Sitôt nommé, sitôt critiqué. L'organisme B'nai Brith demande au chef libéral Stéphane Dion de congédier Jocelyn Coulon, le candidat qu'il vient de choisir pour l'élection partielle dans Outremont. On lui reproche notamment des «préjugés anti-Israël».
Dans un communiqué émis en fin de journée vendredi, jour de l'intronisation de M. Coulon, le B'nai Brith écrit que l'analyste et chroniqueur a fait preuve, au cours des dernières années, d'une «attitude hostile envers Israël». Selon l'organisme, «ses discours antiaméricains et ses appels demandant la fin de l'isolement d'un gouvernement contrôlé par le Hamas [...] devraient lui interdire d'être le candidat du Parti libéral».
«M. Coulon a émis plusieurs opinions qui vont à l'encontre de la politique de son parti», indique au Devoir Moïse Moghrabi, conseiller juridique de B'nai Brith Canada - région du Québec. «Il ne voit pas de problème à ce qu'on discute avec le Hamas, une organisation criminelle. Ensuite, il affirme que l'Iran ne représente pas une menace pour l'Occident, tout comme il a écrit que la menace terroriste islamiste était insignifiante. Ce n'est pas acceptable pour nous.»
M. Moghrabi estime que Jocelyn Coulon ne pourrait pas «être ministre de la Défense d'un prochain gouvernement. Ses idées ne sont pas conformes à la politique traditionnelle canadienne.»
Interprétation exagérée
Mais cette opinion n'est pas partagée par l'ensemble de la communauté juive. Le comité Québec-Israël trouve en effet exagérée l'interprétation du B'nai Brith et il estime que M. Coulon a tout à fait le droit d'être candidat libéral dans Outremont. «C'est vrai qu'il a une position sévère envers la question du Moyen-Orient et sur la politique d'Israël, mentionne Philippe Elharra, directeur des relations publiques. Mais nous connaissons bien M. Coulon, ainsi que la position du PLC sur le Moyen-Orient: nous présumons qu'il défendra maintenant cette position.»
Le principal intéressé s'est montré surpris de la sortie du B'nai Brith. «J'ai toujours dit que je suis un ami d'Israël, mais un ami critique. Israël est la seule démocratie de cette région, c'est notre alliée. Ce qui ne m'empêche pas d'avoir une position critique sur plusieurs de leurs politiques.»
M. Coulon rejette toute accusation d'être «anti-israélien, antiaméricain ou pro-Hamas: je ne vois absolument pas où ils vont chercher ça». Par rapport au Hamas, l'ancien chercheur mentionne qu'il y a une différence entre maintenir une ligne de communication obligée pour venir en aide à plus d'un million de personnes coincées à Gaza, et «entretenir des relations [officielles] avec le Hamas, ce qui est hors de question».
«On ne peut pas sortir une ligne à gauche et à droite d'un texte. Si on veut me juger, il faut le faire sur la totalité de ce que j'ai écrit», dit Jocelyn Coulon, qui reconnaît que sa pensée a pu évoluer au fil du temps. «Quand je chronique, j'ai un ton de chroniqueur. Là, je suis candidat et je suis très confortable avec la position de mon parti. C'est celle que je défends et que je vais défendre, [...] parce qu'elle est en accord avec ma philosophie de paix et de sécurité.»
La population juive comptant pour environ 15 % de la population d'Outremont, le B'nai Brith a indiqué hier qu'il distribuerait des copies de certaines chroniques de M. Coulon qu'il juge controversées, «pour que les électeurs comprennent». M. Coulon affirme de son côté qu'il a déjà commencé à tisser des liens avec la communauté et il se dit convaincu que les gens comprendront le sens exact de ses positions.
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