Deux peuples, deux réalités

Importance du bilinguisme: francophones et anglophones divisés

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«L'Ouest s'est toujours vu comme une société multiculturelle et n'a jamais cru à la thèse des deux sociétés fondatrices selon laquelle il existe deux grandes sociétés d'accueil au Canada.»

La frontière linguistique divise profondément les Canadiens quant à leur opinion sur l'importance du bilinguisme au pays, selon un sondage commandé par Patrimoine canadien et obtenu par La Presse. Pour certaines questions, les différences sont si importantes qu'elles constituent des «signes inquiétants», soutient le document. Un peu plus de la moitié des anglophones, soit 57% d'entre eux, considèrent que «la dualité linguistique au Canada est une source d'enrichissement culturel»; 85% des francophones pensent la même chose. Par ailleurs, les francophones sont proportionnellement deux fois plus nombreux que leurs compatriotes anglophones à croire que «l'avenir du français au Canada est menacé», selon cette étude. «Partout au pays et spécialement dans l'Ouest, les francophones sont plus nombreux que les anglophones à avoir une opinion positive à l'égard des langues officielles et de la dualité linguistique», conclut la maison de sondage TNS, qui a réalisé l'étude. Les sondeurs classent ces résultats dans les «nuages à l'horizon» et les «signes inquiétants» qui devraient préoccuper Patrimoine canadien. D'ailleurs, le travail du gouvernement fédéral pour «protéger efficacement les deux langues officielles» satisfait davantage les anglophones (67% sont d'accord) que les francophones (47%). Selon une experte du domaine, ces résultats s'inscrivent parfaitement dans le sillage des études précédemment réalisées sur le sujet. «C'est classique, c'est toujours comme ça, explique Linda Cardinal, professeure de sciences sociales à l'Université d'Ottawa et spécialisée dans les politiques linguistiques canadiennes. Je n'ai aucune surprise.» Divisions régionales En plus de la profonde faille qui divise francophones et anglophones au sujet du bilinguisme, le sondage révèle aussi des différences importantes entre les régions du pays. Au Manitoba et en Saskatchewan, par exemple, moins de la moitié des répondants croient que l'existence de deux langues officielles est une «part importante» de l'identité canadienne, comparativement à 66% pour ceux qui habitent les provinces atlantiques. Dans les Prairies, moins de 36% des adultes croient que la langue française est menacée, suggère le sondage. «On sait que dans l'Ouest, il y a plus de ressentiment à l'égard du fait français. C'est historique. Déjà, en 1905, il y avait ce sentiment», analyse la professeure Cardinal. «L'Ouest s'est toujours vu comme une société multiculturelle et n'a jamais cru à la thèse des deux sociétés fondatrices selon laquelle il existe deux grandes sociétés d'accueil au Canada.» Au contraire, les habitants de l'Ontario et de l'est du Canada seraient plutôt acquis, consciemment ou non, à cette thèse. La semaine dernière, le commissaire aux langues officielles du Canada, Graham Fraser, n'était pas disponible pour commenter l'étude. Celle-ci a été obtenue en vertu de la Loi sur l'accès à l'information. Elle a été réalisée auprès de 1500 Canadiens de partout au pays, dont environ un quart de francophones. La marge d'erreur maximale sur l'échantillon total est de 2,5%, 19 fois sur 20, indique le document. Avec la collaboration de William Leclerc



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