Pierre Karl Péladeau et François Legault dans un point de presse conjoint. Le moment étonnait. En politique, des chefs adversaires ne posent pas côte à côte pour rien. Ils le font uniquement à trois conditions.
Si un dossier majeur «parle» à la population. Si chacun y trouve son compte sur le plan stratégique. Si leur union de passage décuple leur force de frappe face à un adversaire commun. Tel fut le cas hier.
Tir groupé
Le «dossier» en question est celui d’un gouvernement inactif face à des pertes d’emplois se comptant par milliers dans des secteurs de pointe. Les dossiers chauds d’Aveos, Air Canada et Bombardier en sont l’illustration parfaite.
Le tir groupé des chefs péquiste et caquiste fait mal parce qu’il expose des problèmes réels avec des messages clairs. Philippe Couillard «donne» 1,3 milliard à Bombardier, lancent-ils, sans «rien demander en retour». Il «sacrifie» les travailleurs d’Aveos.
Il ne «comprend rien» à l’économie. C’est un «mauvais négociateur» facile à «rouler dans la farine». Ses «ministres économiques» sont des «pee-wee». Le gouvernement n’a «aucun plan». Etc.
Risques et périls
En qualifiant l’union PKP-Legault d’«équipe du tonnerre», Jean Poirier, ex-candidat péquiste, ex-représentant des employés d’Aveos et instigateur du point de presse, prêchait certes par excès d’enthousiasme.
Philippe Couillard aurait néanmoins tort de sous-estimer l’impact potentiel de cette «union» auprès d’une opinion publique inquiète. Lorsque sa réponse se limite à traiter ses adversaires de «marchands d’illusions» et de «catastrophistes», il le fait à ses risques et périls.
Le danger pour les libéraux est qu’à l’image déjà consacrée d’un gouvernement austère et insensible s’ajoute celle d’un premier ministre incapable de redresser une économie chancelante. Malgré son avance tenace dans les sondages, le «parti de l’économie» et des «vraies affaires» a-t-il le luxe de perdre peu à peu sa marque de commerce?
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