Le gouvernement Legault s’est engagé jeudi à donner un traitement spécial aux dossiers des candidats qui vivent déjà au Québec parmi les 18 000 qui ont été annulés. Ces personnes seront invitées avant les autres à postuler dans le nouveau système d’immigration Arrima, promet-on.
« Les 3700 peuvent être priorisés, une fois que notre projet de loi a été adopté », a expliqué le premier ministre Legault à la sortie de la période de questions jeudi. « On veut se concentrer sur les personnes qui correspondent aux besoins du marché du travail. »
Concrètement, cela veut dire qu’ils seront les premiers à recevoir une invitation dans le cadre du système de déclaration d’intérêt Arrima.
Ce nouveau système prend la forme d’une banque de candidats en ligne. Les gens peuvent s’y inscrire gratuitement. Le ministère lance ensuite des invitations et les personnes dans la banque peuvent alors soumettre officiellement leur dossier si elles sont intéressées.
Jusqu’à présent, plus de 91 000 personnes ont déjà inscrit leur nom, mais pour l’instant, aucune invitation n’a été lancée. Ce sera fait uniquement lorsque le projet de loi 9 (réforme sur l’immigration) sera adopté, vraisemblablement en juin.
Parmi les 18 000 dossiers, les 3700 de candidats vivant au Québec pourront alors être soumis avant les autres, à condition toutefois que ceux-ci se soient déjà inscrits dans Arrima, a-t-on souligné jeudi au cabinet du ministre Simon Jolin-Barrette.
Des excuses
L’idée de donner la priorité à ces personnes n’est pas nouvelle et le gouvernement en avait déjà parlé depuis la présentation du projet de loi. Or il en a fait un engagement formel jeudi en soulignant qu’il retenait ainsi une recommandation de la protectrice du citoyen, Marie Rinfret, faite la veille en commission parlementaire.
Le gouvernement n’a toutefois retenu qu’une partie de la proposition de Mme Rinfret, puisque cette dernière plaidait pour qu’on traite ces dossiers dès maintenant, comme prévu dans le vieux système, plutôt que d’attendre après l’adoption du projet de loi.
« Il y a beaucoup d’insécurité », a-t-elle dit. « Ils ne seront pas basculés automatiquement dans Arrima. […] Tout à coup, ils se retrouvent dans le vide et n’ont pas l’heure juste parce que la situation est en mouvance. »
Or le premier ministre, François Legault, a fait valoir jeudi que ce n’était pas possible. Son gouvernement n’a pas non plus retenu pour l’instant la suggestion de rembourser les tests de français (environ 500 $) faits dans le passé par ces candidats (ces tests tombent à échéance après deux ans).
Au cabinet du ministre Jolin-Barrette, on dit toutefois que ce n’est pas exclu et qu’on cherche actuellement à éviter que ces personnes doivent faire les mêmes démarches une deuxième fois.
Le premier ministre s’est par ailleurs dit ouvert à la suggestion de Mme Rinfret d’envoyer aux candidats des 14 300 autres dossiers toujours à l’extérieur du Québec un message écrit contenant des excuses et les motifs ayant justifié l’annulation de leur dossier.
Or il ne s’agirait pas d’excuses en bonne et due forme de la part de son gouvernement, mais « pour le gouvernement libéral qui a créé des délais d’attente trop longs », a-t-il répondu à une question en anglais.