Élections 2022

L'indépendance sort de l'ombre

Pas un abattoir pour le PQ

Chronique de Pierre Gouin

Pour la première fois depuis plus de vingt ans l’indépendance du Québec redevient une option politique à prendre en compte. Le Premier ministre du Québec affirme que le Canada ne respecte pas les choix démocratiques des Québécois et que ses politiques menacent la survie de la nation québécoise. Le ton de ses revendications constitue un ultimatum pour le reste du Canada. Le Parti Québécois est le seul parti indépendantiste, il ne peut que bénéficier de cette nouvelle conjoncture politique. Il n’est pas sur le point de disparaître comme en rêvent la plupart des fédéralistes.


À court terme, en vue des prochaines élections, Il ne s’agit pas de proposer le meilleur programme de gestion, ni de prétendre gagner l’élection ou obtenir une forte représentation en chambre. Trop de Québécois pensent encore que sous la pression, le Canada va finir par nous accorder les moyens de survivre que nous demandons.


Paul St-Pierre Plamondon affirme que le PQ doit maintenir le cap sur l’indépendance, c’est encourageant, mais il serait plus juste de proposer d’y remettre le cap, puisqu’on l’avait perdu depuis longtemps. Dans le contexte actuel, alors que François Legault a lancé la balle au gouvernement fédéral, la promotion de l’indépendance devrait être le seul objectif et les indépendantistes devraient voter pour le Parti Québécois. La CAQ va gagner les élections et ne risque pas d’être minoritaire, à moins de revirements majeurs d’ici l’automne. Un bon pourcentage de vote pour le PQ donnera un pouvoir de négociation encore plus grand à la CAQ, son échec sera d’autant plus évident.


François Legault parle de la grande fierté retrouvée des Québécois, il ne pense sûrement pas à l’état du système de santé. Il trouve une grande fierté à se lever et à demander fermement au Canada des pouvoirs accrus pour le Québec, ce qu’aucun premier ministre n’avait fait depuis longtemps. Que restera-t-il de cette fierté quand le Canada aura répondu non sur toute la ligne? Il faudra se méfier des belles promesses, des bonnes intentions et des ententes de principe Legault-Trudeau. On n’a plus de temps pour les beaux risques.


Le Parti Québécois doit se préparer à cette issue inévitable en vue de proposer ensuite la seule option valable pour les Québécois. La campagne électorale du PQ devrait préparer le terrain. Il faudrait reconnaître que les revendications de la CAQ sont justes mais démontrer qu’elles sont insuffisantes. Il faudrait annoncer que le Canada ne va pas répondre positivement à ces demandes, ce que François Legault doit déjà savoir. Il faudrait aussi mettre en doute la sincérité de François Legault alors que sa priorité à la croissance des entreprises va générer une perpétuelle pénurie de main-d’œuvre et des pressions continuelles pour un accroissement de l’immigration. La CAQ s’était fait élire avec des promesses de baisse des seuils annuels à 40000, mais les a ramenés à 50000 après un an et laisse déjà entendre qu’elle pense encore à les augmenter, en faisant seulement mieux que les Libéraux, qui annoncent 70000.


En passant, les indépendantistes pourraient embarrasser un peu Trudeau en soulignant qu’il défend agressivement le nationalisme ukrainien tandis qu’il méprise le nationalisme québécois, mais il ne faut pas oublier que Trudeau, comme la plupart des anglo-saxons, est profondément mondialiste et qu’il se fout éperdument du nationalisme ukrainien. L’objectif réel était de soustraire l’Ukraine une fois pour toute de la zone d’influence de la Russie. Par la suite, le nationalisme ukrainien sera facilement encadré et étouffé par le carcan de l’Union européenne ou de son club-école en voie de définition.


La prochaine élection ne sera pas l’abattoir pour le Parti Québécois, il en sortira vivant, pour un temps. Après l’élection, grâce au pile ou face de Legault, il faudra nécessairement décider de ce qu’on veut pour notre nation. La résignation, c’est la mort lente, quoiqu’en disent les analystes qui finassent parce que ça ne pourrait pas être exactement comme la Louisiane.



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