Le premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a déclaré samedi prévoir l’annexion des colonies israéliennes en Cisjordanie occupée en cas de réélection à l’issue des élections législatives de la semaine prochaine.
Dans un entretien sur la chaîne de télévision israélienne 12, M. Netanyahu a été interrogé sur le point de savoir s’il avait le projet d’annexer des colonies en Cisjordanie. Il a répondu que c’était bien son intention.
« J’appliquerai la souveraineté (israélienne) sans faire de distinction entre les (plus grands) blocs de colonies et les colonies isolées », a-t-il déclaré.
Les colonies installées sur les territoires palestiniens occupés par Israël depuis 1967 sont illégales au regard du droit international et une grande partie de la communauté internationale voit en elles un obstacle majeur à la paix.
Leur annexion par Israël pourrait sonner le glas de la solution dite à deux États, c’est-à-dire la création d’un État palestinien qui coexisterait avec Israël.
Appel du pied
À trois jours des législatives de mardi, les propos du premier ministre israélien semblent être un appel du pied aux électeurs de droite qui ne croient pas en la faisabilité de cette solution.
M. Netanyahu avait affirmé vendredi avoir dit au président américain Donald Trump qu’Israël refuserait, dans le cadre d’un futur plan de paix avec les Palestiniens, de faire partir « ne serait-ce qu’une personne » des colonies en Cisjordanie occupée.
« J’ai dit (à Donald Trump) qu’il ne devrait pas y avoir le retrait ne serait-ce que d’une seule colonie » dans ce plan, avait-il dit à la chaîne de télévision israélienne 13.
Il a cependant dit douter que cela soit préconisé par le plan de paix américain qui doit être proposé dans la foulée des législatives.
« Et si (le plan propose le retrait des colonies), alors Israël n’y souscrira pas », avait-il prévenu.
Plus de 400.000 Israéliens vivent dans des colonies en Cisjordanie occupée, tandis que 200.000 autres habitent à Jérusalem-Est, secteur palestinien occupé et annexé par Israël.
« Le maintien du contrôle (israélien) sur tout le territoire à l’ouest du (fleuve) Jourdain » est une autre condition israélienne avant la mise en place de tout plan de paix initié par les Américains, selon M. Netanyahu.
M. Netanyahu se targue régulièrement d’être proche du président Trump, tandis que le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a coupé ses relations avec Washington après la reconnaissance américaine fin 2017 de Jérusalem comme capitale d’Israël.
Les Palestiniens accusent l’administration Trump de pencher en faveur d’Israël, ce qui discrédite selon eux les États-Unis dans leur rôle historique de médiateur.
Les efforts pour une paix israélo-palestinienne sont à l’arrêt depuis l’échec de l’administration Obama en 2014.
Donald Trump s’est montré samedi prudent sur l’issue des élections législatives israéliennes, prévoyant un scrutin « serré » entre Benjamin Netanyahu et son principal concurrent, Benny Gantz.
« Au fait, qui va gagner la course ? Je ne sais pas », a lancé M. Trump lors de la convention annuelle de la Republican Jewish Coalition à Las Vegas. « Ça va être serré, je pense que ça va être serré », a-t-il ajouté. « Deux hommes bien, deux hommes bien », a-t-il poursuivi.
Mais il a rappelé qu’il était aux côtés de M. Netanyahu à la Maison-Blanche le 25 mars « pour reconnaître la souveraineté d’Israël » sur la partie du Golan syrien occupée par l’État hébreu.
Cette reconnaissance a été perçue comme un coup de pouce de Donald Trump pour « Bibi » — le surnom de M. Netanyahu — dans la perspective des élections israéliennes.
Les derniers sondages autorisés avant les législatives placent les listes de Benjamin Netanyahu et de Benny Gantz, à la tête de la mouvance centriste Bleu-blanc, au coude à coude. Ils confèrent cependant l’avantage au premier ministre sortant pour former le prochain gouvernement.