L'enlisement afghan

Le Canada en Afghanistan

Quatre autres soldats canadiens tombés au champ d'honneur aujourd'hui.
«Champ d'honneur»? Et si ce n'était rien d'autre qu'un champ de pavot?
Les doutes exprimés de plus en plus ouvertement sur les objectifs et les chances de succès de la mission canadienne en Afghanistan m'intriguent, depuis quelques jours. Même les commentaires du ministre de la Défense, Gordon O'Connor, souhaitant que les soldats de l'OTAN pourchassent les Talibans jusqu'en territoire pakistanais, constituent un aveu d'échec. Clairement, les Canadiens et leurs alliés ne viendront jamais à bout des Talibans...
Revoyons un peu la chronologie de l'implication canadienne en Afghanistan. Ordonnée par Jean Chrétien un mois après les attentats du 11 septembre 2005, elle se présentait comme une chasse aux terroristes d'al Qaïda. Le nombre de soldats engagés là-bas n'a cessé de croître jusqu'au nombre record de 2300. Mais on parle de moins en moins d'al Qaïda et de plus en plus de chasse aux Talibans.
Ce n'est pas du tout la même chose. Les Talibans sont des seigneurs de la guerre, traficants d'opium, doublés de religieux radicaux. Ils ne menacent personne sinon le peuple afghan lui-même. En clair, quelle guerre menons-nous là-bas?
Depuis quelques jours, le commandement des Forces armées a engagé plus d'un millier de soldats, des dizaines de véhicules blindés, des tonnes de munitions, et des centaines de millions de dollars... Pour quelle cause au juste?
Il était évident que cette mission - la plus importante pour l'armée canadienne depuis la guerre de Corée, dit-on - allait entraîner des pertes de vies humaines importantes. Quatre aujourd'hui. Il y en aura malheureusement d'autres d'ici la fin de la mission. Les pertes deviennent tellement importantes, et régulières, qu'on se demandait très sérieusement, dans un journal de Toronto, s'il ne serait pas plus sage (et économique!) d'ouvrir un cimetière canadien à Kandahar - comme il y en eut en Corée et avant cela en Europe -, plutôt que d'affréter les Airbus de l'armée de l'air pour rapatrier les dépouilles les unes après les autres.
Les militaires canadiens s'enlisent de plus en plus en Afghanistan. Et il est hélas garanti qu'ils ne reviendront jamais totalement victorieux de ce lointain champ de bataille. Plus le temps passe, plus les pertes seront lourdes car les Talibans regagnent des appuis dans la population afghane et deviennent des insurgés de plus en plus dangereux.
Se pourrait-il que cette campagne afghane, à laquelle Stephen Harper a voulu s'associer personnellement en visitant les troupes en mars dernier - avant même d'avoir fait face au Parlement -, se pourrait-il que cette campagne devienne son Waterloo?
La question se pose de plus en plus. C'est pour cela que les partis d'opposition - le NPD et les candidats à la direction du PLC - prennent leurs distances avec cette mission maudite...


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