La CAQ serait-elle en train de déclasser le PQ comme premier parti chez les francophones? Certains sondages récents le suggèrent. Faut-il les prendre au sérieux?
Dans un Québec habitué à un affrontement entre péquistes et libéraux, on a l’habitude de mépriser le tiers parti qui trouble nos chicanes ancestrales. On s’imagine qu’il représente un phénomène superficiel.
On disait cela de l’ADQ. On aime dire la même chose de la CAQ. Il faut dire que notre système électoral et parlementaire favorise le bipartisme. On a toujours tendance, alors, à prendre le troisième parti pour une anomalie.
Anomalie ?
Il faudrait pourtant s’y faire: de l’ADQ à la CAQ, c’est un courant politique à part entière qui a pris forme. Il se pourrait que les circonstances actuelles l’avantagent.
On aime dire que la CAQ est un parti opportuniste, difficile à définir idéologiquement. Certes, la CAQ a souvent changé de stratégie. Mais pour l’essentiel, son identité politique est facile à définir.
Sur le plan national, la CAQ est un parti nationaliste qui n’est pas souverainiste. Faut-il dire pour autant qu’elle est fédéraliste? C’est plus compliqué.
François Legault a été favorable à l’indépendance pendant l’essentiel de son existence.
Il s’est toutefois convaincu qu’elle n’arriverait jamais et qu’il fallait passer à autre chose. Réalisme ou défaitisme? Chacun jugera. Il est possible que bien des Québécois partagent ce sentiment.
La CAQ ne parle pas de constitution, mais tient un discours ferme sur l’identité québécoise et veut rassembler ceux qui s’opposent aux accommodements raisonnables. La CAQ misera sur ce créneau pour déclasser le PQ comme l’ADQ l’avait fait en 2007.
Il faut dire que les péquistes ont mauvaise conscience une journée sur deux en matière identitaire.
Sur le plan social, la CAQ est un parti de centre droit. Il se veut critique de la bureaucratie. Il fait le procès de la faillite des services publics. Ces critiques ne sont pas sans fondement, même si la CAQ les exprime souvent de manière caricaturale.
Le projet de la CAQ, c’est de remplacer le PQ en le présentant comme le vestige d’une autre époque, accroché à une souveraineté qui n’arrivera pas et à un modèle social qui ne fonctionne plus.
Droite
Et jusqu’aux élections, elle répétera qu’elle est mieux placée que le PQ pour renverser les libéraux.
Il se peut que de plus en plus de Québécois soient sensibles à ce discours. Ils sont trop fatigués pour faire l’indépendance, mais il leur reste assez de dignité pour vouloir en finir avec le PLQ.
Chose certaine, le PQ, s’il veut éviter son remplacement par la CAQ, devra tendre la main aux francophones qui sont prêts à passer d’un parti bleu à un autre pour en finir avec les rouges.
Autrement dit, le PQ devra s’intéresser aux électeurs qui penchent plus à droite qu’à gauche.
Pourra-t-il leur parler sans dédain, sans mépris et sans les sermonner parce qu’ils ne sont pas assez «progressistes»? Ça reste à voir.
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