Texte publié dans Le Devoir du lundi 3 mars 2008 sous le titre "Pour un système public et contre le statu quo"
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Lors de la publication du rapport Castonguay, certaines personnes ont prétendu que la position du Parti québécois n'avait pas été claire. Je souhaite donc réitérer la position présentée le jour même de la publication du rapport.
Notre choix est de continuer à travailler au maintien d'un système public de santé fort, accessible, de qualité et bien financé. Soigner notre monde, améliorer la qualité de vie des gens, assurer leur égalité devant la maladie : voilà ce qui doit être selon nous les missions premières du réseau.
Nous ne croyons pas qu'il faille élargir la place du privé d'autant que l'accroissement constant de la proportion du privé au cours des dernières années n'est pas venu solutionner les problèmes de notre système de santé. C'est pourquoi nous sommes opposés à l'élargissement des assurances privées dans la santé et au décloisonnement de la pratique médicale. Cela reviendrait selon nous à siphonner les ressources des établissements publics pour les détourner vers le privé. Un raccourci, réservé à quelques privilégiés, serait ainsi ouvert, alors que l'attente ne diminuerait pas pour l'ensemble des usagers.
Mais être en faveur du public ne veut pas dire appuyer le statu quo. Nous investissons 24 G$ par année dans ce système et nous devons arriver à en avoir plus pour notre argent. C'est là une préoccupation constante du groupe de travail dirigé par Claude Castonguay.
Des ressources mal utilisées
Il y a des ressources mal utilisées dans notre réseau, tous les intervenants qui s'y trouvent le confirmeront. D'ailleurs, on s'explique mal la décision du ministre Philippe Couillard de donner en sous-traitance à des cliniques médicales privées la tenue de centaines d'opérations, alors que de nombreuses salles d'opération sont sous-utilisées dans nos propres établissements. Encore une fois, cela revient à sortir les ressources du système public, multiplier les acteurs et augmenter les coûts.
Mettons les choses au clair : nous sommes en faveur d'un système public fort, mais il faut se le dire, le nôtre a besoin d'être dépoussiéré et chacun doit faire sa part pour le rendre plus efficace. Il faut mettre en place des mécanismes pour améliorer la productivité, assurer la transparence et mesurer la performance.
Mais pour améliorer le système, il faut surtout, du leadership. Mario Dumont peut bien se dire opposé à une hausse du fardeau fiscal des Québécois, il appuie néanmoins l'imposition d'un ticket modérateur. Alors que cette proposition est proprement odieuse, particulièrement pour la classe moyenne.
Quant au gouvernement Charest, on ne peut que s'étonner de son cynisme, lui qui, au cours des deux dernières années, a renoncé à près de 3,5 G$ en refusant de s'approprier le champ fiscal abandonné par le fédéral, en utilisant la hausse des transferts fédéraux pour diminuer les impôts. Cela témoigne de son manque de vision ainsi que d'une abdication de ses responsabilités sociales face à l'avenir.
Ce qu'il faut retenir du rapport Castonguay, c'est que les solutions existent. Il s'agit de faire preuve d'imagination et d'audace.
Mais, surtout, il importe d'être clair et ferme dans notre choix de développer le système de santé public du Québec et de cesser d'envoyer le message que le gouvernement tergiverse. C'est une question de leadership. C'est aussi une question de respect à l'endroit des malades et des milliers de travailleurs et de professionnels de tous les établissements de santé. Ce sont eux qui tiennent le réseau à bout de bras et c'est vers eux qu'il faudra se tourner pour en assurer la pérennité.
Être pour un système public de santé tout en rejetant le statu quo : c'est le choix que nous proposerons aux Québécois lorsqu'ils seront appelés à choisir leur prochain gouvernement. C'est là où loge le Parti Québécois.
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Bernard Drainville
Député de Marie-Victorin, Porte-parole du Parti québécois en matière de santé
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