conséquence du multiculturalisme

L'inaction libérale, cause principale de l'attentat de Québec

Tribune libre

J'exprime mes sympathies aux familles des victimes de l'attentat de Québec. Avant d'être des musulmans, ce sont des êtres humains qui ne méritaient pas le destin tragique qui leur est tombé dessus. Essayer de comprendre ne veut pas dire excuser et encore moins justifier les meurtres commis contre des musulmans de la région de Québec en train de prier dans une mosquée.

Mon propos principal porte sur une chronique de Michèle Ouimet publiée dans La Presse + du 31 janvier 2017 intitulée: «La peur». Cette chronique est riche de contenu et permet d'apporter des précisions sur le contexte qui a favorisé l'attentat de Québec. Car si on veut apporter des solutions à un problème, il faut bien poser le problème. Une fausse analyse conduit à de fausses solutions.

Michèle Ouimet essaie de comprendre. Elle commence par dire qu'on vit dans «un monde où souffle un vent de droite». Elle donne comme exemple le décret de Trump contre sept pays à majorité musulmane. Pour elle, «ce décret est islamophobe: le message de Trump est toxique.» Elle aurait pu ajouter Marine Le Pen. Dans un reportage à TVA, on appris qu'Alexandre Bissonnette était pro-Trump et que sur sa page Facebook, il y avait un lien avec une vidéo de Marine Le Pen. «Le vent de droite ne souffle pas seulement sur les États-Unis. Il rugit en France, où le Front national de Marine Le Pen séduit nombre d’électeurs. Avec son discours anti-Europe et anti-immigrants, elle attire les foules.»

Selon la journaliste de La Presse, «depuis quelques années, un climat délétère empoisonne les esprits et libère la parole raciste et xénophobe. Trump n’a fait qu’ajouter une couche.» Il y a quelque chose de particulier à la région de Québec: ce sont les radio-poubelles. Ouimet écrit: «Le climat malsain est alimenté par des radios poubelles qui se permettent de dire n’importe quoi et des chroniqueurs qui vomissent sur les musulmans, les juifs… bref, sur tout ce qui n’est pas « nous », mais « eux ».

Suit un paragraphe que je conteste. Ouimet identifie enfin le vrai coupable et c'est le nationalisme identitaire. Elle écrit: «Depuis 10 ans, on manipule le baril de poudre identitaire sans se soucier des dégâts. La commission Bouchard-Taylor sur les accommodements raisonnables a donné lieu à quelques dérapages islamophobes et la charte des valeurs a exacerbé la fibre identitaire, ouvrant la porte à la chasse au voile. Car dans tout ce débat, on revient souvent au voile, symbole musulman par excellence, le foutu voile que certains voudraient rayer de l’espace public au nom d’une laïcité intégriste et d’un féminisme obtus. On a joué dans les marécages du nationalisme, dans la boue identitaire. Aujourd’hui, on en paie le prix.»

De nombreuses musulmanes ne portent pas le voile: le Coran recommande aux femmes la pudeur et n'oblige pas à porter le voile. C'est une erreur de croire que «le voile est le symbole musulman par excellence». Ici, Ouimet est victime de la propagande intégriste. Elle dénigre la laïcité prônée par la Charte des valeurs en la qualifiant d'intégriste. L'interdiction du port de signes religieux ostensibles pour les employés de l'Etat est attribuable, selon elle, à «un féminisme obtus». Précisons que la Charte ne rayait pas le voile de l'espace public mais l'interdisait pour les employés de l'Etat selon un concept de neutralité religieuse véritable de l'Etat. Et aussi en se fondant sur le principe de l'égalité homme-femme qui est contredit par le voile musulman.

Je prendrais l'exact contrepied de la position de Michèle Ouimet: ceux qui ont traité à tort d'islamophobes et de xénophobes les partisans nombreux de la Charte des valeurs ont créé le climat malsain dont elle parle.

