Le Québec, mon pays, mes amours

Je me souviens

Oui, je l'aurai dans la mémoire longtemps

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Le Québec à coups de souvenirs

Je me souviens de la Conquête fatidique de 1759 et des années sombres qui s'ensuivirent, de cette longue période de domination étrangère où nous aurions pu nous éteindre petit à petit pour disparaître à jamais de notre terre natale et tant aimée.

Je me souviens de Lord Durham qui fut l'un des premiers d'une longue liste de dénigreurs de la nation en nous traitant de peuple sans histoire et de François-Xavier Garneau qui démontra le contraire de si brillante façon.

Je me souviens des tentatives répétées du Canada fédéralisé de nous amoindrir, de nous angliciser, de nous noyer dans le nombre, de promulguer une multitude de lois dans le seul but d'affermir leur emprise sur nous.

Je me souviens de la déportation de nos frères acadiens, de la rébellion des Patriotes de 1837 et de la Crise d'octobre de 1970.

Je me souviens de la traîtrise de l'accord du Lac Meech, du référendum truqué de 1995, du dénigrement systématique de longue date des médias anglophones et de certains Canadiens qui se poursuit à l'heure actuelle dès qu'il est question d'affirmation nationale de notre part.

Je me souviens de toutes ces choses afin de renforcer cette farouche détermination à ne pas se laisser abattre et décimer et de maintenir résolument le cap sur la création prochaine d'un pays enfin affranchi de toutes ces entraves à son épanouissement.

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Mais je me souviens aussi de mon enfance heureuse dans le quartier Limoilou dont la simple évocation du nom nous rendait si fiers, d'avoir joué et couru dans ses ruelles et d'y avoir connu mes premières amours.

Je me souviens de mes chers et bons parents dont j'honore la mémoire, des familles nombreuses mais unies, de l'instruction scolaire faite par tant d'enseignants dévoués, d'une éducation religieuse catholique qui convenait à l'époque, nous montrant à faire le bien et à éviter le mal et à devenir de bonnes personnes.

Je me souviens des Maurice Richard, Jean Béliveau, Guy Lafleur, des frères Rougeau, d'Olivier Guimond, des Beaux dimanches avec Henri Bergeron, du Sel de la semaine avec Fernand Seguin, de Bobino et Bobinette, des Classels et des Sultans, des Belles histoires des pays d'en haut, de Mon oncle Antoine, des premières pièces de Michel Tremblay, de Dodo et Denise, baignant au quotidien dans cette identité culturelle partagée qui est la nôtre.

Je me souviens du vrai bon monde de chez nous, des soirées du temps des fêtes avec toute la parenté réunie, des balades en auto du dimanche après-midi, des vacances ensoleillées à la campagne, des voisins assis sur le balcon, des chansons à répondre que tout le monde connaissait par cœur, et qu'on fredonnait les pieds pendant au bout du quai.

Je me souviens de lieux magnifiques et de gens remarquables rencontrés au fil du temps, au cours des nombreux périples sur cet immense territoire à contenance de plusieurs pays qui semble avoir été fait pour les géants.

Je me souviens de la ferveur nationaliste collective jointe à l'irrésistible élan indépendantiste des années soixante-dix, culminant lors des Fêtes nationales sur le Mont-Royal et de l'élection du parti qui en avait fait son article premier.

Je me souviens de tous les bâtisseurs du pays, de Jacques Cartier et Samuel de Champlain jusqu'à leurs continuateurs d'aujourd'hui, héros connus ou inconnus, qui ont cru au potentiel de ce pays et de ses habitants, et qui ont œuvré sans relâche pour qu'il soit officiellement reconnu un jour comme tel.

Je me souviens du progrès lent mais sûr de la société vers l'égalité des sexes, la séparation de l'Église et de l'État, des conditions de travail plus équitables pour tous, de programmes sociaux conçus pour les démunis et les malades.

Je me souviens de la nationalisation d'Hydro-Québec, d'Expo 67, de la mise sur pied du régime de l'Assurance-santé, de la loi 101, de la célébration des 400 ans de la ville de Québec, et de tant d'autres réalisations qui ont amélioré nos conditions de vie ou donné la fierté d'être d'ici et de nulle part ailleurs.

Je me souviens de tous ceux qui ont cherché à faire du Québec un endroit toujours plus à notre ressemblance, où chacun se reconnaît, où l'on se sent bien chez soi.

Je me souviens de toutes ces choses qui font que le Québec est le seul endroit où je veuille vivre, connaître le bonheur d'être, avec la satisfaction d'avoir mené une vie bien remplie, et puis mourir en paix un jour lointain.

