La ministre de l'Intérieur a présenté au gouvernement les grandes lignes d'un projet visant à modifier les « décrets sécurité » adoptés par son prédécesseur. Ils avaient soulevé les réserves du président de la République et avaient été critiqués comme « criminogènes » par de nombreuses ONG.
« Il n'y a plus de crise migratoire », ne cesse de répéter la ministre de l'Intérieur Luciana Lamorgese. Elle a donc soumis au gouvernement, ce lundi, les modifications qu'elle souhaitait apporter aux « décrets sécurité ».
Parmi les mesures les plus controversées adoptées par son prédécesseur Matteo Salvini, figurent l'abolition de la protection humanitaire apportée aux demandeurs d'asile, des amendes de 150.000 euros à 1 million d'euros pour les bateaux de sauvetage d'ONG en Méditerranée, la saisie du navire et jusqu'à dix ans de prison pour le capitaine en cas de résistance.
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Un arsenal répressif que le second gouvernement de Giuseppe Conte avait promis de démanteler. Luciana Lamorgese veut ainsi ramener les amendes à 50.000 euros maximum, avec un risque d'arrestation pour le capitaine du navire d'ONG uniquement en cas de récidive. Une éventualité purement hypothétique.
Comme elle l'a rappelé, « notre gouvernement n'a jamais bloqué les bateaux en mer, ni refusé l'entrée dans un port sûr, à qui en faisait la demande en respectant les conventions internationales. Nous avons réussi à gérer cette situation sans bruit médiatique ». Tout l'inverse de la politique des « ports fermés » appliquée par Matteo Salvini qui sera prochainement visé par un procès pour séquestration de personnes .
Protection spéciale pour les troubles psychiques
Les migrants souffrant de troubles psychiques, victimes de trafic d'êtres humains ou en situation de grave vulnérabilité, bénéficieront d'une protection spéciale. Les demandeurs d'asile pourront de nouveau s'inscrire sur les registres de l'état civil et donc posséder un domicile légal leur permettant de bénéficier des prestations sanitaires ou d'ouvrir un compte en banque. Les procédures pour obtenir la citoyenneté italienne, portées à 4 ans par Matteo Salvini, seront ramenées à 24 mois.
Je crois beaucoup à l'intégration.
« Je crois beaucoup à l'intégration », a déclaré la ministre de l'Intérieur. Abandonner ces personnes « sans leur offrir un avenir alimente le risque qu'ils finissent dans des circuits criminels. Si les migrants se sentent rejetés par l'Etat, nous courrons en outre le risque qu'ils se radicalisent. »
Luciana Lamorgese autorisera donc les préfets à augmenter les ressources destinées aux structures d'accueil qui avaient subi des coupes drastiques ces deux dernières années. De quoi provoquer l'ire de Matteo Salvini. Il dénonce « un cadeau fait aux différentes mafias. Rouvrir les ports est une folie. Si une embarcation avec un migrant porteur du coronavirus débarque en Italie, je porterai plainte contre la ministre. »
Olivier Tosseri (Correspondant à Rome)