Ils ne faisaient que passer

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Prévenir l'exode pour un avenir plus fructueux






L’aile jeunesse de la Coalition avenir Québec était réunie en congrès en fin de semaine à Victoriaville. Ils ont adopté pour l’occasion une proposition qui avait été annoncée la semaine dernière, à savoir celle qui vise à faire payer ceux qui quittent le Québec moins de 10 ans après l’obtention du diplôme et l’intégration au marché du travail.




Les jeunes caquistes prévoient ainsi demander un remboursement de 5 pour cent de la part des coûts de scolarité assumée par l’État par année d’absence du Québec, jusqu’à un maximum de 50 pour cent, équivalant à 10 ans d’absence.




Pour empêcher quelques excès potentiels, la proposition prévoit que les employés d’un OBNL à vocation caritative soient exemptés de ce devoir. Plusieurs autres assouplissements devraient être inclus. Elle devrait notamment exempter l’employé d’une entreprise québécoise qui serait assigné à une succursale étrangère.




Les détails seront de toute manière appelés à être mieux définis si la proposition fait du chemin et se mute éventuellement en politique publique.




Il ne suffit pas non plus de punir ceux qui quittent. La liste d’actions positives et incitatives visant à ce que les régions du Québec soient plus séduisantes aux yeux du nouveau diplômé que les autres provinces ou les pays étrangers serait longue à dresser.




Le doigt sur le bobo




La pire erreur qui pourrait être faite serait de considérer l’exode des diplômés comme une autre question estudiantine ne touchant au final qu’un nombre très restreint de gens.




C’est l’ensemble du Québec qui paie pour que les droits de scolarité soient les moins élevés en Amérique du Nord. C’est ce que l’on appelle un choix de société, alors que la collectivité québécoise estime que l’investissement en vaut la peine et qu’elle s’en trouvera tout entière enrichie.




Et c’est cette même collectivité qui est perdante lorsque de jeunes cerveaux formés à ses frais renoncent à lui faire bénéficier de leur savoir.




Si l’applicabilité du projet des jeunes caquistes soulève d’importantes interrogations, et si les moyens prévus ont tout intérêt à être des plus convaincants, l’idée avancée a le mérite de mettre le doigt sur le bobo et de souligner un véritable problème trop souvent ignoré.




Pas un bar ouvert




L’éducation à bas prix, qui devrait — même à mon avis — être gratuite, n’a pas à se transformer en bar ouvert pour autant. Le vice-président de l’aile jeunesse de la CAQ avait le mot juste en soulignant que l’État québécois ne peut tout simplement pas subventionner les travailleurs qualifiés des autres provinces ou des autres nations.




Ce n’est pas là sa vocation. Nous devrions ainsi éviter de confondre les valeurs d’accessibilité avec les bons sentiments. C’est aussi un bel acte de responsabilisation de l’étudiant que de lui faire comprendre que ses choix ne sont pas inconséquents, qu’il ne pourra se dire que, de toute façon, c’est la collectivité qui assumera les coûts de ses choix.




Autrement dit, quand on brise un contrat, on en assume logiquement les frais.




 


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Simon-Pierre Savard-Tremblay179 articles

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Simon-Pierre Savard-Tremblay est sociologue de formation et enseigne dans cette discipline à l'Université Laval. Blogueur au Journal de Montréal et chroniqueur au journal La Vie agricole, à Radio VM et à CIBL, il est aussi président de Génération nationale, un organisme de réflexion sur l'État-nation. Il est l'auteur de Le souverainisme de province (Boréal, 2014) et de L'État succursale. La démission politique du Québec (VLB Éditeur, 2016).





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