Après le référendum symbolique de novembre dernier, le mouvement indépendantiste catalan semblait s'être essoufflé. Mais de nouveau rassemblé et conquérant, il inquiète Madrid, qui craint le scrutin régional anticipé de cet automne.
Le pouvoir catalan se dit prêt. Prêt à quitter le giron madrilène et à devenir une région indépendante, au sein de l'Union européenne. Un projet qui fait grincer quelques dents au sein du pouvoir central, d'autant plus que les nationalistes ont des atouts dans leur manche.
La stratégie du président de la région de Barcelone est assez limpide: «jouer le tout pour le tout» ! Artur Mas devrait annoncer lundi 3 août qu'il allait convoquer, par décret, les électeurs aux urnes dès le 27 septembre prochain pour renouveler le Parlement local. Un scrutin anticipé qu'il présente déjà comme «plébiscite sur l'indépendance».
Si cette année avait été marquée par la mise en sourdine des sentiments indépendantistes en Catalogne, et ce malgré le score sans appel obtenu lors du référendum symbolique de novembre dernier lors duquel 80% des Catalans s'étaient prononcés pour l'autonomie de leur région, les mouvements nationalistes aussi divers que variés semblent reprendre du poil de la bête, et affichent désormais une mine conquérante. Ces derniers sont en effet parvenus à se mettre d'accord autour d'une liste commune, ce qui pourrait bien leur permettre de rafler la majorité absolue au Parlement de Barcelone lors des élections anticipées de l'automne...et ainsi obtenir la capacité politique de voter la sécession.
Une banque centrale et une administration parallèle
Rassemblés sous la bannière «Ensemble pour le oui», les Conservateurs d'Artur Mas font donc alliance avec Esquerra Republicana, à Gauche, et le CUP, un petit parti anticapitaliste. En cas de victoire, ces mouvements promettent de faire aboutir en 18 mois seulement l'indépendance de la Catalogne. Un projet auquel le président régional se prépare d'ailleurs depuis des mois. Après avoir présenté son modèle d'administration fiscale en cas de sécession, qui comprendrait une banque centrale, Artur Mas a également avoué que ses équipes étaient en train de plancher sur la création d'une administration parallèle capable d'assumer les compétences étatiques, détenues jusqu'ici par Madrid. La Catalogne, qui se situe au Nord-est de l'Espagne est une région de 7,5 millions d'habitants, opulente, puisqu'elle produit à elle-seule 1/5 des richesses espagnoles !
La réaction du pouvoir central à cette nouvelle annonce du turbulent Artur Mas ne s'est pas fait attendre. Mariano Rajoy, le chef du gouvernement espagnol, a ainsi déclaré : «Il n'y aura pas d'indépendance de la Catalogne». Certains ministres ont brandi le bâton et promis qu'en cas d'indépendance, l'article 155 de la Constitution espagnole pourrait être utilisé afin de «suspendre l'autonomie d'une région, si elle viole le droit». Une menace peu goûtée par les indépendantistes catalans, qui ont répliqué vertement que dans ce cas, ils déclareraient «d'emblée la sécession».
A deux mois du scrutin, pro et anti-indépendance seraient au coude à coude dans les sondages. Mais selon les observateurs, le front légitimiste pourrait être rapidement fragilisé par le manque de cohésion politique entre les différentes sensibilités qui le représentent. En effet, pour espérer ravir la victoire aux nationalistes, Socialistes, Chrétiens-Démocartes et le mouvement local de Podemos devront parvenir à créer une alliance et parler d'une même voix.
«Il n'y a plus de marche arrière» a ainsi assuré confiant la tête de liste indépendantiste, Raul Romeva, certain que le mouvement sécessionniste transcende bien, lui, les idéologies.
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
Aucun commentaire trouvé