Il est bien impossible de prévoir qui sera le prochain premier ministre. Mais on peut déjà dire que, quelque soit le résultat du scrutin du 26 mars prochain, (mais) il est clair que ce sera l’élection des grands rejets. Celle où les électeurs auront rompu avec au moins deux des dogmes traditionnels de la politique québécoise.
Le premier de ces dogmes, c’est celui d’une vie politique totalement déterminée par le débat entre souverainistes et fédéralistes. Voilà près de 40 ans que pratiquement toutes les élections sont, d’une manière ou de l’autre, des débats référendaires ou sur l’éventuelle tenue d’un référendum.
Encore cette année, libéraux et péquistes ont continué à parler de référendum, même si tout le monde sait qu’il n’y a pas d’appétit dans la population pour une autre consultation populaire sur la souveraineté.
André Boisclair, pour des raisons qui ont plus à voir avec les débats internes de son parti qu’avec les intérêts des citoyens, doit défendre l’idée d’un référendum le plus tôt possible au cours du prochain mandat du gouvernement. Les libéraux sont entrés dans le jeu, transformant cette campagne en référendum avant la lettre.
Sauf que quiconque suit la politique québécoise, même de loin, sait qu’il n’y a aucun appétit dans la société civile pour un autre référendum à ce moment-ci. C’est ce qu’ont affirmé, chacun à leur manière, le président de la FTQ, Henri Massé ou le nouveau candidat-vedette du PQ, Pierre Curzi.
Le PQ ne fait plus le plein des votes souverainistes et dans plusieurs régions qui voteraient encore très majoritairement Oui, il y a beaucoup de gens qui se tournent ailleurs parce qu’ils ne veulent plus que leur vote aux élections soit automatiquement lié à la question nationale. Ils veulent reprendre le droit d’utiliser leur vote aux élections provinciales autrement.
Il fut un temps où, dès qu’il était question de souveraineté, il suffisait aux libéraux de placarder leur autobus de campagne d’un énorme «Non au référendum» pour gagner des voix. Mais ce temps-là semble révolu. Or, on l’a vu depuis le début de la campagne, plus Jean Charest utilisait des arguments qui ressemblaient à ceux d’une campagne référendaire – que ce soit sur la partition, les transferts fédéraux ou les pensions – il perdait du terrain à chaque fois.
Chez les francophones, en tout cas, il est clair que la volonté de maintenir le lien fédéral n’implique plus automatiquement un vote pour les libéraux. Le PLQ n’a pas compris cette réalité et il en paie le prix depuis le début de la campagne.
Un autre grand rejet dans cette élection est celui des solutions étatiques mur à mur. Depuis la Révolution tranquille, autant les libéraux que les péquistes ont eu tendance à vouloir tout régler par de grands programmes gouvernementaux, mais sans trop de préoccuper de ceux qui étaient laissés pour compte.
Un bon exemple est le programme des garderies à 7$, sans aucun doute le programme gouvernemental le plus populaire à avoir été introduit depuis une génération. C’était un bon programme qui répondait à un besoin réel. Mais il était a été victime de son propre succès et n’a pu fournir des places pour répondre à la demande. Surtout, rien n’était prévu pour ceux dont un parent choisit de rester à la maison. Bref, si on ne se conformait pas au moule du programme, le gouvernement s’en lavait les mains.
Alors, faut-il s’étonner que la proposition de l’ADQ de 100 $ par semaine et par enfant pour les enfants qui ne vont pas en garderie subventionnée ait été si bien reçue? Pas plus qu’il ne faut s’étonner que ceux qui ne veulent pas de référendum se sentent très à l’aise de choisir le parti de Mario Dumont.
C’est parce qu’il y a des dogmes traditionnels de la politique québécoise que les électeurs rejettent et que c’est l’ADQ qui incarne cette rupture.
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