Le nom sur toutes les lèvres en cette rentrée parlementaire de la dernière chance : Gaétan Barrette. Alors que les libéraux doivent impérativement marquer des points, plusieurs se demandent si l’impulsif ministre de la Santé ne deviendra pas leur talon d’Achille.
Gaétan Barrette a entrepris son mandat avec fougue, enclenchant des réformes audacieuses qui ont notamment permis à un million de Québécois d’obtenir un médecin de famille et d’abaisser le coût des médicaments.
Mais, à la fois convaincu du bien-fondé de ses actions et incapable de maîtriser ses élans, il rudoierait mère Teresa si elle se plaçait en travers de son chemin.
Comme si aucune lumière ne s’allumait sur son tableau de bord pour l’alerter des risques de dommages politiques.
C’est ce qui est arrivé la semaine dernière lorsqu’il a accusé les syndicats d’infirmières de nuire au recrutement, après que la jeune Émilie Ricard ait courageusement dénoncé des conditions inhumaines de pratique dans les hôpitaux.
S’en prendre au visage le plus bienfaisant des services de santé, alors que les libéraux ont besoin de reconnecter avec les Québécois à huit mois de l’élection, n’était pas génial.
«Ce n’était pas la bonne stratégie à adopter», a admis d’emblée un élu libéral que nous avons sondé, ajoutant « qu’il faut faire attention à l’empathie qu’on projette».
ENCORE APPUYÉ
Toutefois, il ne craint pas que l’impétueux ministre devienne une cible trop facile pour les adversaires qui veulent, à travers lui, couler le gouvernement Couillard.
«Ce n’est quand même pas nouveau, il est ciblé depuis quatre ans. On sait qu’il peut y avoir des dérapages, mais la plupart des collègues, on est derrière Gaétan», a ajouté le député.
Un autre a témoigné sa solidarité à l’égard du titulaire de la Santé, tout en souhaitant une correction du discours.
«Gaétan, il finit ça rough, mais il est comme l’ensemble du gouvernement. Il ne faut pas parler aux citoyens comme on parle en négociant avec des syndicats, il faut s’ajuster et mieux passer le message», a résumé cet autre élu.
Le ministre a montré mardi qu’il avait saisi, en adoptant un ton beaucoup plus doux au Salon bleu, et en affichant une grande ouverture avant sa rencontre avec le syndicat des infirmières. Seulement, il demeure à risque d’exploser.
RÉALISTES
La situation intenable des infirmières combinée à la hausse constante de la CAQ a teinté la rentrée.
Jeudi dernier, Philippe Couillard avait annoncé sans trop de conviction qu’il assouplirait les règles des congés parentaux.
Au terme du caucus de ses députés, il semblait conscient de tirer à blanc, la semaine ayant été marquée par le combat des soignantes épuisées et ses propos malhabiles sur l’argent versé en trop par les Québécois.
Derrière les portes closes, plusieurs députés ont exprimé leur préoccupation.
«On n’est pas défaitiste, mais réaliste. La CAQ résonne dans plusieurs régions et il faut définir François Legault rapidement», a confié une de nos sources.
Un membre du gouvernement se disait satisfait du point de presse du premier ministre.
Mais quand ton équipe tire de l’arrière 3-1 en 3e période, tu ne peux pas te contenter de jouer la trappe...