Je ne commente pas sa remarque polémique et un peu méprisante sur «les marécages de la boue identitaire» que Luc Lavoie de «La Joute» co-signerait: elle annonce l'autre grave erreur de Michèle Ouimet. Elle qualifie d'intolérants ceux et celles qui affirment qu'il y a trop d'immigrants au Québec. Elle est ici fidèle à son maître à penser Philippe Couillard qui a déjà accusé François Legault qui se demandait si le Québec avait la capacité d'accueillir 55,000 immigrants par année de «souffler sur les braises de l'intolérance». Selon elle, le degré d'intolérance monte parce que de plus en plus de Québécois croient que 55,000 immigrants par année, c'est trop par rapport à la capacité réelle d'intégration de la société québécoise au monde du travail (22% des Magrébins sont au chômage) et par rapport aux coûts engendrés pour les services sociaux, de santé et d'éducation.

Or cette question du nombre annuel d'immigrants à accueillir au Québec ne peut être discutée intelligemment si on accuse ceux qui s'interrogent d'intolérance. Ça se discute économiquement, culturellement et socialement…et politiquement. Suggérer que creux qui contestent le chiffre de 55,000 sont dominés par la peur, c'est fausser la discussion: c'est une erreur grave. On avait fait la même erreur avec le Code de vie d'Hérouxville d'André Drouin et de Bernard Thompson: ce code de vie est une description savoureuse des us et coutumes des Québécois que les immigrants sont invités à respecter.

Pour comprendre ce qui s'est passé à Québec, je suggère une toute autre explication.
Citons Jean-François Lisée:

«Il faut savoir qu’une des pires choses, en plus de l’État islamique et Donald Trump, c’est de faire traîner un débat sur les règles du vivre-ensemble sans jamais décider», en faisant allusion au débat sur les accommodements raisonnables, un débat qui perdure depuis 2007 et qui a généré plusieurs projets de loi qui n’ont jamais été adoptés. (Patrice Bergeron, Presse canadienne, 31 janvier 2017)

En effet, comme le dit Lisée, Les Libéraux, pour des raisons de politique bêtement partisane, «font traîner le débat sur les règles du vivre-ensemble sans jamais décider». Le débat sur les accommodements plus ou moins raisonnables a conduit à la commission Bouchard-Taylor en août 2007. Les recommandations ont été déposées en mai 2008. Or, les Libéraux n'ont rien fait en dix ans pour régler le problème. Leur lâcheté et leur inaction a créé un climat d'impuissance et de négligence favorable à des dérives plus ou moins graves.

Le multiculturalisme, c'est le laisser aller complet: tout est accepté et s'il y a conflit, la Commission des droits de la personne et les Tribunaux appliquent la Charte des droits et donnent raison aux religions au détriment du vivre-ensemble et de la laïcité. Pour des motifs électoraux, les gouvernements fédéral et provincial sous les Libéraux acceptent n'importe quoi. Devant la femme en burka qui va voter, Justin Trudeau dit: «Elle peut s'habiller comme elle veut pourvu qu'elle vote (sous-entendu «pour moi»).» Cette légèreté et cette désinvolture électoralistes sont blâmables. Et elles provoquent l'exaspération surtout quand elles vont jusqu'à se réclamer de ce qu'on appelle "les valeurs canadiennes". Si l'acceptation de la burka se fait en vertu des valeurs canadiennes, il faut remettre en question ces valeurs canadiennes.

Cette démission et ce laxisme sont la conséquence du multiculturalisme qui est le responsable d'avoir créé les circonstances qui ont conduit à l'attentat de Québec. C'est pourquoi le lyrisme larmoyant de Justin Trudeau et de Philippe Couillard devant les victimes non seulement ne touche pas mais il irrite au plus haut point. Les Libéraux versent des larmes de crocodile sur le drame de Québec car ils n'ont rien fait pour régler le problème et en plus ils accusent ceux qui font un effort pour le régler de xénophobie et d'islamophobie.
Je crois que l'inaction libérale est la principale cause de l'attentat de Québec.


