprises québécoises. D’ailleurs les chercheurs Abdurrahman Aydemir (Statistique Canada) et George J. Borjas (Université Harvard) ont démontré que « depuis 1960, chaque augmentation de 10 % de l'offre de main-d'oeuvre provoquée par l'immigration aurait fait baisser les gains hebdomadaires des travailleurs de 3 à 4 % » dans une étude publiée au National Bureau of Economic Research. 




Bref, quand le Conseil du patronat parle d’immigration ce n’est jamais de manière désintéressée.


Charles Gaudreault, Ingénieur M.Sc.A,

Chercheur indépendant

Québec



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