Le spectacle terrifiant qu’offre l’État islamique, Daech si l’on préfère l’acronyme arabe, donne froid dans le dos. Mais remarquez bien que pour un Afghan, un Algérien ou un Malien, ce sanglant chaos campé dans une bestialité légendaire n’est guère un phénomène nouveau.
Les Talibans afghans n’ont-ils pas transformé des stades de foot en bourrasque vengeresse pour lapider des femmes adultères? À la mi-temps, les pauvres malheureuses sont jetées dans la fosse aux lions. Le coup d’envoi du spectacle est donné. Dans les gradins, on jubile. Puis, plus rien. Pas un souffle. Seule, une masse inerte. L’arbitre siffle la reprise du match.
Allez, go!
Les islamistes algériens n’ont-ils pas éventré des femmes enceintes et carbonisé des nouveaux nés?
Les mollahs iraniens et leurs milices n’ont-ils pas pendu, décapité et exécuté nombre de leurs compatriotes?
Que dire de la police des cheveux et de la longueur de la jupe?
Que dire des livres mis à l’index ainsi que de la pensée, de la culture et des arts expurgés de la cité?
Mais ne vous trompez pas sur les motivations réelles de cette démarche réfléchie toujours prompte à museler et à écraser ce qu’il y a de plus beau et plus de vrai en chaque personne. Cette stratégie de la terreur est loin d’être un acte de folie. En réalité, ces différentes manifestations visent trois objectifs :
1. soumettre la population aux nouveaux maîtres
2. s’imposer sur la scène politique aussi bien nationale qu’internationale
3. faire parler de soi
La finalité étant de faire basculer l’Histoire. Bien entendu, tout ceci se fait au nom d’Allah sur un temps lent à s’écouler pour reprendre l’expression de Braudel.
Longtemps j’ai observé ces seigneurs de la guerre, guidés par le pouvoir, évoquer le nom d’Allah pour justifier leur démarche et légitimer leur violence. Il a vraiment le dos large ce miraculé !
Longtemps j’ai été fascinée par leur capacité continuelle à bidouiller les textes religieux à leur gré en fonction de circonstances particulières et de leurs phénoménales ambitions du moment.
Quel art obtus! Allah n’en demandait pas tant.
Au début des années 1980, une fatwa (décret religieux) a légalisé les attentats-suicides. Chose qui était jusque-là invraisemblable. Le suicide étant un acte hautement répréhensible chez les musulmans. Mais l’idéologue des Frères musulmans, Youcef Al-Qaradawi, a tout arrangé ça. Il a même poussé les femmes à devenir des kamikazes. Et notez bien que pour les circonstances, il les a même autorisées à voyager seules sans la bénédiction de leur mari ou de leur père… lorsque cela est nécessaire…. et sans voile.
Que ne ferait-on pas pour le djihad au nom d’Allah?
Longtemps j’ai pensé qu’il y avait quelque chose de pourri dans cet islam et quelque chose qui ne tournait pas rond chez les musulmans.
Sans doute, les Occidentaux se sont sentis épargnés par ces différents conflits un peu comme une personne en apparente santé qui ignore qu’elle est rongée par la maladie.
La vérité, c’est qu’aujourd’hui l’étau se resserre de plus en plus et la peur des attentats terroristes gagne les esprits. Un sondage maison, réalisé par sympatico.ca, illustre bien cette crainte.
Car il y a dans cette nouvelle étape du terrorisme international quelque chose d’absolument terrifiant: une implication directe de nombreux jeunes européens et nord-américains. Jamais nous n’avions assisté à un tel phénomène. Le ver est dans la pomme. Dans mon essai Les soldats d’Allah à l’assaut de l’Occident, paru en 2011, je m’inquiétais déjà de cette radicalisation. Certains chroniqueurs m’ont ri au nez.
Comment peut-on expliquer les convulsions que nous vivons aujourd’hui sinon par l’existence de l’antichambre de l’islam politique? Cette antichambre se nourrit de la détestation de l’Occident et de sa diabolisation mais pas seulement. Mais dans le discours ambiant, on soutient pourtant le contraire de peur de « stigmatiser l’Autre ».
C’est dire l’extraordinaire confusion idéologique qui règne au sein d’une partie de notre élite incapable de donner un sens à l’histoire. Prête à tout pour faire avorter tout débat portant sur les questions de l’islam ou de l’immigration. Comment peut-on s’imaginer venir à bout de l’islam politique sans même en parler? Sans surprise, l’esprit critique s’atrophie et la démagogie atteint un sommet et n’en descend jamais.
Il y a en Occident une minable police de la pensée. Une certaine naïveté à croire que la démocratie est cette chose irréversible; une certaine arrogance à penser que rien ne peut contrarier sa marche; une certaine bêtise à considérer que les mêmes causes n’aboutissent pas aux mêmes effets; une certaine crédulité à laisser les dieux grignoter de plus en plus d’espace dans la cité; un certain cynisme à s’imaginer que le mensonge d’État des armes de destruction massive prétendument amassées par Saddam Hussein enfante la démocratie; un certain aveuglement à prétendre que la démocratie se construit sur les décombres de l’État-nation irakien; une certaine imposture à asseoir la démocratie là-bas sans les démocrates de là-bas. Une certaine lâcheté, à toujours se fermer les yeux sur les dérives les plus folles.
Tout se poursuit aujourd’hui avec la désintégration de l’ancienne Mésopotamie, ce retour américain sur les champs de guerre dévastés avec leurs alliés dont certains comme l’Arabie saoudite, le Qatar et les Émirats-arabes-unis sont les parrains du terrorisme international.
Mais qui s’imagine donc que les fossoyeurs d’hier seront les libérateurs de demain?
Plus puissant que jamais, l’État islamique continue de narguer le monde entier.
Décidément, il y a quelque chose de pourri dans cet Occident et quelque chose qui ne tourne pas rond chez les occidentaux.
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