Les médias sont en crise. Une crise occasionnée «par la dépendance des médias envers les élites des pouvoirs politiques et économiques, par la présence lourde de la parole publicitaire et par la marchandisation des contenus médiatiques informatifs et culturels».
En commençant ainsi son analyse des médias, Isabelle Gusse ratisse large et résume bien le point de vue développé dans son ouvrage Diversité et indépendance des médias.
Car les textes rassemblés par Mme Gusse, professeure en sciences politiques à l'UQAM, traduisent les inquiétudes de plusieurs observateurs sur l'indépendance des médias et leur apport véritable à la démocratie.
Alors que la liberté de presse et la liberté d'expression sont maintenant bien protégées par les lois et les chartes, alors que la diffusion de l'information semble se porter mieux que jamais grâce à Internet, les auteurs de cet ouvrage collectif s'inquiètent plutôt de la concentration des médias dans les mains de quelques grands groupes, de leur commercialisation, de leur superficialité.
Pour sa part, Normand Baillargeon, professeur et auteur, termine son analyse des «omissions» des médias par deux propositions concrètes. La première, fort intéressante, prône la mise en place au Québec d'un observatoire des médias, non partisan, un peu sur le modèle de FAIR aux États-Unis, qui pourrait coordonner sur Internet les actions de vigilance médiatique et de protestation contre les déformations, les parti pris et les préjugés des médias.
La deuxième, plus douteuse à mon avis, préconise la création d'un quotidien indépendant et populaire avec l'aide des centrales syndicales... mais indépendant de ces mêmes centrales, ce qui m'apparaît plutôt naïf.
La majorité des textes sont en fait des contributions rappelant le rôle et l'histoire des médias indépendants, essentiellement les radios et les télévisions communautaires, ici et ailleurs dans le monde.
L'impact de la télévision
Karine Prémont, professeure en science politique au Collège André-Grasset et chercheuse associée à l'UQAM, adopte une autre approche. Son ouvrage La télévision mène-t-elle le monde ? est une analyse très fouillée des relations entre la télévision américaine et les différents pouvoirs politiques américains.
Utilisant une profusion de statistiques, de données d'écoute et de données issues de sondages d'opinion, l'auteure commente les théories des chercheurs concernant l'impact réel de la télévision sur la politique étrangère américaine, en procédant à de nombreuses analyses de cas, étudiant particulièrement le rôle de la télévision dans les différentes interventions militaires américaines depuis 50 ans.
Sa conclusion ? La télévision est souvent à l'origine d'un changement au sein de l'opinion en ce qui concerne la politique étrangère, mais son pouvoir est «ponctuel et limité», dit-elle. L'influence considérable attribuée à la télévision pourrait être liée à la perte d'influence de la radio et des journaux depuis les années 60, alors que l'image est devenue plus importante que le discours. «La télévision observe et interprète le monde plus qu'elle ne le mène», avance-t-elle.
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Diversité et indépendance des médias
Sous la direction d'Isabelle Gusse
Presses de l'Université de Montréal
Montréal, 2006, 298 pages
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La télévision mène-t-elle le monde ?
Karine Prémont
Presses de l'Université du Québec
Québec, 2006, 232 pages
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