Le CIGRE, pour Conseil international des grands réseaux électriques, est un organisme qui a été fondé en France en 1921. C'est ce qui explique que son sigle correspond à son nom français. En principe, l'organisme utilise autant le français que l'anglais et sa revue Electra est bilingue.
À tour de rôle, les grandes compagnies d'électricité de chacune des provinces jouent le rôle de «société hôte», comme c'est le cas cette année pour Hydro-Québec, qui est un des membres de CIGRE. Hydro-Québec et son centre de recherche, l'IREQ, chapeautent cette année la septième édition du congrès annuel de CIGRE Canada qui aura lieu en septembre à Montréal, une manifestation scientifique à caractère international qui se déroulera exclusivement en anglais.
Comme la manifestation se tient à Montréal, le comité d'organisation du congrès CIGRE Canada est formé de chercheurs de l'IREQ et de scientifiques d'Hydro-Québec. Chez Hydro-Québec, on soutient que la société d'État n'est pas engagée dans l'organisation du congrès même si elle y a délégué plusieurs chercheurs de l'IREQ, qui se chargent de l'organisation de la manifestation, et d'autres de ses employés. Hydro-Québec ne commandite pas le congrès, a indiqué le porte-parole d'Hydro-Québec, Louis-Olivier Batty. «Ça demeure un événement organisé par un organisme canadien qui est le CIGRE. Pour le reste, on n'a pas d'exigence, ni de position sur la question des communications», a déclaré le porte-parole.
Hydro-Québec est soumise à la «politique gouvernementale relative à l'emploi et à la qualité de la langue française dans l'administration». Le personnel d'Hydro-Québec peut «s'exprimer dans une autre langue que le français lorsque la conférence ou l'allocution est prononcée au Québec devant un auditoire international», a fait valoir Louis-Olivier Batty. Cette position est conforme à une des dispositions de la politique gouvernementale.
En revanche, une autre disposition de cette politique stipule que, «lorsque l'Administration participe à un congrès, à une exposition ou à une autre manifestation publique, elle s'assure que l'information la concernant est offerte en français».
En outre, dans sa politique en matière de langue de travail et de communication, Hydro-Québec s'engage à «assurer le rayonnement de la langue française auprès de sa clientèle, de ses fournisseurs et de ses partenaires».
À quelqu'un qui a demandé s'il pouvait soumettre des communications en français, un membre de l'organisation du congrès et chercheur à l'IREQ, Jean-François Allan, a répondu que le congrès regroupe des experts nationaux, c'est-à-dire canadiens, et internationaux et que «la langue commune des conférences de CIGRE Canada est l'anglais». Aucun service de traduction n'est fourni.
Pour sa part, le président d'Impératif français, Jean-Paul Perreault, trouve «incroyable» qu'une société d'État comme Hydro-Québec et son centre de recherche, l'IREQ, «participent de façon aussi évidente à la banalisation du français et contribuent à faire de l'anglais la langue universelle au détriment des autres langues internationales».
«C'est dommage de voir que ce préjugé ou cette valeur — l'anglais, langue scientifique, l'anglais, langue universelle — est multiplié au détriment des autres langues nationales par des organismes et des personnes qui devraient, en toute fierté, dire que, sur notre territoire, c'est notre langue qui doit prédominer», a fait valoir Jean-Paul Perreault.
Encore une fois, une attitude désinvolte d’une de nos Sociétés d’État , un des fleurons du Québec qui se déresponsabilise cavalièrement de son rôle de représentante des intérêts des Québécois en se lavant effrontément les mains dans le bassin du mépris de la langue officielle du territoire où elle est implantée!
Henri Marineau
Québec
Le congrès de CIGRE Canada exclusivement en anglais
Hydro-Québec s'en lave les mains!
Encore une fois, une attitude désinvolte d’une de nos Sociétés d’État
Crise linguistique au Québec 2012
Henri Marineau2090 articles
Né dans le quartier Limoilou de Québec en 1947, Henri Marineau fait ses études classiques à l’Externat Classique Saint-Jean-Eudes entre 1959 et 1968. Il s’inscrit par la suite en linguistique à l’Université Laval où il obtient son baccalauréat et son diplô...
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Né dans le quartier Limoilou de Québec en 1947, Henri Marineau fait ses études classiques à l’Externat Classique Saint-Jean-Eudes entre 1959 et 1968. Il s’inscrit par la suite en linguistique à l’Université Laval où il obtient son baccalauréat et son diplôme de l’École Normale Supérieure en 1972. Cette année-là, il entre au Collège des Jésuites de Québec à titre de professeur de français et participe activement à la mise sur pied du Collège Saint-Charles-Garnier en 1984. Depuis lors, en plus de ses charges d’enseignement, M. Marineau occupe divers postes de responsabilités au sein de l’équipe du Collège Saint-Charles-Garnier entre autres, ceux de responsables des élèves, de directeur des services pédagogiques et de directeur général. Après une carrière de trente-et-un ans dans le monde de l’éducation, M. Marineau prend sa retraite en juin 2003. À partir de ce moment-là, il arpente la route des écritures qui le conduira sur des chemins aussi variés que la biographie, le roman, la satire, le théâtre, le conte, la poésie et la chronique. Pour en connaître davantage sur ses écrits, vous pouvez consulter son site personnel au www.henrimarineau.com
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1 commentaire
Tremblay Sylvain Répondre
21 janvier 2012Comme au Canada, l'organisme international a 2 langues officielles, le français et l'anglais:
"The official languages of CIGRE are French and English". - CIGRE Statutes: CIGRE Official Document. Article 19, Languages
"French and English are the two official languages of CIGRE.
