L’étude de l’équipe du Dre McLaren qui a fait étonnamment les manchettes cette semaine, à de graves failles méthodologiques. Les auteurs l’admettent. Premièrement, ce sont des hygiénistes dentaires qui ont fait le «diagnostic» des caries et, même supervisés, le «diagnostic» de la carie est hors de leur champ de pratique professionnelle. Deuxièmement, comme les examinateurs savaient dans quelle ville ils menaient leurs examens dentaires, qu’ils «croient» foncièrement à l’efficacité de la fluoration par leurs formations et que le diagnostic d’une carie se fait sur des critères qui laissent de la place à la subjectivité, surtout lorsque l’on n’a pas recours à des radiographies, la probabilité de biais, même inconscient, est grande. Troisièmement, comme le souligne l’étude, malgré la tentative de contrôler certains des facteurs parasites ayant une influence évidente sur la santé dentaire d’une population étudiée, les auteurs n’ont pas tenu en compte de nombreux autres facteurs pouvant bien expliquer la faible différence observée.
Par exemple, si les auteurs ont comparé le niveau économique des groupes, mais ils ne l’ont pas fait pour le niveau éducatif qui sera différent dans Edmonton, ville de fonctionnaires, et dans Calgary, ville industrielle. Aucun effort n’a été déployé pour évaluer la quantité d’eau consommée par les enfants de leur naissance jusqu’à 8 ans. C’est pourtant crucial si on veut évaluer l’efficacité du fluorure qui y est dilué : « élémentaire, mon cher Watson! » aurait dit Sherlock Holmes. Ils n’ont pas plus étudié la composition ethnique entre les deux villes dont la croissance importante s’est faite avec beaucoup d’immigrants ayant des habitudes alimentaires et d’hygiène dentaire fortement différentes. Il est donc essentiel de mesurer l’impact de chacun des facteurs parasites en interaction avant d’attribuer à un facteur la cause des résultats observés.
Prenons, comme exemple, le niveau de la santé dentaire entre le Québec et la Colombie-Britannique, les deux provinces les plus réfractaires à la fluoration, présentement respectivement à 2,8% et 1,3%. Nous pourrions conclure que l’état de la santé dentaire, 40% meilleure, de la Colombie-Britannique, est dû à un accès à la fluoration 50 % inférieur à celui du Québec. De cet exemple fallacieux, on pourrait conclure que la fluoration augmente l’incidence de la carie. En réalité, la rigueur scientifique ne permet en rien au Dr McLaren, faute de contrôle de tous les facteurs parasites, d’attribuer la différence de l’incidence de la carie dentaire à la fluoration, surtout lorsqu’elle est si faible. Le Dre McLaren aurait dû faire preuve plus que d’une retenue avant de lancer une telle affirmation dans les médias, c’est un manque sérieux de rigueur et d’éthique scientifiques.
Parlons d’éthique. Comment les quatre comités universitaires sur l’éthique en recherche médicale ont-ils pu accepter une étude faite sur l’administration à des populations entières d’une substance dans le but thérapeutique de prévenir une maladie, alors qu’elle n’est ni homologuée, ni réglementée par Santé Canada pour cet usage; une substance qui n’est ni manufacturée, ni empaquetée, ni transportée, suivant les règles sanitaires s’appliquant à une source d’un nutriment et qui, en plus, est impropre à la consommation humaine de sa classification légale de produit toxique et dangereux. Ah! Un poison dilué deviendrait acceptable! Odieux et inquiétant, jamais le consentement des patients au traitement n’a été demandé. On joue sur les définitions. Les comités d’éthique n’ont jamais eu l’idée de se poser les vraies questions, pourtant fondamentales. L’éthique en recherche médicale a des règles qui n’ont, de toute évidence, pas été respectées. On se prépare à récidiver à Trois-Rivières où la population servira de cobaye à une expérience sans son consentement.
Joan Hamel
Porte-parole CTETS
Trois-Rivières, Qué
Gilles Rinfret
Trois-Rivières, Qué
Christiane Bernier
Trois-Rivières, Qué.
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