Je me souviens de tout cela et longtemps encore m'en souviendrai.

Québec, mon pays, mes amis, mes amours, oui je l'aurai dans la mémoire longtemps.

Réjean Labrie

Ce texte me fut inspiré lorsque j'ai réalisé qu'il deviendrait le 300è de ma plume à être publié sur le site Vigile, 300 textes animés par l'amour inconditionnel des miens et de mon beau pays du Québec, tel un chœur de 300 voix qui chantent en harmonie la quête du pays, celui qui prend d'abord racine au fond du cœur.

Photo de l'auteur prise ce matin-même.
Chansons citées:
le folkloriste Alan Mills: http://www.youtube.com/watch?v=7SaJ8ki05Rc
Beau Dommage: http://www.youtube.com/watch?v=ZfQjDWAoCUU

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Réjean Labrie880 articles

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Réjean Labrie est natif de Québec. Il a fait une partie de sa carrière dans la fonction publique provinciale.

Il tire la plus grande fierté d’être un enraciné de la 11ème génération en sol natal. Son élan nationaliste se porte sur la valorisation de la culture québécoise et sur la préservation de l'identité culturelle québécoise et de sa démographie historique.

Il se considère comme un simple citoyen libre-penseur sans ligne de parti à suivre ni carcan idéologique dont il se méfie comme des beaux parleurs de la bien-pensance officielle.

L'auteur se donne pour mission de pourfendre les tenants de la pensée unique, du politiquement correct, de la bien-pensance vertueuse, toutes ces petites cliques élitistes qui méprisent le bon peuple.

Près de 900 articles publiés en ligne ont été lus un million et demi de fois par tous ceux qui ont voulu partager une réflexion s'étendant sur une période dépassant 15 ans. À preuve que l'intérêt pour une identité nationale québécoise affirmée ne se dément pas, quoi qu'on en dise.





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8 commentaires

  • Patrice-Hans Perrier Répondre

    25 juin 2014

    Mettons les points sur les i :
    Il s'agit de la mémoire de notre impuissance, de nos trop nombreuses trahisons et déceptions, de nos échecs à répétition et de ce reniement de nous-mêmes qui est la marque insigne (et indigne) des peuples conquis.
    La mémoire ne doit plus être une chaîne nous reliant à l'escalade d'une échelle aux trop nombreux barreaux qui ont été sciés par les prestidigitateurs qui nous gouvernent. Tous ces magiciens actifs au sein des médias, des facultés de la remembrance et des officines de la rectitude politique obligée depuis cette «Révolution tranquille» qui ne fut, qui n'est, qu'un oxymore ne correspondant à rien en termes d'évolution concrète.
    En 2017, nous, les esclaves de la pensée magique, allons célébrer le 150e anniversaire de la Con-fédération, le 50e anniversaire de la tenue de l'Exposition Universelle de 1967 (EXPO 67 dans le langage adapté aux esclaves gavés de Pepsi) et ... du même coup, le 50e anniversaire de l'oxymore politique par excelle : le Parti Québécois.
    Je prépare une analyse serrée sur la question et la soumettrai à Vigile sous peu.
    2017, représente aussi l'année des futurs élections présidentielles en France, la dissolution de la Ve République ou quelque chose du genre ... la mainmise du Traité transatlantique et l'éventuelle renforcement de l'Union Européenne, matrice absolue du pouvoir impérial.
    Toutefois, rappelons-nous qu'un certain Général de Gaulle est passé par chez nous en ... 1967, pour nous secouer les puces. Celui qui avait accepté la main tendu du grand tribun français à l'effet de faire un pied de nez à la diplomatie du Dominion canadien, Daniel Johnson, fut éliminé quelques temps par la suite.
    1967, c'est l'année des festivals psychédéliques, de la mainmise de la CONTRECULTURE sur l'inconscient collectif.
    ... un point capiton au coeur d'une histoire manipulée par les tenants de la gouvernance mondiale.
    2017 sera l'année du renoncement à toutes nos souveraineté ou le début d'une rébellion planétaire.
    «C'est maintenant le changement», pour reprendre l'ineffable expression de la pâte molle hollandaise ;-)

