C'est avec grande peine que nous avons appris le décès de Richard Le Hir, le matin du dimanche 4 novembre.
C'est un grand patriote qui s'en va malheureusement trop tôt !
Par ses prises de positions publiques, son érudition, ses articles, ses livres et son émission hebdomadaire, il a contribué à l'éveil politique de nombreux Québécois.
Mais, avant toute chose, nous nous souviendrons surtout de lui pour sa grande générosité et son immense courage face à l'adversité.
La famille souverainiste perd un grand combattant qui aura lutté jusqu'à la fin pour la cause nationale.
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Du Collège Stanislas à l'Assemblée nationale
Né a Versailles d'un père français et d'une mère québécoise, M. Le Hir grandit à Montréal. Il étudia au Collège Stanislas à Montréal, puis obtint un certificat d'études littéraires de l'Université de Paris, un diplôme d'études hispaniques de l'Université de Barcelone et une licence en droit de l'Université de Montréal. Il fut admis au Barreau du Québec en 1974.
Directeur des affaires publiques chez Esso, il fut également directeur de l'information à l'Institut national de productivité de 1978 à 1980 pour ensuite assurer la vice-présidence aux communications pour La Laurentienne mutuelle d'assurance-Québec et la Corporation du Groupe La Laurentienne de 1983 à 1985. Il fut ensuite directeur des affaires corporatives chez Texaco Canada de 1985 à 1987, puis président-directeur général de Multiscript international en 1987, consultant à la Société canadienne des postes en 1988 et en 1989 et président-directeur général de l'Association des manufacturiers du Québec de 1989 à 1994.
Élu député du Parti québécois dans Iberville en 1994 il sera nommé ministre délégué à la Restructuration dans le cabinet Parizeau du 26 septembre 1994 au 9 novembre 1995.
En tant que responsable des études économiques sur la souveraineté, il fut un témoin privilégié de la campagne référendaire de 1995 sur la souveraineté du Québec.
Suite au départ de M. Parizeau et à la victoire du NON, M. Le Hir démissionna du caucus du Parti québécois en décembre 1995 et siégea à titre de député indépendant jusqu'en 1998.
Poursuivant sa réflexion sur l'avenir du Québec suite à l'échec référendaire, il publia un premier livre : La prochaine étape, le défi de la légitimité (1997).
Il devint ensuite vice-président et chef de direction de VisualMED Clinical Systems de 1999 à 2001 puis président de la Fédération maritime du Canada en 2002 et en 2003.
L'ouvrage revient sur l'histoire des démarches constitutionnelles entamées par le Québec depuis 1980
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L'aventure Vigile
En 2010, il commença à collaborer activement au site souverainiste Vigile.quebec et devint rapidement un chroniqueur de premier plan.
Suite au décès du fondateur Bernard Frappier en 2012, il en prendra la direction.
À partir de cette date, il fut le visage public du site et s'imposa comme un éditorialiste politique de premier plan. Dans ses éditoriaux, il décortiqua les manœuvres des médias de masse liées aux réseaux d'argent œuvrant dans l'ombre contre les intérêts québécois.
En 2012, il publia le livre Desmarais, la Dépossession tranquille où il analysa l'empire financier de Paul Desmarais et de son influence sur la politique québécoise, canadienne et française.
En entrevue à la télé d'État canadienne
En 2013, il publia Charles Sirois, l'homme derrière François Legault, mettant à nu les liens entre le fondateur de la CAQ et le millionnaire.
La même année, il revient sur les pertes de 40 milliards de la Caisse de dépôt et placement du Québec qu'il attribua aux décisions alambiquées d'Henri-Paul Rousseau, lui-même lié aux réseaux de l'empire Desmarais et publia en 2014 un livre. Le sujet : Henri-Paul Rousseau, le siphonneur de la Caisse de dépôt.
Trois livres à lire pour comprendre les réseaux qui agissent dans les coulisses de la politique québécoise
Dès 2014, en plus de ses éditoriaux et de ses livres, il entreprit d'animer Point de bascule, une émission de web radio traitant de l'actualité nationale et internationale dans une optique souverainiste où se déployaient ses connaissances du Québec et de la géopolitique.
Sa réflexion l'amena à une remise en cause de la stratégie référendaire pour parvenir à l'indépendance du Québec et prit fait et cause pour la stratégie souverainiste de Daniel Johnson père.
Dans la suite de la motion contre le nationalisme ethnique qu'il fit adopter en 1997, Richard Le Hir prit position en faveur d'une défense franche de l'identité québécoise. Il dénonça la déconstruction de l'identité québécoise au profit d'une identité globalisée et la mise en marginalisation démographique des Québécois. Il défendit également le rôle de l'Église dans la construction du Québec et prit position en faveur du maintien du crucifix au Salon bleu de l'Assemblée nationale.
Une analyse de l'aspect économique de l'immigration massive
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Un grand patriote nous a quittés
Avec les années, M. Le Hir s'imposa comme un véritable inspecteur Maigret débusquant les manœuvres fédéralistes visant à spolier les Québécois et à enchaîner la nation dans le cadre fédéral. Les poursuites dont il fut l'objet prouvent à quel point il dérangeait une certaine élite liée à l'État profond canadien.
