Le CHUM et son pendant anglophone, le CUSM, entrent dans la «phase de non-retour». Les deux futurs méga-hôpitaux franchissent ces jours-ci la première étape qui les conduira à un partenariat public-privé (PPP) pour leur construction et leur entretien sur une période de 35 ans.
Trois appels de qualification ont été lancés le 27 juin: pour le CHUM, le centre de recherche du CHUM et le campus Glen du CUSM. L'exercice permettra de sélectionner trois candidats pour chacun des trois projets, lesquels pourront déposer une proposition l'hiver prochain. Lors de cette deuxième étape, un seul candidat sera choisi pour chaque projet.
Mais, entre-temps, les firmes tant québécoises qu'étrangères intéressées par ces projets gigantesques assisteront aujourd'hui et demain à des séances d'information. Elles auront ensuite jusqu'en septembre pour présenter un dossier et ainsi se qualifier pour la conception, la construction, le financement et l'entretien à long terme d'un des trois projets.
Les capacités techniques des entreprises, leur solidité financière et leur expérience dans des projets d'envergure comparable serviront à sélectionner les trois consortiums. Les entreprises peuvent soumissionner pour les trois projets si elles le souhaitent.
Mais là s'arrêtent les informations que l'Agence des partenariats public-privé (PPP Québec) consent à donner. Malgré le discours public sur la transparence tenu par le p.-d. g. de PPP Québec, Pierre Lefebvre, ainsi que par la présidente du Conseil du trésor, Monique Jérôme-Forget, et son collègue de la Santé, Philippe Couillard, il est impossible d'obtenir certains détails de ce processus public à moins de payer 50 $ au système électronique d'appels d'offres SE@O. Par exemple, PPP Québec refuse de dévoiler quelle somme sera versée aux candidats pour qu'ils préparent leur proposition respective.
«Sinon, ça ferait perdre une vente à SE@O. On peut vous dire à peu près comment ça fonctionne. Mais je ne peux pas vous donner de précisions», a expliqué hier au Devoir Karla Duval, de PPP Québec. Mme Duval a souligné que l'appel de qualification et les informations qu'il contient ne sera disponible pour le grand public que lorsque la sélection sera terminée.
Les projets du CHUM, de son centre de recherches, du CUSM ainsi que de l'hôpital Sainte-Justine totalisent pour l'instant 3,6 milliards de dollars. La plus grande partie de la modernisation des hôpitaux se fera en mode PPP; une somme de 2,185 milliards est prévue pour ces chantiers. Les travaux de rénovation (dont l'hôpital Saint-Luc et Sainte-Justine) seront effectués selon la formule conventionnelle.
Les coûts finaux pourraient toutefois encore augmenter, comme le directeur exécutif des projets, Clermont Gignac, continue à le rappeler. Il y a un an, le gouvernement apportait un ajustement de plus d'un milliard de dollars, faisant passer la facture prévue de 2,5 milliards à 3,6 milliards. L'estimation devrait devenir le «budget convenu» au printemps prochain, lorsque les projets auront été définis en détail et que les risques auront été établis. Cette étape devrait être franchie en même temps qu'aura lieu la sélection des partenaires privés. L'échéancier de réalisation devrait également être arrêté à ce moment; l'objectif, à l'origine 2010, est passé à 2013.
C'est le 18 juin dernier que les ministres Jérôme-Forget et Couillard annonçaient officiellement le choix des PPP. Comme s'est plu à le dire le ministre de la Santé, les hôpitaux entraient ainsi dans la «phase de non-retour». Renchérissant, la présidente du Conseil du trésor et ministre des Finances a fait l'éloge des PPP. «Je suis confiante que cette démarche, qui a largement fait ses preuves à travers le monde et qui inclut un partage des risques avec le secteur privé, contribuera à assurer la qualité et la pérennité des infrastructures hospitalières de Montréal», avait alors déclaré Monique Jérôme-Forget.
Lors de cette conférence de presse, à laquelle les représentants d'entreprises privées étaient aussi nombreux que les journalistes, PPP Québec a remis une liste de projets PPP en santé réalisés au Canada et dans le monde. On en compte six en Colombie-Britannique, 16 en Ontario, un au Nouveau-Brunswick et un en Alberta. Plusieurs projets sont également menés en Europe (Espagne, France, Italie, Grande-Bretagne, Portugal et Australie). Un seul de ces projets a l'ampleur du CHUM et du CUSM en ce qui a trait à l'investissement. Il s'agit d'un réaménagement hospitalier de 1248 lits, pour un coût de 2,2 milliards de dollars.
Le Québec en est à ses premières expériences en matière de PPP. On compte le prolongement de l'autoroute 25, la construction de la salle de concert pour l'Orchestre symphonique de Montréal et les projets du CHUM et du CUSM.
Le chef de l'opposition officielle à l'Assemblée nationale, Mario Dumont, adhère à cette vision des choses. Lors d'un point de presse impromptu il y a dix jours, M. Dumont a expliqué qu'un gouvernement de l'Action démocratique du Québec ne remettrait pas en question les projets du CHUM et du CUSM, ni leur mode de réalisation. «Il faut certainement être très vigilant, voir de près toutes les dépenses qui pourraient leur être attribuées, mais sur le fond, il serait de notre intention de poursuivre l'orientation du gouvernement», a alors indiqué M. Dumont.
Hôpitaux et PPP: trop tard pour reculer
Les appels de qualification ont été lancés
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