  • Nestor Turcotte Répondre

    24 juin 2014

    Le tour de l’île
    J’ai fait le tour de l’île pour honorer la mémoire de Félix Leclerc, né à la Tuque, il y a 100 ans. Je me suis arrêté, comme il se doit, au cimetière Saint-Pierre, le premier face à la côte de Beaupré. Les ancêtres, enterrés là au 17e siècle semblent avoir quitté les lieux. L’usure du temps. Il ne reste qu’environ 125 pierres tombales, toutes récentes. Le monument funéraire de Félix Leclerc, une simple petite pierre de granit. Trois pieds par deux. On y lit : Félix Leclerc, 1914-1988. C’est ainsi que tombe dans l’oubli le plus grand de nos poètes québécois. Sur la pelouse, en avant du monument, un certain nombre de souliers, plus ou moins usés. Un petit drapeau du Québec planté au beau milieu des chaussures de différentes pointures. Je songe à une de ses chansons que j’aime fredonner : Moi, mes souliers ont beaucoup voyagé…Petite prière et je suis reparti, le cœur bien triste, l’esprit affolé.
    ’ai fait comme Félix, pour supporter le difficile et l’inutile, j’ai fait le tour de l’île. Quarante-deux milles de choses tranquilles pour oublier la grande blessure.
    L’Île, en plein été, ce sont des arcs et des nefs comme on en trouve dans les grandes cathédrales. Ainsi ressemble le tour de l’île. En juillet le fleuve est toujours tiède sur les battures. La neige est rose l’hiver, dit le poète, comme chair de femme.
    Le mois de mai amène les oies, à marée basse. Mais, ici, les descendants de la Rochelle restent bien plantés comme des arbres qu’on ne peut déraciner. Surtout en hiver.
    Ici, les maisons de bois, les maisons de pierre, avec au cœur du village le clocher pointu et dans le fond vers pâturages, parlent d’histoire et d’ancrage, sous un soleil d’azur.
    Mais l’île devient de plus en plus un dépotoir, un cimetière envahissant, comme un parc à vidanges. On ne peut lui faire ça, à l’île d’Orléans. Notre fleur de lys, notre passé mutilé. Faisant le tour de l’île, j’ai vu, sous un nuage, près d’un cours d’eau, un grand-père au regard bleu qui monte toujours la garde. Il sait, à voir son visage ridé, ce qu’on dit de l’île dans les grandes capitales. Il entend déjà le signal. Quelqu’un va venir pour détruire le paysage.
    Et le poète de célébrer l’indépendance. Elle ne vient pas de France. Elle est là, en faisant le tour de l’île. Quand on y pense, quarante-deux milles suffisent pour savoir que les fruits sont murs et que le temps est venu de les cueillir.
    Toi, Félix, avec tes souliers, tu as beaucoup voyagé. Les miens aussi. Ils sont tout usés. Je voudrais les voir, comme toi, au pied de ma pierre tombale où je serai enterré. Comme toi, Félix, dans mon village natal.

  • Stéphane Sauvé Répondre

    24 juin 2014

    Merci monsieur Labrie pour votre généreuse contribution.
    Je vous offre Miron en cadeau de Paris (excusez la ponctuaison...):
    "Compagnon des Amériques
    Québec ma terre amère ma terre amande
    ma patrie d'haleine dans la touffe des vents
    j'ai de toi la difficile et poignante présence
    avec une large blessure d'espace au front
    dans une vivante agonie de roseaux au visage
    je parle avec les mots noueux de nos endurances
    nous avons soif de toutes les eaux du monde
    nous avons faim de toutes les terres du monde
    dans la liberté criée de débris d'embâcle
    nos feux de position s'allument vers le large
    l'aïeule prière à nos doigts défaillante
    la pauvreté luisant comme des fers à nos chevilles
    [14-06-24 3:14:22 PM] celestiumflora: mais cargue-moi en toi pays, cargue-moi
    et marche au rompt le coeur de tes écorces tendres
    marche à l'arête de tes dures plaies d'érosion
    marche à tes pas réveillés des sommeils d'ornières
    et marche à ta force épissure des bras à ton sol
    mais chante plus haut l'amour en moi, chante
    je me ferai passion de ta face
    je me ferai porteur de ton espérance
    veilleur, guetteur, coureur, haleur de ton avènement
    un homme de ton réquisitoire
    un homme de ta patience raboteuse et varlopeuse
    un homme de ta commisération infinie
    l'homme artériel de tes gigues
    dans le poitrail effervescent de tes poudreries
    dans la grande artillerie de tes couleurs d'automne
    dans tes hanches de montagne
    dans l'accord comète de tes plaines
    dans l'artésienne vigueur de tes villes
    dans toutes les litanies
    de chats-huants qui huent dans la lune
    devant toutes les compromissions en peaux de vison
    devant les héros de la bonne conscience
    les émancipés malingres
    les insectes des belles manières
    devant tous les commandeurs de ton exploitation
    de ta chair à pavé
    de ta sueur à gages
    mais donne la main à toutes les rencontres, pays
    toi qui apparais
    par tous les chemins défoncés de ton histoire
    aux hommes debout dans l'horizon de la justice
    qui te saluent
    salut à toi territoire de ma poésie
    salut les hommes et les femmes
    des pères et mères de l'aventure"

