Au milieu de la semaine dernière, le président russe, Dmitri Medvedev, a ordonné la réactivation d'une base de missiles située dans le nord de l'Europe. Deux jours plus tard, Moscou a confié qu'une cargaison de missiles serait livrée à la Syrie. Le dénominateur commun de ces gestes? La volonté affirmée du Kremlin de muscler les rapports de force avec celui qu'il considère, encore et toujours, comme son adversaire no 1: les États-Unis.
Entre Washington et Moscou, l'humeur est ces jours-ci mauvaise. C'est le moins que l'on puisse dire. Prenons le dossier du bouclier antimissile, moteur d'un contentieux aiguisant comme jamais certaines inquiétudes. En moins d'une semaine, Medvedev et son supérieur, le premier ministre Vladimir Poutine, ont mis leur menace à exécution. Laquelle? Faute d'obtenir de Barack Obama, il y a une quinzaine de jours, l'assurance que le bouclier en question ne serait jamais utilisé contre des cibles russes, ils ont commandé la mise en place d'un mur de missiles dit de courte portée dans les environs de Kaliningrad. Un fait physique doit être précisé: la courte portée avancée par le duo est assez longue pour atteindre Berlin, sans parler évidemment de la Pologne.
Deux jours plus tard, les dirigeants russes ont récidivé en précisant que le gouvernement syrien recevrait des missiles. Ce faisant, le Kremlin a tenu à rappeler qu'il soutiendrait un régime qui s'avère d'autant plus vital à ses yeux que Damas est l'unique pion dont il dispose dans la redistribution des cartes provoquée notamment par le Printemps arabe. Il y a cela, mais également ceci: ces projectiles téléguidés pourraient détruire la portion du bouclier que la Défense américaine va disposer en Turquie à la suite du déménagement géographique décidé par la Maison-Blanche, soit de la République tchèque aux environs d'Ankara. Quoi d'autre? La Russie est le principal fournisseur d'armes de l'allié de la Syrie, qui est aussi l'ennemi des États-Unis: l'Iran.
À ces sursauts agressifs, voire combatifs, il faut greffer l'offensive économico-politique que poursuit Moscou depuis plusieurs mois. En fait, depuis qu'Angela Merkel a décrété la sortie du nucléaire à la suite du drame vécu par les Japonais au début de l'année. Toujours est-il que, dans la foulée des contrats signés entre Allemands et Russes, les premiers sont plus captifs que jamais, en matière d'approvisionnements, du gaz russe, de la compagnie Gazprom qui n'est rien de moins que l'antichambre du Kremlin.
Quoi d'autre? Lors de la campagne électorale afférente aux législatives qui se sont conclues hier, Poutine et Medvedev ont affûté la fibre nationaliste des Russes en concentrant leurs diatribes sur les États-Unis. Plus précisément, en affirmant que ce dernier pays était et demeurait le principal ennemi de la Russie éternelle. Cette posture a ceci de riche en enseignements qu'elle confirme combien l'élite russe reste imbibée par l'anti-américanisme observée lors du long glacis soviétique. Cette posture révèle aussi que Poutine et consorts cultivent ambition de redevenir la nation plus ou moins égale des États-Unis pour tout ce qui a trait à l'influence géopolitique dans le monde. Autrement dit, ils ont procédé à la mise en berne de la remise à plat des relations avec Washington souhaitée par Obama.
Déploiement de missiles russes
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