Le propre des historiens, tout comme des chercheurs en sciences sociales, est de toujours tout remettre en question afin de se faire un nom. Que des historiens en provenance de France et d'Angleterre tentent d'infléchir les interprétations courantes en leur défaveur dans le but de les rendre plus favorables ne saurait nous surprendre. Dans un cas, accorder plus de prestige à la stricte victoire militaire anglaise pour l'historien anglais; dans l'autre cas, déculpabiliser la France pour son pitoyable échec pour notre historien français. Les ficelles sont grosses.
En gros, la gouvernance britannique de William Pitt l'ancien s'est avéré impeccable en termes politiques, comparativement à la gouvernance française de Louis XV, plongé autant dans les histoires de moeurs que dans la politique. Et puis, cliché historique ou pas: la France, en jouant sur le plan continental européen et colonial en même temps pendant la guerre de Sept Ans, s'est condamnée à l'échec bien davantage qu'au moment de la guerre de succession d'Espagne. Cette première guerre au XVIIIe siècle a maintenu une hégémonie de la France en Europe, quoique se traduisant par la perte de l'Acadie en Amérique. Ainsi, comment ne pas voir dans l'un des traités d'Utrecht en 1713 un premier précédent qui culmine dans le traité de Paris de 1763 avec la perte totale de la vallée du Saint-Laurent?
Revenant sur William Pitt, que dit-on sur lui dans Wikipédia? À retenir le dernier point: [...] Il sera l'instigateur de la campagne qui permettra la Conquête de Québec (bataille des plaines d'Abraham, 13 septembre 1759), de la campagne contre Lagos la même année, de la conquête des Antilles françaises et, en 1761, de la prise de Belle-Île.
Mais à la mort de George II le 25 octobre 1760, son successeur, George III, n'apprécie pas ce ministre qui domine par sa personne tout le gouvernement, et le roi a bien l'intention de participer aux affaires du pays. Il le pousse à démissionner le 5 octobre 1761. [...]
Il faut retenir non seulement cette supériorité du ministre Pitt sur le roi Louis XV, mais aussi que sur le plan colonial, les guerres se gagnent souvent à partir des métropoles.
Le Québec, aujourd'hui limité à un statut de province perdue dans le monde et peu connu, aliéné trop longtemps par une Église rétrograde, est le produit total de sa dépendance durable envers les métropoles d'exploitation de Paris et de Londres.
Je suis partial, mais au moins conscient de l'être. Ce n'est pas problématique parce que l'histoire politique est redevable de personnages clés.
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Jean-Pierre Bouchard
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