Une fois n’est pas coutume : une information, pourtant de première classe, du Canard enchaîné vient de faire pschiiit, comme aurait dit Jacques Chirac. De quoi s’agit-il ? Tout simplement de la phase finale – terminale ? – de la réintégration de la France dans l’OTAN, réintégration par ailleurs entamée avec la même discrétion en 1996 par le traité de Séville, diligenté à l’époque par le même Jacques Chirac.
Comme toujours, dans ces coups bas venus de haut, le texte du 4 janvier dernier, entériné au Conseil des ministres, porte la marque d’un jésuitisme des plus sibyllins, qui autorise « l’accession de la France au protocole sur le statut des quartiers généraux militaires internationaux créés en vertu du traité de l’Atlantique Nord ». Cela signifie-t-il, à plus ou moins long terme, l’installation de bases militaires américaines en France, comme sous la IVe République ? Pas vraiment. Pas comme ça. Un peu, quand même, mais pas trop.
En substance, nous dit le texte incriminé : « En 2009, la France a décidé de réintégrer la structure de commandement de l’OTAN. En conséquence, elle a recommencé à accueillir du personnel de l’Organisation dans ses quartiers généraux militaires sans que ses QG ne bénéficient toutefois d’aucun statut international. Seuls des arrangements de circonstance ont permis jusqu’ici l’accueil de personnels de l’OTAN dans les QG situés sur le sol français. L’attractivité du territoire français s’en trouve affectée de même que l’influence française au sein des structures de commandement. »
Si l’on comprend bien, les généraux américains ne se sentiraient pas assez bien chez eux chez nous, ce qui pourrait gravement nuire à l’industrie touristique… Quant à l’influence française au sein du commandement de l’OTAN, quelques-uns de nos officiers supérieurs (dont un général) sont effectivement affectés aux USA ; mais de là à ce qu’une base militaire française voie le jour en plein Texas, le moins qu’on puisse prétendre est que l’heure n’est pas à la réciprocité. En attendant, où logera-t-on ces militaires si soucieux de leur confort, si ce n’est dans des bases n’osant pas, pour l’instant, dire leur nom ?
Les réactions du personnel politique français ne se sont effectivement pas fait attendre, quoique marginales puisque venant de ces partis donnés par la caste politico-médiatique pour n’être pas de gouvernement.
Nicolas Bay (FN) : « Ni vu ni connu, Hollande veut réintégrer pleinement la France dans l’OTAN. »
Florian Philippot (FN) : « Sarkozy avait débuté le travail, Hollande le finit : saper notre indépendance avec l’OTAN. Non à la France vassale ! »
Nicolas Dupont-Aignan (DLF) : « Hollande brigue le statut de premier toutou des États-Unis. »
Jean-Luc Mélenchon (FDG) : « Ce projet de loi officialise le retour des militaires de l’OTAN sur le sol français, cinquante ans après leur expulsion par le général de Gaulle. […] L’heure n’est pas à un nouvel acte de soumission aux USA, mais à l’affirmation d’un nouvel indépendantisme de notre République sur la scène du monde. » Une fois de plus, le pétulant Mélenchon aura sauvé ce qui demeurait d’honneur à la gauche, ce qui devient une habitude chez lui, même s’il doit se sentir de plus en plus seul.
Au fait, il y en a un qui aurait dû recta monter au créneau, François Hollande himself. En 2008, à la tribune de l’Assemblée nationale, alors que Nicolas Sarkozy liait le sort de nos armées à celui de l’OTAN, il affirmait, avec des airs de général Boulanger : « Dans toute démocratie digne de ce nom, de tels arbitrages auraient été rendus après un vaste débat dans le pays. » On ne le lui fait pas dire.
Surtout à lui, qui s’inquiétait alors : « Il faut éclairer les Français sur la dangereuse rupture que sont en train d’opérer le président de la République et son gouvernement avec le consensus national qui prévalait sur les principes d’indépendance militaire et stratégique de notre pays. »
Naguère, François Hollande désignait pour principal ennemi une finance « sans visage », pour finalement coucher avec elle. Là, cet ennemi, tout sauf anonyme, en a un, de « visage » ; ce qui ne lui interdit manifestement pas les mêmes transports amoureux.
Quant à Marianne, elle n’a plus qu’à voiler le sien, de « visage ». De honte.
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