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6 commentaires

  • Pierre Grandchamp Répondre

    5 février 2017

    Je suis d'accord avec votre texte. On a trop souvent confondu l'expression "islamophobe".Antoine Robitaille, dans sa chronique, apporte une explication intéressante:
    " Condamner l’«islamophobie», mais s’autoriser une «islamisto-phobie»: saine peur de l’islamisme? ".
    http://www.journaldemontreal.com/2017/02/04/la-motion-oubliee
    "Un mot bâillon
    Avec le recul, on peut s’en étonner. Il ne faut pas nier, toutefois, que c’est là un qualificatif chargé, piégé. Souvent utilisé tel un bâillon. Rachad Antonius, professeur de sociologie à l’UQAM, soulignait même en octobre dans Le Devoir qu’à force d’assimiler toute critique de l’islam à une manifestation d’islamophobie, certains adoptent une «position de déni» à l’endroit des «méfaits de la logique islamiste, allant jusqu’à contester la pertinence même du concept d’islamisme dans l’analyse des rapports entre minorités musulmanes et société d’accueil, ou même contester que Daesh ait un rapport quelconque avec l’islam».
    Peu importe le mot pour les qualifier, il fallait, en 2015, dénoncer ces gestes. Il aurait fallu en faire bien davantage pour passer de la dénonciation à la prévention.
    Aujourd’hui, peut-être devrions-nous tenter de mieux nommer les choses, de faire les distinctions. Condamner l’«islamophobie», mais s’autoriser une «islamisto-phobie»: saine peur de l’islamisme? On éviterait ainsi, peut-être, certaines généralisations létales."

  • Archives de Vigile Répondre

    2 février 2017

    Il semblerait que les cimetières à Québec n'acceptent pas les musulmans.
    En plus de nous accuser de ne pas savoir comment vivre ensemble, on va maintenant nous accuser de ne pas savoir mourir ensemble.

  • Archives de Vigile Répondre

    2 février 2017

    Fatima Houda-Pépin est tout à fait d'accord avec vous:
    http://quebec.huffingtonpost.ca/2017/02/02/le-cri-du-coeur-de-fatima-houda-pepin-au-premier-ministre-couillard_n_14569592.html

  • François A. Lachapelle Répondre

    2 février 2017

    Commençons par une affirmation: les députés du PLQ au pouvoir à Québec depuis plus 10 ans presque sans interruption sont responsables de l'intendance du Québec, une colonie canadienne. Dans le fond, ils font tapisserie pour la stabilité du pays voisin, le Canada. Le gouvernement de Philippe Couillard est exemplaire en tout, ils n'ont rien à se reprocher. Vrai ou faux ?
    Pourtant !
    Je retiens particulièrement ce courageux texte de Luc Drapeau: « Or cette question du nombre annuel d’immigrants à accueillir au Québec ne peut être discutée intelligemment si on accuse ceux qui s’interrogent d’intolérance. Ça se discute économiquement, culturellement et socialement…et politiquement. Suggérer que creux qui contestent le chiffre de 55,000 sont dominés par la peur, c’est fausser la discussion : c’est une erreur grave.
    On avait fait la même erreur avec le Code de vie d’Hérouxville d’André Drouin et de Bernard Thompson : ce code de vie est une description savoureuse des us et coutumes des Québécois que les immigrants sont invités à respecter
    Comme le fait Trudeau, et comme le fait Couillard, on évacue les sujets chauds et importants d'une société bien vivante qu'on préférerait mourante ... pour ne parler que d'économie dans une fuite en avant. Éducation, santé, social, routes: des embêtements à gérer, pas plus.
    Cela est irresponsable parce que les politiciens une fois élus s'isolent entre eux et s'éloignent de leurs électeurs. Notre démocratie n'est pas une véritable démocratie où le peuple a son mot à dire. Fixer le nombre d'immigrants ne doit pas rester le privilège des Chambres de commerce, le nombre d'élèves dans les classes, un chiffre à comptabiliser, le nombre de patients par préposés, on verra et ainsi de suite.
    Comme l'a dit André Drouin récemment, le multiculturalisme est une idéologie malsaine et les normes d'Hérouxville sont encore d'actualité comme l'écrit Luc Drapeau.

  • Drapeau Luc Répondre

    1 février 2017

    Sur Vigile, au-dessus d'un article, j'ai lu ceci: «l'inaction souffle sur les braises de l'intolérance». C'est de là que m'est venue l'idée principale de mon article.
    Et aussi de Jean-François Lisée: « Il faut savoir qu’une des pires choses, c’est de faire traîner un débat sur les règles du vivre-ensemble sans jamais décider ».
    S'imaginer que le niaisage libéral n'a pas de conséquences, c'est pas brillant.
    Luc Drapeau, 2 février 2017

  • Archives de Vigile Répondre

    1 février 2017

    Vous dites que l`inaction libérale est la principale cause de l`attentat de Québec. Moi, je dis que l`inaction libérale est une cause secondaire. La principale cause est l`envahissement des pays arabes par les pays occidentaux.