Monsieur le Ministre,
Nous sommes des groupes de citoyen.nes de plusieurs régions du Québec qui s’inquiètent des effets à court et à long terme des traitements au Bti dans plusieurs de nos plans d’eau. Nous demandons votre écoute concernant son usage pour le programme de contrôle d’insectes piqueurs. Les nombreuses menaces que subissent l’intégrité des écosystèmes et les milieux naturels sont aujourd’hui reconnues et l’’insecticide Bti ne vient qu’ajouter une pression supplémentaire.
Effets directs et indirects
Contrairement à ce que prétend l’industrie depuis plus de 40 ans, en dehors des moustiques et des mouches noires qui constituent en soi une source de nourriture, le Bti élimine également :
- Plusieurs autres larves d’insectes du groupe des diptères dont les larves de chironomes :
- Des recherches scientifiques démontrent une réduction de leur abondance de 50 à 87%
- Les larves de chironomes jouent un rôle important dans les écosystèmes nordiques et le fonctionnement de la chaîne alimentaire. Elles contribuent à la filtration de l’eau, et à la fragmentation de la matière organique la rendant ainsi disponible pour d’autres organismes
Par ailleurs, des études ont démontré :
- Qu’il y a des effets significatifs du Bti sur le développement larvaire des salamandres dû à la baisse importante de leur proie, les chironomes
- Que le Bti cause des effets directs néfastes chez les amphibiens
- Que plusieurs autres organismes sont touchés indirectement dû à la baisse de nourriture dont les libellules, les chauves-souris, les hirondelles et autres insectivores. On peut penser que plusieurs espèces de poissons, dont le dard de sable (espèce menacée) et le fouille-roche gris (espèce vulnérable), se nourrissent de larves et de nymphes de chironomes qui forment notamment une grande partie de leur régime alimentaire
- Que les produits Bti sont constitués de plus de 80% d’adjuvants (stabilisateurs, protecteurs contre les UV, émulsifiants, etc.) aux impacts inconnus, puisque protégés par le secret industriel.
Des études indépendantes nécessaires
L’essentiel de la littérature scientifique concernant le Bti n’a toujours fourni que des données partiales. Vos décisions doivent reposer sur des données provenant strictement d’études indépendantes et récentes et qui doivent être prises en compte dans les autorisations gouvernementales. Le reportage sur le Bti à l’émission La Semaine verte du 18 avril 2020 est des plus éloquents par rapport à ce dossier préoccupant.
Un insecticide, strictement pour le confort
Au Québec, on traite au Bti sur des milliers d’hectares de forêts, dans les milieux humides, les ruisseaux, les fossés, les tourbières, etc. afin de détruire les larves de moustiques et de mouches noires pour des raisons de confort. Certaines entreprises peuvent traiter jusqu’à 14 reprises d’avril à septembre sans que le citoyen ne connaisse les doses et les superficies traitées.
Principe de précaution et solutions alternatives
Le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs préconise le principe de précaution et l’utilisation d’alternatives au Bti moins dommageables. Selon ce gouvernement : « L’application des mesures de protection personnelle contre les piqûres de moustiques demeure le meilleur moyen de se protéger. » Même chose du côté de l’Institut national de la santé publique du Québec.
De plus en plus de municipalités nous appuient et suspendent ou ne reconduisent pas ces traitements. En dehors des protections personnelles bien connues nous disposons aujourd’hui d’une technique éprouvée, soit les bornes antimoustiques. Ces appareils affichent des performances parfaitement comparables au Bti, sans détruire les écosystèmes. De plus, ces appareils sont moins coûteux que le Bti (projet pilote de Saint-André-de-Kamouraska).
Servir l’industrie… au péril de la nature, une situation de déjà-vu ?
Lorsqu’un produit ne sert qu´à répondre temporairement à un besoin de confort personnel, qu’il coûte aux citoyens des milliers ou millions de dollars chaque année tout en menaçant la biodiversité, alors qu’on dispose de solutions de rechange moins coûteuses, il faut agir.
Nous sommes d’avis qu’il faut enfin favoriser des études indépendantes sur le Bti et ses impacts et cesser d’émettre des certificats d’autorisation pour le contrôle d’insectes piqueurs avant que le fonctionnement de ce larvicide et ses effets ne soient tous connus.
Nous vous demandons de décréter un moratoire sur l’utilisation du Bti sur tout le territoire du Québec.
Danièle Dugré
Coordinatrice Coalition Biodiversité - Non au Bti
Le danger de l'insecticide Bti sur la biodiversité | Facebook
Organismes qui nous appuient :
1- Eau Secours
2- Nature Québec
3- SNAP Québec
4- AmiEs de la Terre de Québec
5- Société de conservation ZICO de la Baie-de-Gaspé
6- Municipalité de Saint-Aubert
7- Association pour la protection de l'environnement du Petit Lac Nominingue
8- Fondation Rivières
9- Action Environnement Basses-Laurentides
10- Vigilance OGM
11- Club d'ornithologie de Trois-Rivières
12- Club des ornithologues de l'Outaouais
13- ENvironnement JEUnesse
14- Réseau des femmes en environnement
15- Naaturaalik Consultants
16- Association de protection de l'environnement des Hautes-Laurentides
17- CRE de Laval
18- QuébecOiseaux
19-Société de Biologie de Montréal
20- Club des Ornithologues de la Région de l'Amiante
21- Club d'ornithologie de la Côte-Nord
22- Alliance pour l'interdiction des pesticides systémiques
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
Aucun commentaire trouvé