Ça commence toujours à peu près de la même façon.
Je reçois un courriel ou un téléphone.
Mes interlocuteurs me demandent si je suis l’avocat qui a écrit De la nomination des juges ou Repenser le Barreau du Québec, deux articles publiés dans le Devoir en 2006 et en 2007.
Je confirme que c’est bien moi.
Ils me demandent alors s’ils peuvent retenir mes services.
Je leur réponds aussitôt que je ne pratique plus, que je ne donne pas de conseils juridiques et que je n’ai aucune intention de retourner au droit.
Ils souhaitent tout de même se confier à moi, me conter leur histoire, m'offrir un café.
J'accepte volontiers de les écouter.
Plusieurs ont perdu des centaines de milliers de dollars, voire quelques millions de dollars, parfois à cause de leur avocat.
Certains sont au bord de la faillite.
D’autres cherchent réparation contre un jugement qui les stigmatise injustement.
Je leur recommande de contacter un avocat qui pratique dans le domaine qui les intéresse.
Des prescriptions peuvent être en jeu.
Ils me répondent qu’ils l’ont déjà fait.
Ils me racontent qu'ils ont vu un premier avocat qui leur a facturé des dizaines et même des centaines de milliers de dollars en honoraires et qui leur a fait perdre leurs droits en raison de son incompétence.
Ils ont retenu les services d'un deuxième avocat afin de poursuivre le premier et qu’il s’est avéré tout aussi incompétent.
Il arrive même que certains clients aient été floués par leur avocat alors que celui-ci était en processus disciplinaire sans qu’ils ne l’aient su, ce dernier finissant par être radié pour d'autres incartades.
Ils ont parfois entrepris de poursuivre sans avocat leur premier et leur deuxième avocat ainsi que le Barreau parce qu’ils n’avaient plus l’argent nécessaire pour rémunérer un troisième avocat ou parce que plus aucun avocat ne voulait les représenter.
Ils ont plusieurs poursuites en chantier.
Ils ont tous porté plainte au Barreau.
Ils sont allés en comité de discipline, au tribunal des professions, en cour supérieure, en cour d’appel ou en cour Suprême afin d'obtenir justice.
La majorité n'a pas encore obtenu réparation.
Certains étaient tellement émotifs lorsqu’ils se sont présentés sans avocat devant le tribunal, qu’ils ont été déclarés plaideurs quérulents.
Ils seraient trop agressifs, juge-t-on.
Exaspérés ?
Qui ne le serait pas à ce compte?
Les victimes d'avocats incompétents devraient être représentés pro bono par les meilleurs avocats inscrits au tableau de l'ordre. Ce qui serait bien la moindre des choses.
Au contraire, loin de les soutenir dans leur épreuve, le Barreau se comporte à leur égard comme s'ils étaient coupables d'avoir requis les services de mauvais avocats.
Face à tant d'injustice, certains ont songé au suicide quand ils ne sont tout simplement pas passés à l’acte, manquant heureusement leur coup.
Presque tous ont tenté de raconter leur histoire aux médias.
Ces derniers refusent systématiquement de parler de ces litiges, d'aider ces justiciables qui ne savent plus à quels saints se vouer.
Plusieurs journalistes disent craindre les poursuites et ne souhaitent pas croiser le fer avec le Barreau du Québec.
Ces histoires d’horreur n’existent pas aux yeux du public parce que les médias n'en parlent pas.
Un peu comme la corruption qui a fleuri à Montréal et à Laval au cours des vingt dernières années.
Il n’y a pas que la mafia qui fait peur aux honnêtes gens et aux médias !
***
Sur le même sujet :
Vivre l’injustice au quotidien
L’outrage
Des questions pour la commission Charbonneau
Journalistes sous influence
Le risque de la vérité
Le réseau de tous les secrets
Repenser le Barreau du Québec
De la nomination des juges
Il n’y a pas que la mafia qui fait peur aux honnêtes gens!
Chronique de Louis Lapointe
Louis Lapointe534 articles
L'auteur a été avocat, chroniqueur, directeur de l'École du Barreau, cadre universitaire, administrateur d'un établissement du réseau de la santé et des services sociaux et administrateur de fon...
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L'auteur a été avocat, chroniqueur, directeur de l'École du Barreau, cadre universitaire, administrateur d'un établissement du réseau de la santé et des services sociaux et administrateur de fondation.
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1 commentaire
Archives de Vigile Répondre
13 février 2013pas surprenant une justice atteinte à 15% est une justice atteinte à 100% !!!!
barreau du quebec «mandat de protéger le publique mon cul»!
http://www.lapresse.ca/actualites/quebec-canada/politique-quebecoise/201208/20/01-4566710-les-bureaux-de-la-ministre-de-la-justice-chez-un-proche-des-rizzuto.php
Après sa nomination au poste hautement stratégique de ministre de la Justice, en 2008, Kathleen Weil s'est installée pendant quatre mois dans des bureaux appartenant à un proche de la mafia lié de près au fils de l'ancien parrain Vito Rizzuto.
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Une nomination qui cause un (gros) malaise au ministère de la Justice du Québec http://lesnews.ca/politique/30484-une-nomination-qui-cause-un-gros-malaise-au-ministere-de-la-justice-du-quebec/#.UJuYSTID-mo.facebook
L’avocate Marie-Hélène Giroux, qui a défendu des membres du crime organisé dont plusieurs membres des Hells Angels a été engagée par le ministère de la Justice du Québec pour piloter les dossiers de corruption liés à la mafia.
Cette embauche se fait sur le principe que la criminaliste a l’expertise et le leadership nécessaire pour s’attaquer à cette tâche.
Toutefois, le bât blesse car, comme l’indique le Journal de Montréal, elle est la conjointe et l’associée de Me Clément Monterosso, qui a représenté le parrain Vito Rizzuto dans certains procès et litiges.
La nomination, on imagine, a causé toute une commotion au sein de la communauté légale.