Géopolitique

La Chine suspend le traité d'extradition liant Hong Kong et le Canada

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La guerre froide contre la Chine se réchauffe


La Chine a suspendu mardi le traité d’extradition liant Hong Kong au Canada. Il s'agit d'une réplique à la décision du gouvernement Trudeau de faire de même pour protester contre la nouvelle loi sur la sécurité que Pékin a imposée à l’ancienne colonie britannique.




Les accords d’extradition liant Hong Kong au Royaume-Uni et à l’Australie, deux autres pays qui ont adopté la même politique que le Canada, ont également été mis en veilleuse par le gouvernement chinois.


Ces actions erronées [...] ont gravement porté atteinte aux fondements de la coopération judiciaire, a déclaré à la presse Wang Wenbin, un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.



La Chine a décidé de suspendre les traités d'extradition entre Hong Kong et le Canada, l'Australie et le Royaume-Uni, ainsi que les accords de coopération en matière de justice pénale.


Wang Wenbin, porte-parole de la diplomatie chinoise


Ottawa n’a pas encore réagi à la décision de la Chine.



En annonçant la suspension du traité d’extradition entre Ottawa et Hong Kong, le 3 juillet, le premier ministre canadien Justin Trudeau avait dit entretenir de graves préoccupations par rapport à la nouvelle loi sur la sécurité chinoise, entrée en vigueur le 30 juin.


Le Canada croit fermement au principe d'un pays, deux systèmes, avait-il dit, en référence à la politique chinoise censée garantir aux Hongkongais des libertés sans égales ailleurs en Chine jusqu'en 2047, soit 50 ans après la rétrocession du territoire par le Royaume-Uni.


M. Trudeau avait indiqué par la même occasion que les exportations de biens sensibles vers Hong Kong seraient dorénavant traitées comme celles de la Chine, et que l’exportation de matériel militaire vers l'ex-colonie britannique serait interdite.


Un autre membre des Five Eyes emboîte le pas au Canada


La Nouvelle-Zélande risque de subir le même sort prochainement, puisque le gouvernement de la première ministre Jacinda Ardern a annoncé mardi qu’il suspendait lui aussi son traité d’extradition avec Hong Kong.



La Nouvelle-Zélande ne peut plus avoir confiance dans l'indépendance suffisante du système judiciaire de Hong Kong vis-à-vis de la Chine. Si la Chine montre à l'avenir qu'elle adhère au principe "un pays, deux systèmes", nous pourrions alors reconsidérer cette décision.


Winston Peters, ministre des Affaires étrangères de la Nouvelle-Zélande


M. Peters a aussi indiqué que Hong Kong serait traitée de la même manière que la Chine pour les exportations de technologies militaires et à double usage, dans le cadre d'un examen de l'ensemble des relations que la Nouvelle-Zélande entretient avec le territoire.



Dans un communiqué sur son site, l'ambassade de Chine en Nouvelle-Zélande a dénoncé une violation des lois internationales et une ingérence flagrante dans les affaires internes de la Chine.


Elle évoque sa vive inquiétude et sa ferme opposition à la décision du gouvernement Ardern.


Dans l'attente d'une décision similaire à Washington


À l’instar du Canada, du Royaume-Uni et de l’Australie, la Nouvelle-Zélande est membre des Five Eyes, une alliance de services de renseignements réunissant aussi les États-Unis.


Washington a également laissé entendre qu’il allait suspendre son traité d’extradition avec Hong Kong, mais ne l’a pas encore fait.


L’administration Trump a cependant adopté d’autres mesures pour protester contre la loi chinoise. Elle a notamment révoqué le statut spécial accordé au territoire.


La loi chinoise sur la sécurité permet notamment pour la première fois à des agents chinois de s'installer à Hong Kong et d'extrader des suspects vers la Chine continentale.


Pékin considère qu’elle est indispensable pour ramener l'ordre à Hong Kong, après les manifestations prodémocratie parfois violentes de l'an dernier.


Une politique visant à extrader des prévenus hongkongais vers la Chine avait mis le feu aux poudres.


Les détracteurs de la loi y voient toutefois une dérive autoritaire susceptible d’éroder les libertés civiles et les droits de la personne des quelque 7,5 millions de citoyens de Hong Kong.


Depuis 1997, Hong Kong jouit d'une large autonomie par rapport à la Chine continentale, dirigée par le Parti communiste. Ses habitants doivent notamment y bénéficier de la liberté d'expression, de la liberté de la presse et d'une justice indépendante.


Des mesures européennes sur le point d'être adoptées


L'Union européenne (UE) va aussi limiter les exportations d'équipements utilisables pour la surveillance et la répression à Hong Kong pour dénoncer l'application de la loi chinoise sur la sécurité imposée par Pékin, selon une source diplomatique de l'AFP à Bruxelles.


Cette mesure et d'autres dispositions pour soutenir la population de Hong Kong doivent être formellement adoptées mardi soir, deux semaines après avoir fait l'objet de discussions lors d'une rencontre des ministres des Affaires étrangères des États membres dans la capitale belge.


L'application de la loi sur la sécurité imposée par Pékin à Hong Kong va avoir un impact sur les relations de l'UE avec la Chine, avait annoncé le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell.


Les mesures doivent avoir un impact sur les exportations d'armes, y compris celles à double usage, civil et militaire. Nous considérons logique de traiter Hong Kong de la même manière que la Chine continentale, qui est déjà frappée par ce genre de mesures, avait expliqué le chef de la diplomatie allemande, Heiko Maas, lors de la réunion avec ses homologues, le 13 juillet.


Un volet des mesures approuvées mardi par l'UE vise à soutenir la population de l'ancienne colonie britannique et lui permettre de se rendre facilement en Europe grâce à l'octroi de visas, de bourses et d'échanges d'universitaires, a-t-on précisé.




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