L’avenir de notre mouvement de libération

Chronique de Marc Labelle

Que signifie la récente réaction houleuse de bloquistes dépités ? À quoi ? À une nouvelle agression du gouvernement fédéral ? Non, à l’élection d’un chef résolument indépendantiste ! Manifestement, un bilan approprié de la raclée de 2011 n’a pas encore allumé les consciences.

Le bilan essentiel

Quelle fut la cause de cet effondrement ? Une erreur d’optique indéniable : le Bloc québécois avait perdu de vue sa mission fondamentale, soit « la promotion et la réalisation de la souveraineté du Québec » (cf. la Déclaration de principe adoptée au congrès de janvier 2000).

Face au gouvernement conservateur minoritaire de 2006 à 2011, le BQ s’est inconsciemment transformé en simple « défenseur des intérêts du Québec ». Il a d’abord cherché à négocier des concessions sectorielles, forcément mineures eu égard le projet de libération nationale. Résultat : en 2011, les Québécois ont voté pour le NPD en souhaitant vainement qu’une partie du Canada anglais fasse de même afin d’empêcher l’élection d’un gouvernement conservateur majoritaire. L’électorat du Québec n’avait su qu’imiter les calculs partisans d’un BQ ayant perdu son envergure. Réduction à l’illusion de la joute parlementaire canadienne. Dans laquelle le Québec, ne possédant que le quart de la députation, est nécessairement perdant, quels que soient les résultats des élections générales au Canada anglais.

Aussi, le discours du BQ était devenu ambigu, par exemple celui de sa plateforme électorale. Tout en dénonçant les empiétements du gouvernement fédéral dans les champs de compétence provinciaux, on se plaignait qu’il mette fin aux octrois des programmes intrusifs. Manière d’affirmer malgré soi la nécessité du mal honni. Réduction à une rhétorique piégée. Qui a relégué à l’arrière-plan le discours souverainiste.

L’appel du vide au Parti québécois

Le PQ doit aussi faire un bilan correct de sa déconfiture d’avril dernier. Comme le BQ a trop misé sur le vote provisoire des éternels fédéralistes frustrés (ou « fatigués », comme Léon Dion autrefois), le PQ a trop compté sur le vote aléatoire des nationalistes mous. En mettant sous le boisseau non seulement la souveraineté, mais le projet porteur de charte de la laïcité, qui lui est étroitement associé. Réduction à une tactique inefficace. D’où la tentation actuelle, au sein du PQ désarçonné, du repli sur le mirage de l’autonomie provincialiste, qui obnubile déjà la Coalition Avenir Québec.

En effet, des sirènes défaitistes au sein du PQ souhaiteraient un vote des membres sur l’orientation du parti afin de donner la priorité à la promotion soit d’un bon gouvernement, soit de la souveraineté. Donc, un mini-référendum pour choisir entre l’ombre et la proie. Réduction à la maudite obsession référendiste ! Étapisme à rebours vers l’anéantissement de l’espérance collective.

Contre la peur des mots justes

On n’attire pas durablement les indécis par un comportement inconsistant, une pensée indistincte, l’envie du reniement. (Cachez cette souveraineté que je ne saurais voir !). On réussira à les convaincre avec la pureté et la dureté d’un courage contagieux, d’une réflexion rigoureuse, d’une fidélité à l’idéal existentiel originel.

Mario Beaulieu va donner le coup de barre mobilisateur : recentrer la stratégie, le discours et l’élan du Bloc québécois. D’où les grognements comateux de carriéristes, d’apparatchiks et de « communicateux ». Ou le mouvement indépendantiste sera propulsé par une lucidité renouvelée, ou il sombrera dans l’insignifiance provinciale.

La radicalité (qui va à la racine des problèmes) du nouveau chef est de nature à frapper l’imagination et à susciter l’adhésion des Québécois. Alors, ils ne se surprendront pas de commettre le geste libérateur de lever le poing avec enthousiasme en déclarant : Nous vaincrons !

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Marc Labelle57 articles

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  Se voulant agent de transformation, Marc Labelle présente sur les valeurs et les enjeux fondamentaux du Québec des réflexions stratégiques, car une démarche critique efficace incite à l’action salutaire. Ses études supérieures en sciences des religions soutiennent son optique de penseur libre.





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3 commentaires

  • Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre

    27 juin 2014

    Accueillants vs émancipation nationale...
    M. Lisée démontre que l'est montréalais est orphelin de l'ancien gouvernement. Projets sur la glace: métro bleu, stade olympique et Hôpital Maisonneuve-Rosemont. Le gigantesque plan d'agrandissement de cet hôpital desservant une grande partie du Québec entourant la pointe de l'île est tombé en dormance. Et c'est l'hôpital employeur du ministre de la santé Gaétan Barrette.
    M. Lisée n'a pas publié une remarque disant que plusieurs employés de cet établissement ont de plus en plus des noms d'origine moyenorientale. Où vont maintenant les compétences locales? Question à Gaétan le ministre.

  • Archives de Vigile Répondre

    25 juin 2014

    Le mouvement souverainiste ne meurt pas, il se repositionne.
    Il ne faits que changer d'axe. On appelle ça une cure de
    rajeunissement. Avec le temps maussade que nous avons eu en fin de semaine, cela m'a permis de prendre une pose et de réfléchir sur
    se qui se passe actuellement. Le peuple Québécois est un peuple
    accueillant et cela s'est dans notre ADN. Peu importe se qu'on en
    dise, ceux qui nous dénigrent vont être un moment donné à bout
    d'arguments. Ne soyons pas inquiets et continuons notre chemin.
    Il faut apprendre à être gagnant et nous en sommes capables.
    Michel

  • Hugo Girard Répondre

    22 juin 2014

    Exactement, et il ne consiste pas comme disent certains de faire ''all-in'', mais plutôt d'engager la lutte pour la libération nationale pour Vrai. Il faut cesser de jouer le jeu de l'adversaire mais plutôt de commencer à le contrôler. Renverser la situation et faire entrevoir au peuple québécois LEUR République où pourra commencer notre émancipation nationale.
    Aussi, la réalité c'est que le référendum, nous l'avons déjà gagner. Les québécois ont déjà dit ''oui'' au pays.