Jean Charest et les leçons d'Europe

Climat politique au Québec


Éditorial - On se demande parfois ce qu'un premier ministre du Québec peut aller utilement faire en Europe en dehors des discussions à la défense de la francophonie. Pourtant, il est probable que le dernier voyage de Jean Charest en France et en Allemagne aura des aspects positifs dont le Québec pourra bientôt profiter.
Passons rapidement sur les invitations pour célébrer l'été prochain le 400e anniversaire de Québec et le sommet de la francophonie: la démarche personnelle est plus élégante que le faire-part. Réjouissons-nous de la présence du ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, de l'ancien premier français Jean-Pierre Raffarin et du nouveau, François Fillon. Que Ségolène Royal, qui ne représente plus rien d'autre que la région de Poitou-Charente, annonce sa venue à Québec en septembre prochain pourra avoir un bon effet: la renseigner sur des sujets qu'elle a commentés, durant sa campagne à la présidence, sans même connaître l'abc de la diplomatie ou peut-être même la question, comme l'indépendance du Québec, par exemple. C'est peut-être dans cet esprit que Jean Charest s'est entretenu 45 minutes avec la candidate socialiste défaite.
La relation avec la Bavière peut être plus conséquente. La médaille de l'Ordre du Mérite représente un honneur certain, mais Bernard Landry l'avait déjà reçue alors qu'il était ministre des Finances du Québec. Elle signifie pourtant un désir de collaboration plus intense entre gouvernements de même niveau. De même pour les échanges avec les ministres bavarois: les échanges politiques et surtout économiques peuvent nous être utiles à court et à moyen termes. Mais quand on fait référence à des discussions portant sur l'appui de la Bavière au projet économique entre le Canada et l'Union européenne, on se demande bien sûr quel mandat avait reçu M. Charest dans ce débat.
La même question se pose concernant la rencontre que le premier ministre a eue avec le président de la France. M. Sarkozy a reçu lui-même M. Charest au pied de l'escalier, à l'Élysée, lui accordant les honneurs réservés aux chefs d'État. Mais l'établissement d'une "nouvelle relation" entre le Canada et l'Europe, dans un cadre de libre-échange, peut-il faire partie du mandat d'un premier ministre provincial...? Il nous faudrait sûrement des explications pour comprendre le sens de ces propos. D'accord pour discuter du protectionnisme québécois qui a valu à Bombardier d'éliminer un concurrent français au grand déplaisir du président. Mais pour les ententes entre le Canada et l'Europe...
Sûrement plus utiles les échanges sur la mobilité de la main-d'oeuvre et la reconnaissance réciproque des diplômes et des compétences. Voilà des questions où nous sommes bien en retard et bien perdants.
Mais surtout, la rencontre entre M. Charest et M. Sarkozy a pu faire réfléchir notre premier ministre sur la préparation d'un projet socio-politique que l'on élabore, que l'on explique et que l'on exécute! Là, le président français est passé maître et peut donner des leçons à quiconque veut apprendre une méthode efficace. Aujourd'hui, ça bouge en France, parce qu'il a su convaincre les Français qu'il faut que ça bouge! À ceux qui prennent du temps à comprendre, M. Sarkozy explique davantage, lui-même en avant, et vite, il passe à l'action. Au point que la gauche ne sait plus quoi dire ou s'allie à ses projets.
Espérons que ce fut un bon voyage...


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