  • Archives de Vigile Répondre

    24 juin 2014

    Félicitation et merci.
    Vigile donne énormément par ses nombreux textes qui aident à la réflexion et nous poussent à trouver l'énergie pour continuer à se battre surtout présentement où les attaques vicieuses en ébranlent plus d'un.

  • Archives de Vigile Répondre

    24 juin 2014

    En commentaire au texte de Marcelle Viger: «Quand les femmes prennent Jean Charest comme mentor» (Tribune libre, 22 juin 2014), j'ai écrit:
    p.s. Avez-vous lu l’article admirable de Réjean Labrie de Québec « Je me souviens », « le Québec mon pays mes amours » ? Il est digne de la fête du 24 juin 2014. Comme dirait Claude Gauthier, quel beau voyage il nous fait faire.
    RBG, 24 juin 2014
    «Tant que l'indépendance n'est pas faite, elle reste à faire.» (Gaston Miron)
    Nous te ferons, Terre de Québec
    lit des résurrections
    et des milles fulgurances de nos métamorphoses
    de nos levains où lève le futur
    de nos volontés sans concessions
    les hommes entendront battre ton pouls dans l'histoire
    c'est nous ondulant dans l'automne d'octobre
    c'est le bruit roux de chevreuils dans la lumière
    l'avenir dégagé
    l'avenir engagé
    («L'homme rapaillé», «L'Octobre», Gaston Miron)

  • Archives de Vigile Répondre

    24 juin 2014

    M. Labrie,
    Avec une élite qui semble déterminée à changer le caractère ethnique du Québec, je ne suis pas sûr que les gens vont se sentir concernés par votre hymne au Québec français dans une ou deux générations.
    Je n'en reviens pas de voir, seulement dans les dix dernières années, comment le Québec est devenu de plus en plus cosmopolite et multiculturel.
    Alors qu'on jette les usines à terre parce que la base industrielle québécoise a été en grande partie déménagée vers l'Asie et que le Québec n'est plus un klondike de l'emploi, la seule raison que je perçois à la détermination de nos élites de faire entrer toujours plus d'immigrants, c'est une volonté de changer le caractère ethnique du Québec.
    Pourtant, la spécificité de chaque nation et de chaque ethnie avec ses caractéristiques propres constitue une richesse de l'humanité à préserver avec respect. Mais nous sommes en train de tout perdre au Québec et un peu partout en Occident.

  • Archives de Vigile Répondre

    24 juin 2014

    Vraiment magnifique votre texte, et c'est peu dire.

  • Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre

    23 juin 2014

    En cette fête nationale du Québec 2014, félicitations, M. Labrie, pour vos 300 textes.
    Et il vaut la peine d'enchaîner sur: "Je me souviens de Lord Durham qui fut l’un des premiers d’une longue liste de dénigreurs de la nation en nous traitant de peuple sans histoire..." Plus récemment, les ministres de Harper:
    - registre armes à feu, aéroport de Mirabel (et Trudeau)
    -pas d'égards à l'environnement du fleuve/golfe St-Laurent
    -pas d'application de loi 101 par institutions fédérales
    -pas d'aide militaire soutenue aux inondés de St-Jean Richelieu
    -pas d'aide aux fromagers sinistrés par entente Canada/CE
    -pas de voie de contournement du rail à Lac-Mégantic
    -pas de construction navale
    -pas de péage: pas de pont
    -pas d'accueil pour Mario Beaulieu
    et pourquoi pas un "je me souviendrai" du coup fomenté, selon M. Le Hir, pour remporter haut la main la prochaine élection: http://www.vigile.net/Le-plan-machiavelique-de-Stephen Article 92(10)c de la constitution canadienne:
    " L’effet de cette déclaration est de donner pleine compétence au gouvernement fédéral sur l’infrastructure ou le réseau ainsi qualifié, sur tous les aspects, y compris ceux qui sont de compétence provinciale."
    "Quant au Québec, il deviendrait enfin, à la satisfaction générale, une province comme les autres."