Internal documents drawn up by Study Committees for their own purposes are either in English or French. If the Study Committee Chairman considers translation in the other language is absolutely necessary, this is effected by the Study Committee". - Rules for Study Commitees: CIGRE Official Document. Rule 15, Languages
Les réglements administratifs de CIGRÉ Canada ne comportent aucune clause sur la langue.
Règlements administratifs / CIGRÉ Canada
Le formulaire de rédaction de résumé d'article est offert seulement en anglais, et il est interdit d'en modifier la forme. L'appel de textes, cependant, est fait en français:
Appel de communications: Congrès 2012 CIGRÉ Canada, Montréa (Québec), Canada, 24 au 26 septembre 2012
Aucune indication sur la langue de rédaction n'est offerte nulle part, ni sur l'appel et ni sur le formulaire. Les résumés doivent faire l'objet d'une approbation avant de pouvoir soumettre l'article en cause.
En regard de ce que j'ai consulté et de ce que vous en dites, m. Marineau, je serais bien embêté si j'étais un spécialiste voulant soumettre une présentation lors de cette conférence. Ça m'a de l'air que le bilinguisme officiel de l'organisme veut dire la même chose qu'au Canada, i.e. que c'est seulement l'anglais qui est utilisé, les francophones ne servant que de source financière d'appoint et de figuration.
Si donc je voulais soumettre une présentation je me dirais que mon texte en français serait tout simplement rejeté parce qu'il est en français, et ça ne vaut donc pas la peine, et ça ne m'intéresserait pas du tout de le faire en anglais. On voit ainsi les limites que nous imposent les canadiens anglais en prenant le contrôle d'organismes nationaux pour y exclure de facto le français, même si s'en est une langue officielle inhérente. Le domaine des sciences nous est totalement barré dans le sens de notre avancement par cette pratique éminemment politique, ça se voit pratiquement partout. Personnellement, moi, si j'étais un spécialiste, je boycotterais cet événement, ça aussi c'est politique.
Tous les chemins nous sont bloqués dans le Canada, cette conférence exclusivement anglophone d'origine canadienne n'en est qu'un exemple, ici sur le plan scientifique. J'ai fait cette petite recherche en tant que technicien en documentation, un peu interpellé par l'article sur un sujet que je connaissais déjà, les conférences anglophones au Québec, mais intrigué par l'origine francophone de l'organisme et la transformation anglophone qu'il prend au Québec, malgré, surtout, l'implication d'organismes québecois, de nature gouvernementale, en plus. Comme les arbres le long des routes de parcs nationaux, le français n'est qu'une façade qui ne sert plus qu'à cacher les ravages de l'anglophonie dans notre pays.
Comme l'indépendance du Québec, il faut songer à faire l'indépendance de ces organismes nationaux canadiens, qui sont exclusivement anglophones de fait. Il faut en créer de parallèles, sinon de toutes pièces quand ce n'est pas possible, pour en faire profiter les francophones du Canada, en même temps que nous. Les sciences, comme tout autre domaine, c'est très important; nous devons pouvoir progresser là-dedans, en français, sinon on perdra tout. Le français est, je pense, la langue scientifique la plus solide au monde, et c'est nous qui l'avons implantée en Amérique, cette langue. L'anglais n'a aucun poids face au français, la preuve c'est que que les canadiens anglais n'ont jamais été capable de l'apprendre après 250 ans, sauf quelques personnes. Quand nous nous déciderons à publier et éditer en francais dans le domaine des sciences en particulier, notamment avec l'appui d'une réglementation sans équivoque, le travail suivra de pair et les anglophones se verront forcés de traduire comme les anglais d'Angleterre ont été forcés de le faire depuis les siècles passés avec les textes français de France, scientifiques, notamment. Avez-vous remarqué que les anglais préfèrent voir les français penser et écrire dans une langue qu'ils connaissent mal et qui n'est pas la leur pour leur faire perdre toute leur avancée scientifique et autre acquise au cours des siècles? Ainsi ils peuvent les devancer plus aisément, et c'est la même stratégie qu'ils emploient avec nous. L'anglais, c'est de la camelotte à coté du français, disons-nous le, il n'y a rien là-dedans, nous achetons du vent et nous gaspillons notre argent pour rien avec ça, en plus de notre temps, très précieux. Servons-nous de ce qu'on a, la langue occidentale la plus riche qui soit - c'est pour ça qu'on veut nous la faire perdre, parce que nous sonmmes riches avec elle. Seulement nous pouvons l'exploiter, si on ne le fait pas, on est faits.