L'omniprésence du conseiller Lisée indispose certains péquistes<br>Lisée invite les péquistes mécontents à sortir de l'anonymat

Citoyenneté québécoise - Conjoncture de crise en vue


L'omniprésence du conseiller Lisée indispose certains péquistes
Antoine Robitaille
Le Devoir, mardi 11 décembre 2007
Québec -- Un livre sur le Nous, de grands entretiens, un sondage, révélé en primeur à TVA le dimanche soir et aujourd'hui à la commission Bouchard-Taylor... certains au Parti québécois commencent à croire que l'ancien conseiller des chefs Parizeau et Bouchard, Jean-François Lisée, en mène un peu trop large. La question sera abordée lors d'une réunion interne, samedi, à laquelle M. Lisée participera. «C'est quand même pas lui, le chef!», s'exclame une source en commentant le passage très suivi de M. Lisée à l'émission Tout le monde en parle, où, selon plusieurs, on a mêlé la promotion des projets de loi du PQ sur l'identité et la promotion du livre de M. Lisée, Nous. Hier, lorsque Le Devoir a demandé si quelqu'un au PQ souhaitait commenter le sondage que M. Lisée a lui-même commandé à Léger Marketing sur l'identité, la réponse a été sèche: «on ne commentera pas. On ne veut pas entretenir la confusion.»

Confusion? À l'été et à l'automne, M. Lisée a fait partie d'un comité sur l'identité qui a conseillé Mme Marois. L'ancien journaliste a d'abord nié en être jusqu'à la fin septembre, (de peur d'effaroucher son employeur, l'Université de Montréal, où il dirige le Centre d'études et de recherches internationales) pour par la suite revendiquer son appartenance à ce comité. Or, certaines de ses idées ont été retenues par la chef péquiste, mais d'autres ont été laissées de côté... Et se sont tout de suite retrouvées dans Nous, un court essai qui n'était pas prévu au catalogue du Boréal et qui est arrivé en librairie de manière presque coïncidente avec la présentation des projets de loi 195 sur l'identité québécoise et 196 sur la constitution québécoise (projets qui n'ont pas été appelés par le gouvernement et qui ne sont donc pas discutés au Parlement). «Ça, ça a brouillé les cartes», dit une source péquiste en parlant de Nous. Une des idées qui se trouvent dans Nous mais pas dans 195 et 196: pour obtenir le droit de vote, les immigrants devraient avoir la citoyenneté québécoise et donc maîtriser le français. «Nous on ne va pas jusque-là», a souligné l'attaché de presse de l'aile parlementaire du PQ, Éric Gamache, hier.
Plusieurs sources se sont dites «estomaquées» par un moment du passage de Lisée à Tout le monde en parle, le 11 novembre. Lorsque le comédien Patrick Huard lui lance: «Quand vous dites que vous seriez prêt à révoquer le droit de vote, vous dites cela pour provoquer, vous n'êtes pas sérieux?», M. Lisée ne précise pas que c'était là un élément de son essai et non des projets de loi du PQ. «Il a laissé dire plutôt que de contredire», raconte une source très bien informée. «Il fallait qu'il précise, devant deux millions de personnes : "M. Huard, vous vous trompez, au PQ, c'est pas le droit de vote, c'est l'éligibilité [le droit de se présenter aux élections]", quelque chose du genre!»
Le sondage Léger Marketing, qui a été mené entre le 14 et le 18 novembre, indique que 63 % des Québécois souhaitent que le Québec se dote d'une constitution interne affirmant ses valeurs. Le coup de sonde «teste» aussi d'autres idées de M. Lisée comme celle d'un cégep bilingue, approuvé à 73 %.
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Lisée invite les péquistes mécontents à sortir de l'anonymat
(Photo André Pichette, La Presse)

Lia Lévesque - La Presse Canadienne Montréal
Si certains, au Parti québécois, trouvent que Jean-François Lisée prend trop de place, eh bien qu'ils aient le courage de le dire à visage découvert plutôt que de le critiquer dans l'anonymat.

L'ancien conseiller des premiers ministres péquistes Jacques Parizeau et Lucien Bouchard a ainsi réagi à l'information parue dans l'édition de mardi du quotidien Le Devoir, voulant qu'il soit un peu trop présent au devant de la scène, avec ses interventions dans le dossier identitaire et de l'immigration.
M. Lisée a été invité à l'émission Tout le monde en parle, à Radio-Canada, fait la promotion de son livre Nous, et traite régulièrement des questions identitaires, notamment du projet de loi de la chef péquiste Pauline Marois, alors que sa position à lui va plus loin.
Or, cela semble indisposer des péquistes, qui ont fait connaître leur mécontentement au Devoir.
Mais comme ces péquistes ne sont pas identifiés dans l'article, M. Lisée n'y prête guère de crédibilité. «Qui? Vous savez? Vous avez des noms? Il n'y a pas de noms», a-t-il d'abord commenté.
Il s'est cependant montré intéressé à débattre ouvertement de ces questions, mais contre un ou des adversaires connu(s). «Moi j'adore le débat. J'aime savoir avec qui je débats. Et ceux qui ont le courage de l'anonymat, bien ça ne m'intéresse pas tellement. J'aime débattre à visière levée. S'il y a des gens qui veulent débattre à visière levée, ils savent où me trouver.»
Citoyenneté québécoise
M. Lisée a comparu, mardi, devant la Commission Bouchard-Taylor sur les accommodements raisonnables, et c'est à titre personnel qu'il a témoigné.
Il a ainsi défendu son concept de citoyenneté québécoise, qu'il dit appuyé, non seulement par une majorité des francophones mais par une majorité des non-francophones également.
«Les nouveaux citoyens québécois, pour devenir citoyen québécois, devraient démontrer une connaissance minimale du français. En retour, ils obtiendraient ce qu'on obtient quand on obtient la citoyenneté, c'est-à-dire le droit de vote et le droit de se présenter à des élections québécoise», a-t-il expliqué à la Commission Bouchard-Taylor.
Selon un sondage qu'il a commandé, 72 pour cent des personnes interrogées ont une opinion favorable de cette proposition, soit 76 pour cent chez les francophones et 54 pour cent chez les non-francophones.
Il est important de souligner que sa proposition ne viserait que les nouveaux arrivants au Québec. Ceux qui vivent déjà ici conserveraient la citoyenneté et les droits qu'ils ont déjà.
Une constitution québécoise, selon lui, constituerait «un signal clair envoyé au million de nouveaux Québécois que nous désirons à accueillir» en énonçant les valeurs communes du Québec, comme la prédominance du français, l'égalité entre les sexes et la laïcité des institutions.
Par ce chiffre d'un million, il fait référence aux 55 000 immigrants que le gouvernement du Québec souhaite désormais accueillir chaque année, en projetant cette donnée sur 20 ans.
- source


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