Il paya le prix de son engagement, lui qui quitta une carrière lucrative pour s'engager en politique au service de la nation à un moment crucial de son histoire. Alors qu'il occupa un poste hautement stratégique dans le contexte du référendum de 1995 : celui de rendre financièrement crédible l’éventuelle souveraineté du Québec, il devint la cible prioritaire du camp adverse dans une campagne référendaire où tous les coups étaient permis. Il sortira durement éprouvé de cette expérience.
Après ses brillantes études en droit, sa fructueuse carrière dans l'entreprise privée et son passage dans le cabinet Parizeau, M. Le Hir aurait très bien pu abandonner la cause nationale et se retrancher dans l'anonymat. Il décida plutôt de s'investir corps et âme - parfois au péril de sa santé physique et financière - dans la défense du Québec.
Son arrivée à Vigile fut sa façon de se reprendre la lutte pour la souveraineté du Québec, mais cette fois-ci plus près des patriotes de la base qui le reconnurent comme un des leurs. Ce second saut dans la politique fut sans doute une manière d'exorciser son passage ministériel qui lui a tant coûté. C'est auprès de ces militants du quotidien que M. Le Hir recevra une authentique reconnaissance comme défenseur de la nation.
Son courage et sa persévérance inspireront encore longtemps toute une génération de Québécois qui ont été intellectuellement nourris par ses connaissances, ses analyses et sa passion pour la cause souverainiste.
Merci M. Le Hir, pour tout ce que vous avez accompli.
Vous aurez marqué d'innombrables Québécois par votre générosité, votre courage et votre intelligence.
Que votre mémoire soit éternelle !
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6 commentaires
Frédéric Charest Répondre
7 novembre 2018Richard LeHir, une grandeur d'âme, un soucis d'exactitude et un sens de la Justice hors du commun à notre époque.
Son sens de l'humour en disait long sur la qualité de l'homme.
Point de bascule était en effet mon émission préférée. En duo avec Jean-Claude Pommerlaud, c'était une manifestation de l'alliance qui a donné naissance à une épopée tant célébrée et aujourd'hui à redécouvrir et à réengendrer.
Merci à Richard et à sa grande famille pour de grand moments!
Marc Labelle Répondre
7 novembre 2018Monsieur Richard Le Hir fut un homme cultivé qui apportait un éclairage intéressant sur la question nationale, notamment les plans identitaire et économique, ainsi que sur la politique internationale. Sa contribution à l’affranchissement du peuple français d’ici demeurera fortifiante.
Marc Labelle
Jean-Claude Pomerleau Répondre
7 novembre 2018Jean Claude Pomerleau
Jean-Luc Gouin Répondre
7 novembre 2018Un dernier Au revoir à vous, monsieur Le Hir.
Et mes plus vives sympathies à vos deux enfants, certainement ébranlés par cette fin soudaine, inattendue, imprévisible.
Fin que que j'espère de toute mon énergie ne pas avoir été démesurément souffrante, ces trente-six heures durant -- période d'attente, cruauté de la vie, entre la paralysie, subite, et la prise en charge effective par les services de santé.
Et quel moment éprouvant pour monsieur Pomerleau...
Le Québec perd l'un de ses chevaliers de la Liberté.
Déjà trop peu nombreux, en notre temps, en regard à ses détracteurs de tout acabit.
Et monsieur Bernard Landry - véritable icône du Pays-à-faire - qui le rejoint moins de 48 heures plus tard...
C'est beaucoup pour mon vieux coeur vieillissant.
À certaines gens, il devrait être interdit de mourir...
Jean-Luc Gouin
Marie-Hélène Morot-Sir Répondre
7 novembre 2018J'apprends seulement aujourd'hui, avec une infinie tristesse, le départ de Richard le Hir, Il va nous manquer !
Il avait tenu bien allumé le phare de Vigile après le décés de Bernard Frappier qui nous avait tous laissé désorientés, et maintenant c'est à son tour de nous quitter !
Sa grande expérience, ses nombreux textes et ses mille et un articles ainsi que ses précieuses vidéos sont une mine d'infomations qui continueront à guider et à soutenir tous les Vigiliens.
Gilles Verrier Répondre
6 novembre 2018Mes premiers mots vont à sa famille, ses enfants et les proches éprouvés, à qui j'offre mes sympathies.
J'ai rencontré Richard Le Hir pour la première fois aux funérailles de Bernard Frappier, fondateur de Vigile, et voici qu'il nous quitte à son tour.
Je viens de parcourir une partie des articles qu'il nous a laissés dans la banque de données de Vigile. Pour moi, je tiens comme une part de son héritage l'éditorial de décembre 2017 dans lequel il écrivait :
Les circonstances ne se prêtent guère à la polémique, mais la « question existentielle » que posait Richard Le Hir il y a moins d'un an, forcent à se demander si la convocation de nouveaux états généraux ne serait pas le préalable à toute nouvelle initiative nationale, y compris la formation d'une constituante.